A moins d’avoir vécu dans une grotte ces dernières années, difficile d’être passé à côté du mouvement #metoo et de tout ce qu’il a révélé des frasques abominables de personnes influentes de tous milieux. Le mouvement a permis, entre autres, de faire tomber l’un des producteurs les plus influents de Hollywood, Harvey Weinstein. Tout a commencé par une enquête de deux journalistes du New York Times en 2017 accusant le célèbre producteur de harcèlement sexuel sur de nombreuses femmes, témoignages à l’appui. L’article fit l’effet d’une bombe et permit à de nombreuses femmes d’enfin sortir du silence et d’affirmer leur personnalité. Plus qu’un mouvement, il s’est vite mué en un combat acharné duquel la gente féminine entendait profondément reprendre ses droits en tant que groupe d’individus à part entière au sein d’un monde patriarcal parfois nauséabond. En 2019, les deux journalistes publient le livre She Said, qui revient sur la manière dont elles ont enquêté en secret sur les agissements de Weinstein. C’est donc sans surprise que le film adapte le livre éponyme et entend enfoncer définitivement le clou d’une enquête qui a permis de remettre les consciences à leur place.
Journalistes au New York Times, Jodi Kantor et Megan Twohey mènent de profondes investigations à propos d’accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles envers le célèbre producteur de cinéma Harvey Weinstein. Avant sa chute son influence à Hollywood était sans pareille, permettant son emprise et ses méfaits qui ont toujours, à l’heure actuelle, des conséquences sur les vies personnelles et professionnelles de ses victimes.
She Said se focalise sur les témoignages qui ont permis de mener à la chute de Harvey Weinstein. Il ne se base que sur les déclarations que les femmes qui l’ont accusé ont faites. Jamais il ne bascule vers un voyeurisme de pacotille tant la force des mots lui permet à lui seul de nous faire ressentir les maux des victimes. S’il met en scène quelques flashbacks afin d’exposer certaines situations, ce n’est purement que dans une logique de mise en scène, jamais dans un but racoleur. De fait, She Said a la délicatesse de ne jamais pousser le curseur du malsain vers le haut dans le but de faire réagir l’audimat. Il se place comme une suite logique d’une affaire devenue un combat (comme évoqué ci-dessus) qui se doit de continuer d’alerter les audiences. D’un simple papier dans un célèbre journal, il est devenu la raison d’être de bon nombre d’hommes et de femmes qui ne peuvent (doivent) plus se taire dans un silence meurtri. Choisir Carey Mulligan et Zoe Kazan afin d’incarner les porte-paroles de ces femmes était la meilleure des décisions. Les deux actrices parviennent à entrer en empathie pour les femmes qu’elles défendent. Les deux actrices ne jouent plus la comédie, elles se montrent vraies et sincères. Elles ne cessent d’y mettre du leur dans leur rôle si bien qu’elles brisent systématiquement la frontière entre fiction et réalité. Jamais le film ne nous ment sur ce qu’il est (une œuvre de fiction), seulement son sujet dépasse de loin toute convention tant la réalité et l’impact de l’affaire ont bousculé le quotidien de milliers de gens. Difficile donc de juger l’œuvre en tant que telle puisque le combat qu’il met en scène est désormais ancré dans notre ADN.
Il nous est impossible d’analyser la substantifique moelle du projet tant il a déjà été décortiqué maintes et maintes fois au cœur des médias. She Said est juste présent pour nous rappeler que le temps n’est plus au silence et que de tels actes de barbarie ne doivent plus être commis. Il a la délicatesse de ne pas grossir les traits de l’énergumène qu’était Harvey Weinstein, ce qui rend la personne d’autant plus monstrueuse qu’elle ne s’est jamais cachée d’être cet immonde porc décrit par plusieurs. She Said est autant un film politique, qu’un drame poignant et une enquête passionnante d’utilité publique qui se doit d’être vu par le plus grand nombre afin de faire cesser toutes les insanités dont peuvent être capables les personnes de forte influence.
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