
Pour sa troisième saison, The Witcher a deux nouvelles, l’une bonne et l’une mauvaise. La bonne ? La série commence enfin à se réveiller et à raccrocher les wagons avec l’intrigue des livres au moment où celle-ci décolle et prend une nouvelle ampleur. La mauvaise ? Henry Cavill, grand fan de l’univers créé par Andrzej Sapkowski, ne serait pas satisfait de l’écriture de la série qui manquerait de nuances et a donc décidé de quitter la série au terme de cette saison pour être remplacé par Liam Hemsworth (on cherche encore à comprendre ce choix). Il est donc fortement dommage que Cavill, qui a été depuis le début le grand atout de la série par son investissement et son charisme, s’en aille alors que celle-ci est sur une nette évolution.

Il faut tout de même nuancer notre propos puisque tout en s’améliorant, The Witcher reste bardée de défauts, à commencer par une direction artistique et une réalisation souvent fades, oscillant dans plusieurs nuances de gris, ne parvenant jamais à réellement rendre justice à un univers pourtant riche et complexe. Le monde de Sapkowski se distingue par sa complexité et par son absence de tout manichéisme mais la série fait souvent le choix de la simplicité en ce qui concerne la psychologie de ses personnages tout en multipliant les choix de casting parfois hasardeux sur des personnages pourtant importants (Rience et Vilgefortz méritaient mieux) même si Graham McTavish, Cassie Clare (parfaite en Philippa Eilhart) ou encore Meng’er Zhang dans le rôle important de Milva se montrent pour l’instant à la hauteur. Cavill lui-même semble plus absent durant la saison, visiblement fatigué d’être là et loin d’être toujours à la hauteur alors que la narration se resserre enfin autour du trio principal composé de Geralt, Ciri et Yennefer.
Cela n’empêche pas cette saison d’avoir d’immenses coups de mou (les épisodes 2 et 7, interminables) mais les efforts de la narration pour enfin se fixer une ligne claire et démêler de façon plus limpide le sac de nœuds politique de l’intrigue (occupant une bonne partie des romans) en font un moment plus agréable que les précédentes. Il faut surtout saluer le travail ayant été effectué sur les épisodes 5 et 6 (ce dernier étant le meilleur de la série, avec enfin une réalisation à la hauteur des enjeux) qui racontent le soulèvement de Thanedd, un événement clé dans les livres, celui qui lance pour de bon la machine et fait passer la saga à un niveau supérieur. Visiblement consciente qu’il fallait être à la hauteur, l’équipe créative semble s’être enfin réveillée et donne une belle ampleur à ce qui constitue pour le moment le sommet de la série. Et si l’on est encore loin de la splendeur des grands épisodes épiques de Game of Thrones, force est de reconnaître que la qualité indéniable de ce double épisode a de quoi rassurer pour la suite, promettant d’être plus épique encore.

On ne peut donc que regretter le départ d’Henry Cavill, qui se fait d’ailleurs au terme d’un épisode 8 posant gentiment ses pions pour la suite et qui laisse songeur. Voir notre Geralt favori se faire remplacer alors que The Witcher semble avoir trouvé un nouvel équilibre est peut-être le coup de trop pour la série et l’on en vient à espérer que Liam Hemsworth soit à la hauteur et que l’écriture poursuivre sur cette rigueur d’adaptation afin de faire de la saison 4 une surprise inattendue. Nous avons bien sûr un avis totalement biaisé tant nous aimons les livres et le jeu vidéo The Witcher 3 (qui nous aura fait traverser les dures épreuves du confinement en 2020) mais nous pouvons toujours espérer un miracle, il paraît qu’ils arrivent, de temps en temps…
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