Relaxer : Cap ou pas cap ?

Ce qu’il y a de remarquable avec la séance Shadowz, c’est qu’elle fait régulièrement office de « cabinet des curiosités ». Quand il n’y a pas des classiques croustillants à se mettre sous la dent, la plateforme nous congratule de belles exclusivités (on le répète, mais voyez absolument Dashcam, nos chers confrères Mathieu et Alexandre n’en ont pas dormi de la nuit) et autres films encore inédits chez nous. L’un des derniers en date, Relaxer, est un film écrit et réalisé par Joel Potrykus et sorti en 2018. Projet farfelu et très intimiste, il n’y a qu’une plateforme comme Shadowz pour prendre le risque de rendre visible un tel film. Au moment où nous écrivons ces lignes, notre avis demeure encore incertain concernant Relaxer. Il n’y a rien de plus frustrant pour nous que de devoir rendre un papier sans avoir une opinion bien tranchée. Ceci étant, la confusion sera forcément de mise si vous vous lancez dans la lecture du film. L’un dans l’autre, nous sommes exactement dans l’état recherché par le réalisateur. Installez vous donc confortablement dans votre canapé, parce qu’il y a de fortes chances pour que vous n’ayez plus envie d’y reposer les fesses par la suite.

L’apocalypse de l’an 2000 ne peut pas être arrêtée. Le frère aîné de Abby lui lance un ultime défi avec que l’humanité ne périsse : battre le niveau 256 dans Pac-Man et de ne pas sortir du canapé tant qu’il n’y sera pas parvenu. Sans eau ni nourriture dans un appartement insalubre, la survie de Abby commence.

Un homme dans un canapé, une télévision cathodique, une Nintendo 64 et beaucoup de crasse…voilà le principe du huis-clos mis en place par Joel Potrykus. Un film farfelu avec un concept fort qui ne laisse pas de place à la demi-mesure : soit on adhère, soit on rejette massivement. En ce qui nous concerne, c’est exactement le genre de projet qui nous attire et nourrit notre curiosité sur comment l’auteur va parvenir à maintenir notre attention du début à la fin du film. Beaucoup s’y sont essayés, beaucoup s’y sont également cassés les dents. On ne peut pas enlever à Joel Potrykus d’avoir un univers bien tranché. Il nous plonge directement au cœur de l’appartement de Abby (seul et unique unité de lieu de son film) et nous prend au piège avec lui pendant plus de 90 minutes. Avec de très longs plans qui renferment des tunnels de dialogues, Relaxer est clairement un film qui démontre une solide préparation en amont. Les mouvements de caméra sont rares et discrets. Tout procédé cinématographique s’efface afin de laisser vivre les acteurs au sein d’un petit espace confiné. Jamais on ne ressentira le moindre flottement en ce qui concerne les échanges entre les protagonistes. Les acteurs font preuve d’une impressionnante implication, ils croient fermement au projet. A l’image d’un Quentin Tarantino, Joel Potrykus veut offrir au spectateur des tranches de vie par le biais de dialogues à rallonge. Il compte uniquement sur les talents d’orateur de ses acteurs afin de rendre le tout palpitant. Si les acteurs n’ont vraiment rien à se reprocher, le plus gros problème de Relaxer provient de l’autre défi que s’est lancé son réalisateur.

Relaxer tente de filmer l’ennui sans jamais vouloir ennuyer. Et c’est précisément sur ce point que notre jugement nous laisse confus. Autant nous avons été happés par le premier tiers du film avec le frère de Abby et l’un de ses amis qui lui rend visite par la suite, autant le film nous a montré un énorme essoufflement ensuite. Il tourne inlassablement en rond et ennui poliment jusqu’à son épilogue. Relaxer surprendra sur sa conclusion, mais nous ne pourrons nous empêcher de penser qu’il nous a berné pour de mauvaises raisons. Relaxer distille peu à peu une notion de fantastique. Le film laisse planer le doute avant de prendre un parti-pris radical en fin de parcours. Quand bien même nous nous doutions de la direction qu’il prendrait, le dernier plan semble littéralement se moquer du spectateur. Sans trop vous en dévoiler, le film passe la main au spectateur et l’invite à relever le même défi que son protagoniste. Vouloir initier un jeu malsain et ainsi maintenir un lien fort entre l’œuvre et la personne qui la regarde sont des idées malines, mais il manque cruellement d’un vrai liant en milieu de métrage pour nous aliéner au point d’avoir envie d’y revenir. Le pari n’est qu’à moitié gagné quant à sa manière de décortiquer l’ennui et la déchéance de manière divertissante. En revanche, on peut pas enlever à Relaxer le fait de suinter la charogne. Si nous pouvions avoir le film en odorama, peu de personnes parviendraient à tenir le coup jusqu’au générique final. Le film a le bon sens de ne pas abuser des effets trash. Il distille avec parcimonie l’idée d’une pourriture qui gangrène peu à peu son héros. Relaxer est clairement un film préventif sur la nécessité d’une bonne hygiène de vie et est aussi un plaidoyer anti-procrastination. Une fois encore, il en ira de votre capacité à savoir vous immerger pleinement au cœur de la proposition.

Relaxer nous laisse dubitatif quant à sa manière de décortiquer la morosité d’un quotidien vide de tout sens. S’il montre clairement qu’il maîtrise l’art d’écrire des dialogues et de savoir choisir ses acteurs en mettant sa mise en scène à leur service, Joel Potrykus ne nous a pas amplement convaincu sur l’entièreté de ses ambitions. Reste de Relaxer une sensation d’une belle curiosité avec de bonne idées et d’autres nettement moins abouties. Un avis mi-figue, mi-raisin qui risque fort de ne pas vous aider chers lecteurs, mais c’est aussi cela la beauté du catalogue Shadowz : l’art de proposer des films atypiques envers et contre tout.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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