Édito – Semaine 23

L’époque change… Autrefois au festival de Cannes, c’étaient les films qui faisaient scandale. Maintenant ce sont les discours des lauréats. Depuis qu’elle a gagné la Palme d’Or pour Anatomie d’une chute, Justine Triet fait beaucoup parler d’elle dans les médias, non pas pour son film (ni même pour l’invraisemblable moment qui vit Jane Fonda lui jeter son parchemin de lauréate dans le dos) mais pour le discours qu’elle a prononcé suite à sa consécration. La cinéaste a en effet tenu à défendre l’exception culturelle française, critiquant le besoin impérieux des films d’être rentables à tout prix tout en étrillant au passage le gouvernement, constatant la fracture sociale s’étant créée dans le pays sous le gouvernement Macron.

Étrillée de toutes parts, à la fois par le gouvernement (qui, on le savait déjà, ne supporte pas qu’on le critique quand bien même il ferait tout pour, avec ses ministres publiant des livres où l’on parle de ‘’renflement brun d’anus’’ – on n’invente rien) et par nombre de détracteurs accusant la cinéaste de cracher dans la soupe, Justine Triet a pourtant raison. Si le cinéma français a certes une tendance à aimer se regarder le nombril, l’exception culturelle de notre pays est à défendre farouchement et l’art ne devrait jamais (tout du moins dans un monde idéal) être soumis à une notion aussi laide que celle de la rentabilité. Justine Triet ne fait que souligner une évidence et la belle fragilité du mode de financement du cinéma français mais il semblerait que ça énerve. Il suffit cependant de voir qui cela énerve pour se rendre compte que la cinéaste touche juste et il faudra bien rappeler que l’argent que le CNC donne aux films ne vient pas du contribuable comme on a pu l’entendre et le lire un peu partout ces derniers jours.

Difficile dès lors de comprendre pourquoi une citoyenne et une artiste est aussi critiquée pour avoir fait un discours politique (loin d’être le premier du genre, Bertrand Tavernier défendait lui aussi l’exception culturelle française aux Césars de 1997) et surtout difficile de se dire que ça place son film au second plan alors que Anatomie d’une chute est une œuvre absolument brillante, véritable modèle d’écriture dont nous ne manquerons pas de vous reparler en détails rapidement ! D’ici-là, vive le cinéma français !

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