Un beau matin : Un bien beau film

Il y a des cinéastes comme ça dont on est toujours passé à côté. Mia Hansen-Løve a beau avoir une filmographie qui nous a toujours intrigué, nous n’avions jamais pris le temps de nous pencher sur sa carrière ou d’aller voir ses films précédents en salles, sortis, très certainement, en même que d’autres propositions qui nous semblaient plus attirantes. La sortie vidéo récente chez Blaq Out d’Un beau matin, son dernier long métrage sorti en octobre dernier nous a donné l’occasion de pouvoir enfin nous pencher sur le travail de la réalisatrice et d’en découvrir plus sur le cœur de son cinéma.

Le film développe un récit simple, collant à Sandra, son héroïne, mère célibataire, qui voit sa vie connaître un double bouleversement. D’un côté la tragédie puisque son père, grand intellectuel, se bat contre une maladie dégénérative. Il va donc falloir le placer dans un établissement spécialisé et trouver un endroit où ranger tous ses livres afin de ne pas les jeter. De l’autre le bonheur puisque son parcours croise à nouveau celui de Clément, ami de longue date marié, avec qui elle entame une relation amoureuse passionnelle dont l’issue est incertaine.

Une des grandes réussites du film est cette simplicité narrative à laquelle il se tient, sans jamais y rajouter le moindre artifice. Mia Hansen-Løve a visiblement confiance dans la force de sa proposition et on ne saurait lui donner tort : en croquant un tel portrait sans en forcer les enjeux, sur un sujet pourtant pas évident, la sobriété fait des merveilles. Jamais Un beau matin ne nous apparaît lourd ou appuyé, évitant même le côté larmoyant en choisissant de baigner dans une atmosphère ensoleillée que la mise en scène et la photographie travaillent avec douceur, le grain de la pellicule ajoutant évidemment une touche particulière, presque ouatée. Mia Hansen-Løve peut également compter sur ses acteurs qu’elle dirige avec beaucoup de subtilité et qui participent à la réussite de l’ensemble : Léa Seydoux n’a peut-être jamais été aussi juste que dans ce beau rôle qui lui va à ravir, prouvant qu’elle est une très bonne actrice quand elle est bien dirigée tandis que Melvil Poupaud et Pascal Greggory irradient l’écran de leur charisme, l’un beau à tomber en amant irrésistible, l’autre parfaitement émouvant en père s’éteignant peu à peu.

Mais le film est paradoxal puisque sa principale force est également sa grande faiblesse. En s’imposant une certaine sobriété et en refusant de trop dramatiser ses enjeux, Mia Hansen-Løve empêche en effet l’émotion d’affleurer réellement. L’ensemble est trop feutré, trop ténu pour véritablement passionner, un aspect certainement pas aidé par le côté bourgeois des personnages et de leur univers dont on semble toujours mis à l’écart. Reste qu’Un beau matin demeure admirable par ce parti pris étonnant et parvient tout de même à émouvoir lorsque Léa Seydoux laisse apparaitre les fêlures d’un personnage écrit et interprété avec une justesse et une sobriété rare. De quoi ouvrir vers les films précédents de la cinéaste avec beaucoup de curiosité.

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