
Rien ne va plus chez Rimini Editions, l’éditeur continue de fouiller le catalogue des séries B américaines oubliées. Fort d’une collection qui commence à prendre du poids, Rimini souffle sa dixième bougie par le biais d’une sortie qui, sur le papier, ne peut que rendre curieux n’importe quel amateur nostalgique des années 80 et/ou de vidéo-club. En effet, l’éditeur exhume le premier long métrage de Tom McLoughlin. Les amateurs auront reconnu le réalisateur de Vendredi 13, Chapitre 6 : Jason le Mort-Vivant, l’un des épisodes les plus fun de la franchise. Il n’en fallait pas moins pour que nous nous ruions sur la galette, avides de découvrir le premier essai d’un auteur qui nous aura lourdement accompagné durant notre adolescence (on ne compte plus les multiples revisionnages de la sixième aventure de Jason au camp Crystal Lake).

Afin d’intégrer une confrérie étudiante, Julie doit se soumettre à un rite d’initiation : passer une nuit entière dans un imposant monument funéraire, sous le contrôle de deux autres étudiantes. Or, le mausolée est celui d’un ancien mage qui possédait de terrifiants pouvoirs psychiques.
Comme nous vous l’annoncions en préambule de cette chronique, sur le papier One Dark Night possède des atouts très alléchants. Vendu comme un teen horror movie comme il y en avait des dizaines à l’époque, le film refait parler de lui notamment grâce à la présence au casting d’une jeune Meg Tilly. Sauf qu’il y a une erreur dans l’énoncé. One Dark Night penche lourdement du côté teen movie quand son aspect horreur se montre équivalent à un épisode de Derrick. On ne va pas y aller par quatre chemins, One Dark Night franchit douloureusement la barrière des années. Certes, son budget fauché de 800 000 dollars ne l’aide pas à lui garantir une certaine pérennité, mais ce serait bien malvenu de lui reprocher son budget comme seule faiblesse. Il y a surtout un vrai problème sur le choix de la narration. Le film s’ouvre sur ce qui semble être un suicide collectif, nous permettant d’apercevoir une scène de crime particulièrement inquiétante qui donne de sacrés indices quant aux pouvoirs de l’antagoniste. One Dark Night est très prometteur dans son ouverture. Seulement, il suffira de quelques scènes expéditives pour nous présenter les pouvoirs du fameux mage et plus jamais nous n’y reviendrons avant le climax. De fait, le film préfère s’attarder sur la romance des deux héros et nous perd dans un tourbillon de séquences au mieux, superflues, au pire, indigestes. One Dark Night raconte donc une romance passionnée entre deux lycéens. D’un côté, il y a le sportif populaire qui souhaite se défaire du stéréotype qu’il véhicule. De l’autre, il y a la fille discrète qui veut impérativement entrer dans une sororité afin de s’élever socialement aussi haut que son petit ami. L’un connaît le revers de la médaille quand l’autre le fantasme. Le film passe son temps à mettre en scène les ennuyeuses pérégrinations de ces deux adolescents et ne sait fondamentalement jamais comment réintroduire des éléments fantastiques ou horrifiques en son sein. Dès lors, on attend péniblement la fameuse nuit que devra passer Julie dans le mausolée.

Seulement, le bât blesse une fois que le dernier tiers du film se met en place. One Dark Night ressemble à s’y méprendre à la mauvaise fin d’un épisode des Contes de la Crypte. Loin de nous l’idée de taper sur cette formidable série mais nous ne voyons pas d’autres points de comparaison afin de vous faire comprendre ce qui vous attend. Le montage change de rythme afin d’insuffler du dynamisme, mais, une fois encore, il y a de vrais problèmes de choix. Le système de champ/contre-champ qui montre qu’une activité paranormale se joue dans la tombe du mage fonctionne la première fois, nul besoin d’y revenir sans cesse. Le montage du climax est catastrophique et justifie à lui-seul de rebaptiser le film en One Horrible Night tant le mal de crâne qu’il génère est monumental. De plus, les corps momifiés qui sortent des tombes afin d’attaquer les vivant ont autant de charisme qu’une exhumation lambda. Les « morts-vivants » sont attachés à des rails et ne font que des va-et-vient incessants. Rien de bien effrayant en soi d’autant que le film ne se donne même pas la peine de cacher les artifices qu’il emploie. N’omettons pas non plus de mentionner l’horrible pantin articulé en guise de mage suprême qui fait autant frissonner que la mort de Marion Cotillard dans The Dark Knight Rises. Ne demeure qu’un effet de morphing sur de la chair en décomposition lorsque le mage s’en retrouve vaincu, mais un seul bon plan ne peut sauver un film aussi maigre. De plus, il nous est difficile de nous étendre d’avantage tant One Dark Night ne donne que peu de matière à décortiquer. Le film est vraiment bien fade et avare en bonbons (bons ou mauvais).

Vous l’aurez compris, le premier film de Tom McLoughlin est une amère déception. En dépit du très bel écrin proposé par Rimini Editions (on ne pourra jamais blâmer l’éditeur qui fait toujours les choses correctement), le film ne propose rien de bien affriolant pour qu’on daigne y revenir un jour. L’histoire tourne inlassablement en rond, les effets spéciaux sont poussiéreux et ne font jamais frissonner outre mesure et l’histoire d’amour entre les deux héros est aussi intéressante qu’un documentaire sur la reproduction des asticots. On préférera retourner voir l’épisode 6 de Vendredi 13 dans lequel le réalisateur s’amuse bien plus que sur ce premier projet tremblotant.
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