The Evil Within : Just don’t fall asleep !

Il y a des films qui s’apprécient encore mieux en étant pleinement conscient des coulisses de sa conception. Plutôt que de paraphraser bêtement, nous nous contenterons de vous citer comment le film est vendu par nos confrères de chez Shadowz : « Début des années 2000, Andrew Getty, un héritier de l’entreprise pétrolière Getty Oil, décide de réaliser un film d’horreur sur les terreurs nocturnes et les hallucinations, celles-là même qu’il subit quotidiennement à cause de sa consommation addictive de méthamphétamine. Dix ans et des millions de dollars plus tard, le projet stagne, la faute à un réalisateur inexpérimenté, irascible et très peu présent. Andrew Getty sera retrouvé mort à l’âge de 47 ans en 2015 à la suite d’une overdose, laissant derrière lui une œuvre inachevée. Son producteur finira le film qui verra le jour en 2017 après 15 ans de galères. » Maintenant que l’ambiance est posée, parlons un peu de The Evil Within.

Un garçon solitaire et handicapé mental se lie d’amitié avec son reflet dans un miroir antique. Cette créature démoniaque lui ordonne de se livrer à un déchaînement meurtrier afin de tuer les personnes qu’il aime le plus.

Dire que The Evil Within est un film exigeant serait un pléonasme. Seul et unique film de son réalisateur, on ne sait pas vraiment à qui revient telle ou telle séquence. Pour autant, The Evil Within est un film emplit de belles ambitions. Tout d’abord visuellement. L’ouverture donne le ton. Le film nous invite au cœur d’un cauchemar qui ne va jamais aller en s’améliorant. En l’espace de quelques minutes, The Evil Within parvient à instaurer un climat oppressant tout en ayant parfaitement conscience de ce qu’il cherche à titiller chez son spectateur. Par le biais de cadrages simples et de dialogues ciselés, le film retranscrit fidèlement la tétanie qui nous emporte dès lors que nous avons l’impression d’être piégé dans un cauchemar. Le malaise est pratiquement palpable, nous savons que nous n’allons pas passer un moment fun. Le souci du réalisme va jusque l’incursion des éléments fantastiques que Andrew Getty apporte. Il ne cherche pas des effets gores, le film est même tout l’inverse du projet comptant sur ses scènes sanglantes. Comme pour un véritable cauchemar, le protagoniste du film, Dennis, est conscient qu’il rêve, mais ne peut pas échapper aux illusions auxquelles il est en proie. Des bouches remplacent les globes oculaires, des individus se désarticulent pour ramper comme des araignées, on lui greffe une fermeture éclair sur la colonne vertébrale afin que le croque-mitaine parvienne à se glisser dans sa peau…bref, c’est une orgie d’effets pratiques qui incrusteront vos rétines durant un bon moment. Une fois encore, on ne connaît pas la part de responsabilité revenant à Andrew Getty ou a son producteur, mais on ne peut indéniablement pas renier l’univers visuel riche et malsain déployé ici. The Evil Within est cauchemar éveillé dont on ne sort pas indemne.

S’il fait le job visuellement, le film doit énormément à Frederick Koehler. L’acteur, âgé de 35 ans au moment du début du tournage, compose un personnage d’une authenticité rare. Aussi à l’aise pour jouer le machiavélisme que pour se mouvoir dans la peau d’un handicapé mental, il bluffe par autant de réalisme. Pour sûr que le film tient quasiment entièrement sur ses épaules. Il n’est jamais dans le surjeu, ce qui est important pour le souligner. Il serait tellement facile de tomber dans la caricature de pacotille afin d’amadouer le tout venant. Que nenni ici, Koehler possède une maîtrise totale autant de sa gestuelle que de sa diction. Il parvient jusqu’à changer le ton de sa voix selon la facette du personnage qu’il interprète. Un regard, une position de main, une posture particulière…il ne lui faut pas grand chose pour réussir à nous faire comprendre à qui nous avons affaire. Ainsi, l’excellente prestation de Frederick Koehler nous aide à oublier certains problèmes de rythme et certaines séquences superflues qui ralentissent quelque peu l’avancée de l’intrigue. D’autant que l’épilogue se montre à la hauteur de nos attentes. S’il semble se perdre dans la fin de son second acte, The Evil Within rebat toutes les cartes un poil maladroitement, mais de manière explosive pour un ultime spectacle cauchemardesque qui ne vous décevra pas.

Il est difficile de s’étendre plus en détails sur The Evil Within tant c’est un film qui demande une réception totale de la part de son spectateur. Il restera l’unique film de son réalisateur, une thérapie inachevée, une plongée dans les limbes d’un esprit malade et qui n’a pas réussi à exorciser ses démons à temps. Quoi qu’il en soit, The Evil Within peut se targuer de ne ressembler à presque aucun autre projet tant son ambiance poisseuse lui est véritablement propre. Le film fait éclore également un sérieux talent en la personne de Frederick Koehler qui, au regard des autres films dans lesquels il a tourné, trouve probablement LE rôle de sa vie. Encore une curiosité qui mérite amplement son label Shadowz et que nous vous conseillons de découvrir vivement.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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