
Le flou s’emmêle avec la poussière dans l’ouverture de The Salvation. Dans ce film réalisé par le danois Kristian Levring, on pénètre des contrées connues. Le soleil de plomb éblouit les yeux sous le soleil pesant de l’Ouest, les formes s’éclaircissant avec la disparition du générique. Mads Mikkelsen apparaît sur le quai d’une gare. Sa famille le rejoint après sept ans de séparation, l’appel du rêve américain l’ayant fait quitter les contrées nordiques du Danemark pour les grands espaces de l’ouest.
The Salvation s’ouvre sur une note euphorique de bonheur, rare dans la mythologie du genre, une chose rare qui ne durera point. Car cette famille danoise ne connaîtra jamais le bonheur d’être ensemble et de fouler plus que mesure les grands espaces sableux. Pris en grippe par deux bandits dans la diligence les ramenant vers leur nouvelle maison, le fils de Jon se fera tué et sa femme violée puis assassinée. Dans la furie de la vengeance, Jon élimine les deux comparses ne sachant point la guerre qu’il vient de déclencher.

Aussi original que cela puisse paraître, The Salvation est un western danois qui s’évertue à retranscrire tous les codes du genre d’une façon magistrale. La violence et la vengeance seront le leitmotiv à un déferlement de gunfight bruissant l’air de ce long-métrage transpirant toute la cupidité de l’obscur ouest américain.
Par sa simplicité et son efficacité, The Salvation s’éloigne du cinéma classique de John Ford ou de la majestuosité de Sergio Leone. Avec ce long-métrage de Kristian Levrig, il faut se rabattre sur le cinéma populaire italien des années 60/70. Sergio Corbucci, Alberto Cardone ou Massimo Dallamano planent sur le travail aride de Kristian Levrig. Le silence plane, les balles sifflent, le vent enveloppe les morts à la pelle dans cette quête rédemptrice d’un homme, un père de famille qui franchira le côté obscur et perdra toute illusion d’une terre si vaste.

The Salvation est un western européen classique, mais efficace affichant une galerie de gueules incroyables. Presque logiquement, Mads Mikkelsen est Jon, homme fier d’avoir bâti une vie, un rêve tournant immédiatement au cauchemar. Dans ce cauchemar, il affrontera Jeffrey Dean Morgan, un diable patibulaire froid et visionnaire. Car dans ce carnage, c’est l’appel de l’or noir qui guidera sa cupidité à assouvir le territoire créé par le metteur en scène danois.
Tel un fantôme mutique, « Princesse » (Madeleine) ère dans cet affrontement. Interprétée par Eva Green, l’actrice démontre tout son charisme et sa présence par son regard bleu verdâtre. D’une beauté incommensurable, elle sera cette icône muette, un véritable air froid parcourant le dos s’aggrippant à votre gorge pour ne plus vous lâcher. Entre peur et excitation, elle sera cet ange déchu par le destin et sa violence, son mutisme étant l’artifice crucial d’un déchaînement d’une force faisant de cette femme l’une des plus charismatiques actrices modernes.

The Salvation est le western manquant d’un cinéma moderne pleurant son décharnement depuis l’Impitoyable de Clint Eastwood. Kristian Levrig arrive à brosser un film sans concessions, tirant son efficacité par la justesse constante de son savoir antérieure au genre et l’âpreté de son écriture, le réalisateur ficelant une rédemption sans commune mesure et l’établi de personnages durs et censés. On tient ici une nouvelle oeuvre référence du mythe western et le film est disponible sur la plateforme de Screaming Shadowz !
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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.
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