Fast & Furious X : Le début de la fin sur des chapeaux de roue

Dominant depuis plusieurs années le box-office à chaque opus dépassant l’autre dans le domaine de l’invraisemblance et du jeu amorphe de Vin Diesel, la saga Fast & Furious est sans aucun doute ce que le critique de cinéma pourrait qualifier de plaisir coupable, ces films où les mauvais aspects de l’ensemble n’empêchent pas le plaisir pris durant le visionnage. Alors que la franchise se dirige tranquillement vers sa fin (même si on a du mal à croire que Universal laisse rapidement tomber une telle poule aux œufs d’or, le 11ème et supposément dernier volet prévu étant potentiellement prolongé vers un douzième film) en assumant totalement de tout relier en convoquant toute l’équipe pour une dernière virée, Fast & Furious X a donc la lourde charge d’être le début de la fin tout en sachant proposer en soi un divertissement totalement satisfaisant.

Le vétéran de la franchise Justin Lin ayant quitté le projet à cause de dissensions avec Vin Diesel, c’est le français Louis Leterrier qui vient à la rescousse. Doté d’un savoir-faire solide quand il est mis au service des bons projets (Dark Crystal – Le temps de la résistance), Leterrier prouve rapidement, une fois débarrassé du flash-back inaugural poussif et de la scène familiale cucul la praline indispensable, qu’il a largement les épaules pour chapeauter un tel mastodonte. Bien que dépendant d’un certain cahier des charges inhérent à la saga (le mot  »famille » répété ad nauseam une séquence sur deux, la place de plus en plus prégnante de Vin Diesel qui ne sait toujours pas comment jouer mais qui se donne à fond avec un ridicule irrésistible), Leterrier trouve dans le film le terrain de jeu nécessaire pour s’amuser et livrer de sacrées scènes d’action, morceaux de bravoure inventifs (où l’on joue presque à Rocket League dans les rues de Rome avec une bombe et où une voiture lance des roquettes) qui réussissent l’exploit d’être aussi funs que lisibles sans jamais diminuer les enjeux d’un récit mettant plus que jamais Dom et sa  »famille » en danger.

En effet, sur les derniers opus Fast & Furious en était venu à diluer la force de ses enjeux en faisant de ses antagonistes des personnages finissant généralement à se rallier à la cause de Dom. C’était le cas dans l’opus précédent où l’on voyait mal Jakob affronter son frère dans un duel à mort, ce qui ajoutait une certaine distance émotionnelle à l’ensemble. Rien de tout ça ici puisque Dante Reyes, l’antagoniste du film (et fils de celui du cinquième opus, vous suivez ?) affiche une méchanceté pure et dure, le personnage étant entièrement dévoué à faire vivre un véritable cauchemar à Dom en s’en prenant à ceux qu’il aime. Dans ce rôle ultra-caricatural et presque cartoonesque, Jason Momoa s’éclate comme un gosse, livrant une interprétation haute en couleurs avec une bonne touche d’humour rendant Dante aussi suave que dangereusement imprévisible. Son jeu a beau exploser tous les compteurs du cabotinage, il n’en demeure pas moins l’une des principales attractions du film quand Vin Diesel et une bonne partie de sa clique demeurent tristement monolithiques.

En mettant réellement en danger les personnages (au demeurant toujours trop nombreux et pas toujours bien gérés en terme d’équilibre), Fast & Furious X s’impose facilement comme le meilleur volet de la franchise depuis le septième dirigé par James Wan. Embrassant son côté feuilletonnant (le film se clôt par un énorme cliffhanger), ce dixième opus renoue avec un certain équilibre permettant au film de tenir la route en dépit d’un sérieux toujours aussi embarrassant dès qu’on touche au credo de la franchise. Entre nouveaux venus qui s’amusent (Momoa évidemment mais aussi Brie Larson dans une moindre mesure) et retours d’anciens visages bien connus qui font plaisir, Fast & Furious X est un spectacle pétaradant se laissant l’opportunité d’en avoir encore plus sur le capot pour sa suite, que l’on attend bizarrement avec impatience tant on ne peut résister face à un tel plaisir coupable où l’invraisemblance n’est plus de mise depuis longtemps, laissant place au plaisir de gosse de jouer avec les voitures et la gravité. On aurait tort de se refuser ça.

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