Mutant : Carnage au pays des rednecks

Vous le savez désormais, nous sommes de très grands nostalgiques. Qu’elle nous semble radieuse cette époque où nous attendions patiemment le week-end afin de nous ruer au vidéo-club pour y dénicher les dernières pépites du rayon horreur… En matière de bisseries excentriques et/ou irrévérencieuses, nous en avons vu à foison. Il y a les petites perles qui sont devenues des incontournables de notre cinéphilie et il y a les séances douloureuses qui nous ont fait souffrir à cause, bien souvent, d’une jaquette aguicheuse. Et puis il y a la troisième catégorie, celle des films qui n’étaient jamais disponibles ou de ceux que nous remettions à la semaine suivante, car toujours trouvables en rayon, mais que nous n’avons jamais pris le temps de louer. Notre film du jour concourt clairement dans cette catégorie. Fort heureusement qu’il y a des éditeurs comme Rimini Éditions qui exhument ces doux souvenirs et nous permettent d’enfin pouvoir poser des images sur des jaquettes qui nous ont fait de l’œil durant une bonne partie de notre enfance. Dernier arrivé de la collection Angoisses de chez Rimini, Mutant de John « Bud » Cardos est un film que l’on pourrait considérer comme mineur, mais qui demeure comme un indispensable de son réalisateur. Est-ce que nos attentes ont été à la hauteur de nos espérances d’enfant ? Réponse à suivre…

Deux frères, Josh et Mike, partent en vacances dans une petite ville texane, et constatent que beaucoup des habitants sont morts ou absents. Quand Mike vient à disparaître, Josh fait équipe avec le shérif local et une institutrice pour le retrouver. Ils découvrent que les habitants ont été infectés par des déchets toxiques qui les ont tous transformés en créatures à la recherche de sang humain.

On ne va pas se mentir, la nostalgie qui nous habite joue énormément sur l’appréciation que nous avons eu de Mutant. Non content de nous livrer une copie absolument superbe, Rimini ressuscite un petit bijou de série B comme nous adorions les manger à la pelle. La restauration est de toute beauté, l’image saute aux yeux par tant de propreté. En faisant fi des coupes mulet, on peinerait à croire que le film est sorti en 1984 tant le blu-ray rend justice au film. Rien que de ce point de vue, Rimini remplit parfaitement sa mission. Il ne s’agit pas que d’exhumer une bisserie oubliée, il s’agit de la bichonner. Ainsi, les aficionados pourront se congratuler d’apprécier un de leur film fétiche sous une peau neuve quand les plus réfractaires au genre sauront faire l’effort d’apprécier le travail d’artisan. Car, oui, Mutant est la signification même de ce qu’on appelle « le travail d’artisan ». Le réalisateur pâlit à son petit budget par un choix de cadres malicieux et temporise ses effets en nous faisant ardemment patienter jusqu’à son déluge de monstres en épilogue. Mutant ne s’enquiquine pas à essayer de chercher de multiples raisons pour exister. Il se fixe quelques lois, simples, et s’y tient jusqu’au bout. Nul besoin de s’embourber dans des explications de pacotille. Les gens se transforment suite à une infection et répondent à plusieurs règles. Les créatures s’apparentent à des zombies, mais elles sont bien plus complexes qu’il n’y paraît. On retrouvera des codes vampiriques pour en venir à bout, et la transmission du virus tient plus de la contagion sauce Rage de David Cronenberg que de La Nuit des Morts-Vivants Il y a, également, un soupçon de Stephen King dans l’air. L’idée de cloîtrer l’action au cœur d’une petite bourgade isolée dans laquelle tout le monde se connaît est l’une des fondations des histoires du maître de l’horreur. Comme souvent, il y a un personnage extérieur qui va se retrouver confronté à des événements surnaturels et qui va devoir s’allier avec la population locale afin de combattre un mal que cette dernière feignait d’ignorer. Oui, Mutant répond à tous nos critères de bisseux, et c’est un vrai délice.

Bien sûr, il s’agit de savoir fermer les yeux et de se laisser aller afin d’apprécier pleinement la proposition. Dans les faits, ce n’est pas forcément bien joué (mis à part Bo Hopkins, éternel second couteau de Sam Peckinpah, qui surnage au-dessus de la mêlée), les maquillages des monstres tiennent plus de l’abus de fond de teint que d’un vrai parti-pris esthétique et les dialogues ne volent pas toujours très haut. A ces détracteurs, nous leur conseillerons de bien vouloir changer d’écurie, ici nous défendons la série B coûte que coûte. Quand bien même les maquillages se révèlent décevants, notons tout de même certains effets pratiques qui font encore mouche, notamment lors de la mutation des corps avec diverses pustules en ébullition. Il y l’idée d’une chair en pleine putréfaction accélérée qui offre un certain cachet au film. Et puis, Mutant est un film qui ose braver certains tabous. A l’instar du remake du Blob quelques années plus tard, Mutant n’hésite pas à malmener plusieurs enfants, et pas de la plus belle des manières. L’idée que le virus ne rend personne invulnérable offre une vraie situation d’urgence aux séquences horrifiques. Mutant n’excelle pas dans la générosité d’hémoglobine (c’est même très timide à ce niveau), mais il parvient à distiller un vrai souffle épique à sa mise en scène. Les héros sont en alerte permanente et nous ne voyons pas les minutes défiler, preuve d’un divertissement réussi.

Nous ne nous pencherons pas d’avantage sur Mutant. Non pas qu’il n’y ait pas grand-chose à dire, mais simplement parce que le film est à l’image des meilleures productions de l’époque, à savoir un honnête travail d’artisan. Mutant est un parfait produit de consommation de drive-in. Un titre qui mérite amplement sa place au sein de la collection Angoisses de chez Rimini.

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