
Auteur prolifique, Philippe Besson demeure pourtant étrangement peu adapté au cinéma mais cette année Olivier Peyon (Tokyo Shaking) a transposé à l’écran son best-seller, joliment intitulé Arrête avec tes mensonges et désormais disponible en DVD chez Blaq Out.

Le film en soi n’est guère surprenant, déroulant un récit attendu tel que la bande-annonce le vendait. Soit l’histoire de Stéphane Belcourt, écrivain revenant dans sa ville natale pour la première fois depuis son départ ; l’occasion pour lui de se souvenir de son premier amour envers Thomas dont il ne s’est jamais vraiment remis, leur relation dissimulée lorsqu’ils étaient au lycée s’étant achevée par le départ de Thomas en Espagne sans qu’il ne donne jamais de nouvelles. Stéphane se voit encore plus bouleversé lorsqu’il rencontre Lucas, le fils de Thomas récemment décédé. Autour de la figure de Thomas, les deux hommes vont peu à peu partager leurs souvenirs et panser les blessures du passé.
Un programme attendrissant mais tout à fait prévisible auquel la mise en scène manque de donner du relief, se reposant beaucoup sur des moments de mélo faciles en faisant surgir la musique qui convient au bon moment (qui est très belle, cela dit). Les artifices sont voyants, si ce n’est grossiers et pourtant… Et pourtant Arrête avec tes mensonges fonctionne, parvenant à toucher en plein cœur. D’une part parce que l’universalité des thèmes qu’il aborde en font une œuvre à laquelle on s’attache facilement et parce qu’il faut reconnaître à Olivier Peyon la sincérité de sa démarche, le cinéaste prenant le soin de bien broder sa narration (alternant entre passé et présent) pour donner une certaine ampleur émotionnelle au récit.

Les cœurs de pierre et les cyniques pourront donc railler des ficelles vues mille fois auparavant, il faudrait tout de même être insensible à l’émotion qui se dégage du film. La réussite de l’entreprise tient en grande partie sur la belle implication du casting, en particulier un Guillaume de Tonquédec habité par un rôle lui allant comme un gant, laissant apparaître derrière l’écrivain les fêlures de l’adolescent qu’il était (plusieurs gros plans sur lui sont saisissants). Victor Belmondo, Jérémy Gillet et Julien de Saint-Jean (depuis vu dans Le Paradis) ne sont pas en reste, héritant de partitions difficiles dont ils se sortent avec les honneurs, ne faisant jamais basculer le film vers une mièvrerie qui guette pourtant à tout moment. Arrête avec tes mensonges est donc, grâce à sa sincérité et malgré ses grosses ficelles, un beau petit film. C’est peut-être facile mais c’est quelque chose que l’on ne se refuse pas.

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