
Lorsqu’il s’agit de cinéma de genre, il nous est parfois très difficile de mettre la main sur des films qui viennent d’autres contrées que l’Europe ou les États-Unis. Bien évidemment, il y a toujours quelques exceptions qui sortent parfois du lot afin de nous faire mentir, mais globalement l’offre reste assez pauvre afin d’étancher facilement notre soif. Nous ne sommes pas ici pour faire l’apologie de l’acquisition de certaines œuvres par le biais de ce fameux cousin que nous possédons tous à l’étranger, mais il faut tout de même avouer qu’il demeure souvent notre seule alternative afin de nous ouvrir à d’autres cultures cinématographiques. Fort heureusement, chez Shadowz il y a une équipe qui possède des cousins extrêmement efficaces et qui nous permettent de satisfaire pleinement notre curiosité. Dernier arrivé sur la plateforme : le remake d’un film culte en Indonésie, La Reine de la Magie Noire. Réalisé par Kimo Stamboel (l’une des têtes du duo The Mo Brothers a qui l’on doit les excellents Macabre et Killer), La Reine de la Magie Noire est un film qui ravira autant les amateurs de films de sorcellerie que les fans de torture porn et autres body horror. A la croisée des chemins entre Suspiria, Evil Dead et Saw, il n’en fallait pas moins pour que nous en décousions avec lui.

Hanif, Anton et Jefri, trois amis d’enfance, décident de faire visiter à leurs familles respectives l’orphelinat dans lequel ils ont grandi. Mais, à la nuit tombée, ils sont attaqués par des forces occultes qui maîtrisent une magie noire très puissante. La reine de la magie noire, née des péchés des orphelins, veut leur mort et elle fera tout son possible pour arriver à ses fins.
Nous tenons d’emblée à rassurer les spectateurs réfractaires à un cinéma différent de celui qu’ils ont l’habitude de côtoyer : La Reine de la Magie Noire ne vous perdra absolument jamais. Mis à part les prénoms des personnages que vous n’aurez pas l’habitude d’entendre, le film de Kimo Stramboel a pour atout majeur d’être compréhensible par n’importe qui issu de n’importe quelle culture. Assurant à son film un rythme ravageur, il ne s’embourbe pas dans un conglomérat de pistes aussi foireuses les unes que les autres. Il s’agit d’un film sur une sorcière, ni plus ni moins. A partir de ce point de départ, le réalisateur englobe une multitude de références afin de nourrir son bébé. Il y a, bien évidemment, un peu de folklore indonésien, une pincée de drame danois (on pensera à Festen notamment), une belle poignée de gore à l’américaine, le tout concocté dans une grosse marmite européenne (le spectre de Dario Argento n’est jamais bien loin). Dès lors, il est difficile de faire la fine bouche lorsque l’on se retrouve devant son film, d’autant qu’il évite soigneusement l’overdose. Venir taper du coude son spectateur afin de lui faire comprendre qu’il a vu les mêmes films que lui ne ressemble pas à Kimo Stramboel, au contraire. La Reine de la Magie Noire est très clair dans ses intentions : l’antagoniste est là pour infliger les pires souffrances à ses victimes. Qu’importe qu’elles aient 7 ou 77 ans, les victimes doivent souffrir. Le film assume ses sévices jusqu’au bout et n’hésite jamais à maltraiter ses jeunes personnages afin de renforcer ce sentiment d’insécurité. Voilà pourquoi il se montre surprenant comparé à une autre production calibrée et du même acabit : il bouscule les codes établis dans la tête des spectateurs. S’il cède à certains poncifs comme le fait d’infliger des tortures à l’image des vices de ses personnages, ce n’est que pour mieux nous offrir de belles séquences graphiques à souhait. En dépit d’un budget modeste, on regrettera tout de même de céder à la facilité du numérique. Même si les effets font mouche, il n’y a pas ce rendu organique procuré par les effets en dur. Quelques séquences surprendront par l’utilisation de prothèses et feront plaisir à voir tant le réalisateur se montre passionné par ce qu’il met en scène.

D’ailleurs, la mise en scène est un autre point fort de La Reine de la Magie Noire. Kimo Stamboel utilise l’espace confiné de son orphelinat avec une précision millimétrée. Il parvient à insuffler un rythme qui ne décroît jamais tout en gardant fermement ses personnages enfermés au sein du même espace. Ainsi, diverses pièces auront droit à leur propre intrigue. Il insuffle une âme putréfiée à l’histoire de certaines chambres de la maison. Le chaos, la désolation, le chagrin et la torture sont les fondations de cet établissement dans lequel ne devrait régner que la joie. En choisissant de délivrer au compte-goutte ses révélations, le réalisateur permet à son film de bien imprégner le spectateur de tout le malaise qu’il met en place. Lorsque les révélations surviennent, c’est un véritable coup de massue qui s’abat sur nos têtes. Autant nous sommes divertis par les meurtres imaginatifs (mention spéciale pour les insectes rampants sous la peau, douce phobie inculquée par Stephen Sommers qui ne nous quitte plus depuis La Momie), autant découvrir l’histoire cachée derrière les murs de l’orphelinat nous aura particulièrement retourné l’estomac. La force de persuasion du film réside dans ses non-dits. Nul besoin de jouer les voyeurs pour instaurer le malaise, le film parvient à nous dérouter grâce à son casting impliqué et à ses dialogues ciselés. On se le répète, mais parvenir à obtenir du vraisemblable de la part d’un enfant supposé avoir une jambe en charpie relève du miracle. Nous n’en revenons toujours pas du jusqu’au boutisme du film qui demeure sans cesse sur un fil du rasoir et ne bascule jamais dans l’excès, c’est un vrai tour de force.

Au cas où il faudrait être plus clair : La Reine de la Magie Noire est un coup de cœur absolu. Le film n’est pas exempt de défauts, mais il parvient à toucher tellement de cordes sensibles que nous n’avons pu qu’y succomber. Le film se conclue d’ailleurs sur des images du film original et nous laisse avec une envie furieuse de découvrir son modèle. Espérons le retrouver prochainement sur Shadowz afin que nous n’ayons pas à déranger notre cousin en Indonésie puisque ce remake nous a diablement conquit. Foncez sans hésiter, vous trouverez votre bonheur aux côtés de cette sorcière sadique et revancharde.
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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.
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