The Lost King : Son royaume pour un tombeau !

Où était passé Stephen Frears ? Sans être pour autant d’immenses fans du cinéaste, c’est la question que l’on s’était posée il y a quelques temps puisque le cinéaste, d’habitude très productif n’avait pas donné de signe de vie depuis 2017 et Confident Royal. Réalisateur prolifique, capable de s’adapter à tous les sujets qui lui tombent sous la main sans jamais en faire trop (aussi bien sur le plan stylistique que thématique), Frears est ce que l’on pourrait appeler un faiseur dans le sens noble et classique du terme, enchaînant les films sans jamais imposer un style qui pourrait l’apparenter à un auteur avec des obsessions.

Le voilà donc de retour avec The Lost King où il retrouve à l’écriture le tandem gagnant derrière Philomena, Steve Coogan et Jeff Pope. Et comme pour Philomena (qui était également basé sur une histoire vraie), nous sommes surpris par la capacité du sujet à priori peu passionnant à nous happer avec une certaine dose de tendresse tout en épinglant au passage les défauts d’une société anglaise engoncée dans sa rigidité, notre héroïne Philippa Langley se confrontant ici au bon vieux patriarcat, n’étant guère prise au sérieux en tant que femme.

Mais qu’a fait Philippa Langley ? Sujette à de la fatigue chronique, peu valorisée dans son travail et seulement soutenue par ses deux enfants et par un mari avec lequel elle est séparée, Philippa, suite à une représentation de la pièce Richard III se met en tête de retrouver les restes du souverain, perdus depuis 500 ans. Se heurtant à l’incompréhension de ses proches et au scepticisme des institutions qui la considèrent comme fantasque, Philippa finira, non sans mal, par retrouver le squelette du roi sous le béton d’un parking à Leicester.

Ainsi The Lost King ne fait rien d’autre que de raconter cette histoire simple, récit d’un combat extraordinaire au cœur de l’ordinaire. À première vue guère palpitant, le sujet emballe pourtant car le scénario a ce formidable talent très anglais de tirer le meilleur de son récit, avec beaucoup de tendresse et toujours une pointe d’humour so british qui fait toujours plaisir. La présence de la lumineuse Sally Hawkins n’est pas pour rien dans notre attachement au film tant elle interprète son rôle avec un mélange de force et de fragilité qui parvient à émouvoir tandis que Steve Coogan forme un sympathique contrepoint en mari désabusé mais toujours aimant.

The Lost King fait donc bien son travail, divertissant tout en racontant une histoire aux thèmes actuels, dénonçant le monde patriarcal dans lequel Philippa évolue tout en offrant un joli dénouement à son héroïne, encourageant à croire en ses objectifs même si personne d’autre ne le fait. Cela reste du récit classique car le scénario, aussi habilement construit soit-il, ne prend guère de risques (et Frears à la mise en scène n’en prend aucun non plus) mais cela nous suffit pour passer un agréable moment, on ne demandait finalement que ça.   

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