Mitraillette Kelly : Un gros pétard

Tout le monde connaît Roger Corman. Que l’on soit fan de série B, de films d’horreur ou d’épouvante, nous avons tous déjà vu au moins un de ses films. Qu’il s’agisse de La petite boutique des horreurs, La chute de la maison Usher ou Le corbeau, pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus emblématique de sa carrière qui compte quasiment soixante films, la filmographie de Roger Corman fait indéniablement partie des piliers du cinéma de genre des années soixante.

Cinéaste pléthorique, Roger Corman ne se cantonne pas à un seul genre, sa passion et sa curiosité l’amènent à tout essayer. Au milieu de ses œuvres inspirées des nouvelles d’Edgar Poe, de Lovecraft ou de Richard Matheson, et dans lesquelles ont joué Vincent Price, Peter Lorre, Boris Karloff, on retrouve des films de science-fiction, des westerns et des thrillers.

En 1958, avec un scénario de Wright Campbell, Roger Corman réalise Mitraillette Kelly, largement inspiré de la vie du gangster George R Kelly qui sévit pendant la Grande Dépression aux débuts des années 30 aux États-Unis. Pour incarner ce braqueur et tueur de sang-froid, toujours armé de sa sulfateuse, rien de mieux que Charles Bronson. Alors âgé de 36 ans, sa carrière n’a pas encore atteint l’apogée que l’on connaît, mais ses traits puissants et sa belle gueule en font un acteur à part qui en impose dès les premières minutes.

Mitraillette Kelly, surnom qu’il doit à sa compagne, jouée par Susan Cabot, une habituée des films de Roger Corman, dévalisent les banques et terrorisent les populations locales. Malgré l’avidité et la soif de pouvoir de chacun, le groupe survit tant bien que mal. Mais un jour, Georges fait échouer un braquage à cause d’une de ses superstitions. La peur de la mort qui le tourmente révèle un être fragile qui va voir sa position de leader remise en question au sein du groupe.

Le film de Roger Corman ne brille pas par ses scènes d’action, d’ailleurs il ressort de tous ces films de braquage une impression de facilité déconcertante lorsqu’on les compare à la minutie de Heat ou Inside Man par exemple. En réalité, l’important est ailleurs, le tournage n’a coûté que cent mille dollars et n’a duré que huit jours, rien d’étonnant alors à trouver certaines séquences grossières, mais ce qui se cache derrière ces chiffres c’est l’envie de cinéma d’un homme qui sait user des techniques du cinéma pour raconter une histoire.

Cette histoire, au demeurant banale, se révèle plus subtile qu’une rafale de mitraillette. Les dialogues ont bénéficié d’un traitement soigné, ce sont eux qui portent le film de bout en bout, et dépeignent assez bien les difficiles relations d’un groupe de bandits lorsque la soif d’argent, de réputation et de pouvoir s’immisce entre eux. Les personnages, moins stéréotypés que ce à quoi on pourrait s’attendre, se montrent tour à tour détestables et attachants. Ici, les apparences sont trompeuses, les caractères mouvants, et dans ce jeu de dupes où chacun est prêt à couper l’herbe sous le pied de son complice pour une poignée de dollar, le véritable ennemi se cache dans la conscience de chacun.

Mitraillette Kelly est un ovni dans la carrière de Roger Corman, encore plus pour celui qui n’aurait connu que ses films d’horreur et d’épouvante, mais l’on balaie vite cette observation en faisant remarquer qu’un réalisateur se distingue des autres par sa faculté à ne pas s’enfermer dans un genre ou  à répéter inlassablement le même film. Est-ce lié au charisme de Charles Bronson ou à la musique jazzy frénétique qui nous entraîne dès les premières images, toujours est-il que nous sommes happés par la cavale de ce bandit hanté par les fantômes de ses actions.

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