L’oasis des tempêtes : Un lieu calme

Dans ce film d’aventure sorti en 1957 et réalisé par Virgil Vogel, William Reynolds partage la vedette avec Shirley Patterson qui incarne une grande reportrice venue couvrir une expédition menée dans l’Antarctique pour observer un étrange phénomène, une oasis de chaleur au milieu des glaces. Au cours de la mission, l’hélicoptère se perd dans les nuages et atterrit trois milles mètres sous le niveau de la mer, au cœur d’une forêt tropicale. Ne pouvant redécoller à cause d’un dommage sur l’appareil, les quatre membres de l’équipe vont devoir appréhender leur nouvel environnement pour survivre et espérer rentrer chez eux.  Pour cela, ils peuvent compter sur les explications, parfois trop National Geographic, de William Reynolds qui incarne un scientifique charmeur et aventureux. D’après lui, ils se trouvent dans un environnement qui ressemble à celui de la Terre à l’Ere secondaire, le Mésozoïque, l’époque des dinosaures. Une belle promesse d’aventure.

À l’époque de sa sortie, en pleine dynastie de la science-Fiction, les films de genre préhistoriques sont plutôt rares, une dizaine dans les années 50, et n’attirent pas un large public, aussi faut-il le prendre par la main et lui expliquer tout ce qu’il voit à l’écran. Le film se perd en explications scientifiques comme pour justifier la cohérence de son univers, alors que dans une autre salle de cinéma des extraterrestres, dont l’existence n’a jamais été prouvé contrairement aux dinosaures, envahissent la Terre. Ce besoin d’explication peut être justifié mais le principe du film d’aventure est de nous emporter dans un monde inconnu sans que l’on en sache tout. En ce sens, L’oasis des tempêtes peine à nous immerger dans son monde disparu.

Il faut dire que le jeu des acteurs ne sert pas du tout le film. Aucun n’arrive à exprimer la moindre peur ou crainte face au danger. En résulte des séquences d’actions molles et dénuées de tout enjeu dramatique. Ce constat révèle seulement les difficultés pour les acteurs de toutes époques à jouer devant des fonds-verts ou face à un balai surmonté d’une chaussette pour figurer le monstre dont ils doivent avoir peur. Les dialogues ne sont pas plus convaincants, souvent superficiels ils veillent au déroulement de l’histoire, l’unique étincelle vient du manège amoureux entre William Reynolds et Shirley Patterson.

Ce manque d’investissement est dommageable pour le film d’autant plus que tout n’est pas mauvais dans L’oasis des tempêtes. Les décors, entièrement faits en studio, sont très réussis et restituent parfaitement l’atmosphère oppressante que peut avoir une forêt tropicale. Cela fait regretter le choix d’Universal d’avoir tourné en noir et blanc. La couleur aurait certainement apporté un peu de fraicheur et fait honneur au travail des décorateurs. Les créatures qui peuplent cette luxuriante végétation sont variées et deux d’entre elles tirent leur épingle du jeu. Une plante tentaculaire et une sorte de Loch Ness dont les surgissements au milieu d’un lac font les séquences les plus spectaculaires du film.

Dans sa deuxième partie le film gagne en rythme avec l’apparition de Phil Harvey, qui incarne un rescapé d’une précédente expédition et qui survit depuis grâce à sa maitrise d’une conque, dont le son effraie et repousse les créatures. Si cet instrument lui permet de survivre, il ne l’empêche pas d’être seul, alors en découvrant Margaret, une belle journaliste d’aventures, son voeu d’abstinence vole en éclat et il n’a plus qu’un désir, la posséder, quoi qu’il en coûte. Le film gagne bien en rythme, c’est là qu’apparait la créature du lac et les scènes d’actions se multiplient, mais cette histoire devient bancale. Pourquoi vouloir obstinement rester dans un milieu aussi hostile avec une seule femme, alors qu’il a la pièce nécessaire pour réparer l’hélico, qu’il y assez de places dedans pour tout le monde et que la moitié de la population est composée de femmes? Le film se perd en revirements de situation dont les effets tombent souvent à plat.

Maintenant que serait le film de Virgil Vogel sans parler du T-rex, le carnivore suprême, le super monstre qui hante ce monde souterrain. Une fameuse apparition le bestiau, un homme dans un costume. Cette technique est à la mode depuis Godzilla de Ishiro Honda en 1954, mais elle ne fonctionne pas toujours. Ici, la tête du dinosaure est assez bien animée, les narines et les yeux bougent, les effets de rugissements et les gros plans menaçants fonctionnent très bien, mais c’est lors des vues d’ensemble que la tension retombe. Le T-rex devient ridicule, on en rigole et il devient facile de comprendre pourquoi les acteurs ont eu du mal à être effrayés.

L’oasis des tempêtes est à l’image de cette créature, bien pensé mais mal exécuté. A part le jeu d’acteur, il n’y a rien de vraiment mauvais dans ce film, les effets spéciaux arrivent à être convaincants, les enjeux narratifs sont intéressants mais c’est l’histoire, dans sa structure, qui à quelque chose de précipité, de brouillon, comme s’il avait fallut faire vite. C’est dommage, le scénario de Laszlo Görög aurait certainement mérité d’être développé un peu plus longtemps, ce qui laisse un petit goût amer face à ses bonnes intentions. Qu’à cela ne tienne, le film de Virgil Vogel arrive tout de même à nous faire imaginer un coin sur Terre où les dinosaures auraient survécu jusqu’à aujourd’hui. Un film à découvrir aussi parce qu’il compte comme l’un des pionniers de ce sous-genre de la science-fiction.

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