Super Mario Bros. : « A tout’alors, alligator ! »

Dans la catégorie des adaptations mal-aimées, Super Mario Bros. se classe régulièrement en pôle position des pires films jamais réalisés. Bien évidemment, ce serait faire fi de toutes les incongruités que nous a infligé un certain Uwe Boll ainsi que d’autres daubes des familles sauce Tekken qui ont pullulé ces dernières années. Seulement, en 1993, les adaptations de licences vidéoludiques au cinéma ne courraient pas les rues et il fallait bien qu’un film ouvre la voie. De la même manière que nous aimons Mortal Kombat de tout notre être, nous avons grandi avec le film de Rocky Morton et Annabel Jankel. Loin de nous l’envie de vous convaincre qu’il faut aimer Super Mario Bros. tant il demeure un film qui ne fonctionne uniquement que sur l’affecte qu’on lui concède. Cependant, il est curieux de remarquer à quel point il divise. Nous sommes loin des deux éternels clans « anti » et « pro ». Les avis sont plus nuancés concernant ce film. Il y a, bien sûr, ceux qui ne peuvent absolument pas le voir en peinture. Et il y a les enfants des années 80-90 qui l’affectionnent sans pour autant nier ses innombrables défauts. Pourtant, redonner une chance à Super Mario Bros. c’est un peu comme se réconcilier avec un vieil ami qui nous a cruellement déçu : ça ne manque pas de nostalgie. Le film vient de ressortir dans une édition blu-ray qui propose une copie entièrement remasterisée. Le film fait clairement peau neuve afin de venir conquérir un public vierge de sa sulfureuse réputation.

Les frères Mario et Luigi sont deux plombiers italo-américains de Brooklyn. Ils se retrouvent transportés dans une autre dimension où ils doivent affronter le roi Koopa, dictateur d’un peuple constitué de dinosaures ayant évolué en humains. Koopa a enlevé Daisy, jeune paléontologue, qui détient une pierre possédant un pouvoir mystérieux.

Echec cuisant au box-office (20 millions de dollars rapportés pour un budget de 48 millions) et film détesté par Bob Hoskins en personne, Super Mario Bros. n’en demeure pas moins une adaptation qui tente de se donner les moyens de ses ambitions. On parle tout de même d’un postulat de base dans lequel un plombier doit passer par de multiples tuyaux et sauter sur des ennemis en forme de champignons pour les vaincre afin de délivrer sa bien-aimée des griffes d’une créature mi-dragon mi-tortue qui crache du feu. En termes d’histoire farfelue, le matériau de base en tient une sacrée couche. On ne peut délibérément pas reprocher au film de se démener du mieux qu’il peut afin de rendre son univers le plus cohérant possible. Dire que le film Super Mario Bros. est invraisemblable relève presque du pléonasme. Son histoire n’est absolument pas à blâmer tant le scénario tente de donner un sens distinctif à l’univers qu’il met en scène. Mais l’argument qui vise à défendre la cohérence de l’histoire est caduc selon les détracteurs, soit…

Pour ses opposants, Super Mario Bros. est un mauvais film parce qu’il n’est pas une adaptation fidèle, on pourrait difficilement leur donner tort, loin s’en faut. En dépit du fait que l’ADN du jeu transparaît nettement à plusieurs reprises, ce qui chafouine les critiques se mesure surtout sur l’incapacité des acteurs à prendre le film au sérieux. Ce n’est pas un défaut en soit, c’est même un réel plaisir d’apprécier les frasques de Dennis Hopper qui se complaît à camper un Koopa d’une décadence sans précédent. Une fois encore, lorsqu’on prend le temps de se pencher sur la matière première, le jeu Super Mario est un univers fantasque dans lequel les joueurs qui s’y confrontent viennent chercher de l’aventure, des frissons et du rire…ce que le film tente de leur rendre à tout moment. Le tout tente de coexister au sein d’un univers qui essaie de pousser les curseurs du fantastique au maximum afin de vendre la même dose de féérie à son public cible. Super Mario Bros. ne démérite jamais à ce niveau. Tous les éléments sont rassemblés afin de pérenniser les fantasmes de ceux qui ont joué au jeu sur console. Quel enfant n’a pas rêvé de porter des chaussures volantes ? Quel enfant n’a pas fantasmé de faire de la luge dans un gros tuyau gelé ? Le film nous gratifie de plusieurs séquences savoureuses dont il serait bien difficile de cracher dessus tant sa générosité attrape au cœur et sait régaler le spectateur qui consent à adhérer à sa proposition.

Il serait si facile de faire l’antithèse du bien-être que nous procure le film. On le répète, il n’est pas exempt de défauts. Seulement, Super Mario Bros. ne mérite clairement pas la Palme de la pire adaptation de jeu-vidéo au cinéma qu’on lui décerne depuis tant d’années. Au mieux, il continue de régaler les enfants qu’il a subjugué à sa sortie, au pire il pourra générer de l’indifférence auprès du jeune public le découvrant de nos jours. Ceci étant, il est digne d’être réhabilité ne serait-ce que pour son immense générosité à vouloir proposer le film le plus plausible possible tout en tentant de régaler les fans de la licence avec les moyens qu’il était possible d’avoir en 1993.

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