
Tiens, cela faisait un moment que nous n’avions pas fait un édito en forme de coup de gueule ! Qu’est-ce qui ne va pas me direz-vous ? Et bien tout, surtout quand on regarde les informations en ce moment et que l’on constate combien notre monde va mal. Mais vous ne venez pas nous lire pour entendre parler de politique et nous ne sommes pas là pour refaire le monde (quoique l’art permet de le réinventer) mais simplement pour effectuer une constatation pas nouvelle mais qui continue à nous frapper dans le cinéma hollywoodien.
En effet, en parlant avec plusieurs amis cinéphiles, j’ai constaté que la première remarque qui concernait Indiana Jones et le cadran de la destinée pouvait grossièrement se résumer à ça : ‘’ce n’est pas incroyable, il n’y a rien de fou mais au moins ce n’est pas totalement mauvais et ça divertit.’’ Alors oui mais c’est une occurrence de plus en plus fréquente quand on regarde les films hollywoodiens. Puisque nous sommes désormais habitués à une certaine médiocrité (Star Wars épisode IX, Jurassic World 3, The Flash), quand un film sort et qu’il n’est pas totalement mauvais mais juste fadasse et plutôt divertissant, nous sommes heureux. Alors qu’il est grand temps d’arrêter de se contenter de ce qui devient générique dans la plupart des blockbusters récents : ranimer la fibre nostalgique, ressortir du placard des personnages qui ne demandaient qu’à rester tranquilles, se reposer sur les mêmes artifices qu’il y a quarante ans, ne pas surprendre, rester dans sa zone de confort et noyer tout ça dans des effets numériques parfaitement immondes. On le sait depuis les divers témoignages d’artistes issus des effets spéciaux : ils sont devenus la dernière roue du carrosse, ceux que l’on presse de finaliser leurs effets pour respecter une date de sortie fixée plusieurs années en avance, que l’on paie mal et qui n’ont d’autre choix, pour respecter les délais, de bâcler leur boulot. Résultat : des films à plus de 200 millions de dollars sont laids et cela devient une fâcheuse habitude, surtout chez Marvel et Disney (seule exception récente, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3).
Si l’on ajoute à ça l’utilisation systématique des mêmes ficelles scénaristiques consistant à ne jamais prendre de risques et à pratiquer le recyclage (à ce niveau-là, c’est certainement le cinéma hollywoodien le plus écolo), on ne peut que s’inquiéter de la tendance qui commence tout de même à montrer de sérieux signes d’essoufflements. Ce n’est pas pour rien qu’actuellement le film qui fonctionne le mieux au box-office en dépit de s’inscrire dans un registre ultra-balisé est Spider-Man : Across the Spider-Verse : il s’agit d’une merveille à tous les plans, aussi bien visuels que narratifs dont on n’a pas fini de décortiquer la splendeur. Espérons que le mois de juillet, avec des blockbusters tels que Mission : Impossible 7, Oppenheimer et Barbie se montre plus satisfaisant, plus généreux et plus inventif. Dire que nous attendons beaucoup de ces trois films serait un sacré euphémisme…
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