Scream VI : L’ennui des masques

Scream… Un titre évocateur en bien des choses, pierre angulaire d’une saga ayant décliné sa conception du néoslasher avec plus ou moins de pertinence au fil de ses cinq (et – de fait – désormais six) épisodes étalés que près de trente années de méta-cinéma directement associé au nom de son réalisateur Wes Craven et à celui de son scénariste Kevin Williamson. Vu et compulsé par tout un pan de la cinéphilie contemporaine, étudié et décortiqué dans certaines écoles de Cinéma et même visionné à renfort de rituels incluant ports du masque de Ghostface et seaux de pop-corn en bonne et due forme Scream premier du nom est – pour l’équipe de Close-Up Magazine – une authentique référence de Septième Art mêlant divertissement populaire, réflexion sur le genre du slasher et catalyseur d’une mythologie que ses successeurs n’ont jamais clairement égalé (à l’exception peut-être du quatrième épisode sorti au début des années 2010, certainement la meilleure de ses suites puisque essentiellement concentrée sur la dimension cinéphagique et obsessionnelle des fanboys de tout poil déjà tangible dans le film originel de 1996, ndlr).

Sorti l’année dernière et particulièrement attendu par les aficionados le cinquième épisode avait marqué un authentique point de rupture avec la tétralogie réalisée par Wes Craven du mitan des années 90 jusqu’en 2011 ; voulu comme un hommage au cinéaste disparu en 2015 Scream avait clairement divisé notre rédaction, certains l’ayant appréhendé comme une suite ouverte vers d’autres possibles lorsque d’autres n’avaient pas manqué de crier à l’injure et au blasphème sur fond de fan-service… Visible en salles depuis mercredi dernier Scream VI s’inscrit logiquement dans la continuité du film sus-cité, déjà parce qu’il est réalisé par le même binôme de cinéastes (Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin, ndlr), ensuite parce qu’il entame son récit dans la foulée des retombées du cinquième épisode, opus au coeur duquel une toute nouvelle génération de cinéphiles œuvrait à littéralement éliminer les personnages phares de la franchise (avec en point d’orgue le meurtre sanguinolent de l’agent Dwight Dewey siégeant au coeur du métrage, l’une des figures-clefs de la saga, ndlr)…

En un mot comme en mille, et en dépit des atouts relatifs de son prédécesseur Scream VI achève de dresser le constat sans appel d’une saga n’ayant plus grand-chose à raconter ou même à dire, se vautrant dans des gimmicks incessants comme autant de jump-scares inefficaces et visibles à des kilomètres et des ficelles héritées du whodunit complètement éculées et tournant vainement autour d’une palanquée de personnages à l’épaisseur psychologique réduite à peau de chagrin. En somme même le spectateur le plus ouvert aux nouvelles propositions découlant de la mythologie cravenienne aura ici bien du mal à déceler une quelconque forme d’originalité en la matière de ce nouvel opus : même scène d’introduction au contexte interchangeable mais se clôturant de manière prévisible par un meurtre à l’arme blanche en la personne du fantoche Ghostface, même déroulement didactique suivi de l’application des règles du genre par les figures platement et sommairement présentées par les réalisateurs, même révélation finale consistant à démasquer deux tueurs (ou tueuses ?) pour le prix d’un, et cetera, et cetera…

« On se fout des héros du siècle dernier« , scande cyniquement l’un des nombreux personnages creux de ce sixième épisode au détour d’une scène purement informative et passablement peu inspirée. Ainsi l’on se gardera bien de dévoiler les quelques maigres révélations et/ou coups de théâtre censés nous clouer à notre siège dudit nouveau métrage de la franchise (de Sidney Prescott ou de Gale Weathers qui passera donc à la trappe en succombant aux coups de couteau de Ghostface…?), préférant tenter de rendre grâce au film matriciel de cette hexalogie, meilleur film d’une saga se terminant par un chapitre aux allures de musée des horreurs moribond et poussiéreux, à l’image du morphing de Billy Loomis et d’une galerie de Ghostface proche de l’inventaire inconséquent et lénifiant. Une amère déception.

1 Rétrolien / Ping

  1. Édito – Semaine 11 -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*