La cité de la violence : On a connu plus brutal

Editeur prolifique, Sidonis Calysta continue son exploration de la filmographie de Charles Bronson avec La cité de la violence, un titre alléchant, disponible en combo Blu-ray + DVD + Livret depuis le 16 février dernier. Le film d’un certain tournant, autant pour son réalisateur Sergio Sollima (qui sort de sa célèbre trilogie de westerns composée de Colorado, Le dernier face à face et Saludos Hombre) que pour son acteur principal, Charles Bronson inaugurant là un personnage dont il interprétera différentes itérations à de nombreuses reprises, à savoir le tueur taiseux, le héros d’action à qui on ne la fait pas, plus prompt à flinguer du méchant qu’à enchaîner deux phrases, comme une version moustachue et moins subtile que son personnage d’Harmonica dans Il était une fois dans l’Ouest.

Passant du western au thriller, Sollima paie son tribut au cinéma américain qu’il affectionne tant dans un film étrangement bancal, ne tenant pas toutes ses promesses mais fascinant par ses choix narratifs. Entamé par une course-poursuite muette laissant pour mort le tueur Jeff Heston, La cité de la violence nous fait ensuite suivre le parcours de Jeff, décidé à se venger de ceux ayant tenté de le tuer et surtout de sa petite amie Vanessa, partie avec un rival. Entre temps, il est confronté à une organisation criminelle tâchant de le recruter et ses retrouvailles avec Vanessa ne se passent pas comme prévues, Jeff se montrant incapable de tuer celle qui l’a trahi et qu’il aime encore…

Etrange film que celui-ci, se refusant presque systématiquement à toute forme d’action pour adopter un style beaucoup plus contemplatif. Empruntant autant au thriller qu’au film noir (Vanessa étant clairement une femme fatale menant notre redoutable tueur par le bout de nez, le trahissant à plusieurs reprises), La cité de la violence est construit sur un rythme singulier difficilement accrocheur. Les séquences mettant en scène Bronson sont ainsi les moins intéressantes du long métrage. L’acteur y peaufine certes son rôle mutique avec son charisme habituel et un détachement assez tragique mais Sollima peine à réellement nous coller à lui et ne crée jamais l’empathie envers un personnage se débattant dans une toile dont il s’est fait lui-même prisonnier. Ce sont surtout les séquences avec Jill Ireland et Telly Savalas qui passionnent. La première, épouse de Bronson à la ville et quasi-systématiquement imposée dans ses films, trouve peut-être là son meilleur rôle, campant ici une garce machiavélique froide et calculatrice, n’agissant que pour son propre intérêt qui n’est finalement qu’une seule chose : l’argent. Le second rehausse chacune des séquences où il apparaît, campant le chef d’une organisation criminelle hautain et sûr de lui, plus chef d’entreprise que mafieux à l’ancienne, signant déjà la transition des organisations criminelles dans une nouvelle ère de modernité où l’on peut sacrifier tous ses principes à condition qu’on le fasse pour l’argent.

Assez riche thématiquement (cette idée que l’argent remplace tout dans les organisations criminelles est au cœur du cinéma des années 70, notamment dans l’excellente Trilogie du Milieu) et bénéficiant en plus d’un dénouement tragique, il est presque étonnant que La cité de la violence ne soit pas aussi réussi que ça, handicapé par une trame narrative mollassonne et un Sollima que l’on a clairement connu plus inspiré. La curiosité reste de mise pour cette proposition surprenante et déroutante dont la découverte reste suffisamment intéressante pour justifier que l’on s’y penche. À noter que c’est sur ce tournage que Charles Bronson et Michel Constantin, grands amis, iront jusqu’à se lier par un pacte de sang et que les deux hommes décèderont tous les deux la même année, à deux jours d’écart…

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