
Le cinéma d’horreur représente une part importante du 7ème art et a évolué à travers la naissance d’une multitude de sous-genres. Dire qu’il est difficile pour les films d’horreur de se réinventer serait mentir, puisque nous avons régulièrement des exemples de films et d’auteurs qui prouvent le contraire (notamment Ari Aster et Mike Flanagan, pour ne citer qu’eux). Ce vendredi 23 juin, la plateforme Shadowz ajoute à son catalogue les films Sinister et Sinister 2. Le premier volet correspond à ces petits films horrifiques que l’on oublie peut-être un peu vite alors qu’ils sont de vrais exemples de créativité.
Sinister est réalisé par Scott Derrickson et nous raconte l’histoire d’Ellison (Ethan Hawke), un écrivain qui doit son succès à la publication de livres d’investigation à propos d’enquêtes jamais résolues. Accompagné de sa famille, il déménage dans une bourgade tranquille afin d’enquêter sur une nouvelle affaire de meurtre non résolu, sujet de son prochain livre. Il découvre en emménageant ce qui va devenir le principal matériau de son travail d’investigation, mais aussi son pire cauchemar : des vidéos en super 8 de différents meurtres, dont celui commis dans sa nouvelle maison.

Le film propose une première approche originale de l’enquête policière remaniée à la sauce horrifique, en huis-clos, qui plus est. En effet, le spectateur est confiné avec Ellison dans cette maison, oppressé par le poids de l’énigme que l’écrivain tente de résoudre. Ajoutons à cette première dimension, l’importance narrative et symbolique des vidéos. Le réalisateur va construire une réelle obsession fétichiste liée à la pellicule et à tout ce qui en découle : le projecteur, le mini-banc de montage, le drap blanc servant d’écran… Le personnage d’Ellison recrée malgré lui une salle de cinéma dans son bureau, dans le but malsain de visionner ces home movies morbides.
Bien évidemment, même s’il fait appel à certains éléments originaux qui le font sortir du lot, Sinister reprend néanmoins une forme et des ressorts canoniques du cinéma d’horreur. Des scènes nocturnes glaçantes passées à arpenter les couloirs de la maison, quelques jump scares bien placés constituent les ingrédients nécessaires à l’étiquette du film. Malgré le respect de ces conventions qui pourrait de prime abord le desservir, le film tient justement sa singularité dans son aspect transgenre. En effet, le genre de l’horreur s’est matérialisé et transformé dans de multiples sous-genres toujours plus nombreux et spécifiques. Scott Derrickson utilise la situation initiale de son film pour inscrire son récit dans un parfait mélange de ces sous-genres. La forme du huis-clos, en fait un film de maison hantée, mais c’est également une enquête criminelle, qui fait appel aux codes du paranormal, du film de found footage et des films de possession. Sinister va même, si l’on pousse un peu l’analyse, effleurer le slasher et les films de tueurs en série. Il s’agit d’un travail qui va au-delà de l’amalgame de multiples influences. Sinister rend limpide la possibilité d’être à la croisée des sous-genres et de ne pas se cantonner uniquement à une recette facile dictée par les conventions.

Cette intelligente diversité d’atmosphères va également être incarnée parfaitement par Ethan Hawke, qui va tour à tour revêtir la casquette de l’écrivain obsédé par son heure de gloire, de père préoccupé par ce qu’il inflige à sa famille et d’enquêteur tenace. En étant tous ces personnages à la fois, Ethan Hawke contribue aussi à sortir le film des étiquettes et proposer une vraie complexité de personnage qui fait parfois défaut au genre et que l’on utilise comme argument en sa défaveur. Ajoutons que toutes ces recherches créatives sont orchestrées de façon subtile et très sobre. En regardant Sinister, vous allez bien sûr vous divertir, mais vous n’allez pas être subjugués par une révolution cinématographique jamais vue auparavant. Pourtant, malgré cette sobriété de fabrication, le film n’en demeure pas moins intéressant pour le traitement transgenre de son sujet.
C’est une authentique proposition de cinéma que de réaliser un film audacieux et inventif sans pour autant fabriquer une mise en scène pompeuse où chaque plan prétend être révolutionnaire. L’évolution créative d’un genre, et particulièrement d’un genre majeur comme celui de l’horreur est marquée par des chefs-d’œuvre intemporels que tout le monde peut citer, mais aussi par des petits phénomènes comme Sinister. Il ne fait aucun doute que le film de Derrickson influencera discrètement un prochain grand classique.
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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.
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