Choeur de Rockers : Come on, let’s twist again !

S’il est reconnu que la musique adoucit les mœurs, il n’y a également pas d’âge pour s’amuser. C’est en tout cas avec ce credo et l’envie de partager leur culture rock que s’est montée la chorale dunkerquoise Salt & Pepper en 2010. Ce qui n’était qu’un passe-temps plaisant est très vite devenu un association à part entière avec, depuis, un album enregistré et une multitude de concerts donnés. Cette chorale, composée exclusivement de seniors, reprend tous les standards du rock des années 60 à aujourd’hui. Avec une histoire aussi flamboyante, il était difficile ne pas la raconter au sein d’un film. Et c’est dans l’optique de rendre hommage à cette incroyable chorale que Luc Bricault et Ida Techer en ont fait le sujet de leur premier film en tant que réalisateurs.

A Dunkerque, Alex est la chanteuse d’un groupe de rock qui se produit dans les bars et boîtes de la ville. Divorcée et mère de deux enfants, elle peine à subvenir à ses besoins. Un jour, son amie Élodie lui offre un drôle de job : faire chanter des comptines à une chorale de retraités. Elle découvre un groupe de seniors ingérables qui ne rêve que d’une chose : chanter du rock.

Le genre du film musical a cette particularité de savoir pertinemment jouer sur la corde sensible des spectateurs qu’il croise. Quand on se lance dans Chœur de Rockers, nous savons que nous n’aurons pas affaire à un scénario extrêmement trituré. Nous sommes là pour danser sur notre siège au rythme des morceaux proposés par le film. A partir du moment où l’on accepte la proposition, comment se positionner en tant que critique ? On ne peut délibérément pas reprocher au film de ne pas être original, puisque nous savons ce que nous venons chercher. Ainsi, l’idée de nous retrouver devant un film doudou, une petite friandise sucrée, ne nous a pas déplu le moins du monde. Grâce à l’énergie communicative de ses comédiens et l’appui des morceaux choisis, le moment fut des plus agréables. Bien sûr, les stars du film sont les choristes et le choix des comédiens fait diablement mouche. Quel bonheur de retrouver la grande Andréa Ferréol en roue-libre. L’actrice pétille de joie de vivre. Son rôle est à son image : solaire, excentrique et blagueuse. Elle défend ardemment la musique de David Bowie et saura autant faire rire avec ce dernier qu’émouvoir. Sans vous en dévoiler d’avantage, préparez les mouchoirs lorsque commence à résonner les premières notes de Space Oddity, Chœur de Rockers vous prépare une séquence émotive de toute beauté, et avec une sobriété monstrueuse. Parce que la clé de la réussite du film réside bien en cette simplicité. Chœur de Rockers n’a pas vocation à vouloir en mettre plein la vue ou les oreilles à son auditoire. Il se tient une ligne de conduite simple et évocatrice, en plein cœur de l’actualité qui plus est, qui est le devenir des personnes âgées. Le film met en relation un groupe de seniors avec les hautes institutions, celles qui décident de leur sort, celles qui les traitent comme de vulgaires meubles. Non pas que le procédé du film soit extraordinaire à nous faire comprendre combien certaines personnes vulnérables se retrouvent malmenées par ces gens, mais toutefois cela fait du bien de rappeler que tout n’est pas rose dans le monde de nos aînés.

Si le fond est simple et concis, la forme laisse franchement à désirer. D’un point de vue strictement technique, Chœur de Rockers est immonde à regarder. On nous avouerait que la photographie a été confiée à une personne non-voyante qu’on ne peinerait pas à le croire. Le film est perpétuellement surexposé dans ses scènes de jour, c’est une abomination tant la moitié des cadres sont tout simplement cramés. Et quand il s’agit de tourner avec de la lumière artificielle, ce n’est guère mieux. Un flou occupe la totalité de l’écran. Mais que faisait donc le chef opérateur pour ne pas remarquer que son rendu était lamentable ? Nous avons d’abord cru à un problème de réglage de notre écran. Puis nous avons essayé le DVD dans diverses platines et sur trois écrans différents, le résultat était toujours le même : irregardable. L’étalonnage monstrueux du film le dessert au plus haut point. Ceci explique probablement la raison de son unique exploitation en DVD dans nos bacs (même si l’on a parfaitement conscience qu’il n’y a pas que cet aspect en jeu). Il ne s’agit pas d’un confort de rétine ou d’un caprice pour nous qui sommes des inconditionnels du blu-ray et blu-ray UHD. Certains DVD actuels font très bien le job. Il y a vraiment un sérieux problème sur la photo de Chœur de Rockers. Ce n’est peut-être qu’un détail pour vous…mais pour nous ça veut dire beaucoup (quitte à conclure notre plaidoyer en chanson).

Chœur de Rockers possède tout ce que l’on attend d’un feel-good movie réussi : des comédiens qui se la donne et des musiques entraînantes. Nous retiendrons surtout un parcours de vie extraordinaire pour cette chorale atypique et une vraie leçon d’humilité et de joie de vivre. Nous ne reviendrons pas sur la photographie exécrable du film, elle n’engage que notre regard subjectif. Ceci étant, laissez-vous tenter par Chœur de Rocker, vous risqueriez d’y succomber avec entrain.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*