Vesper Chronicles : Bel essai non transformé

Sur fond de science-fiction apocalyptico-futuriste, Vesper Chronicles défend un scénario écologiste assumé. Après des recherches sur diverses maladies, l’humanité répand un virus sur toute la surface de la terre, détruisant faune et flore de manière quasiment définitive. Subsistent seulement quelques richissimes personnes enfermées dans des citadelles dans lesquelles ils semblent pouvoir vivre dans l’opulence sans craindre le moindre souci, quand le reste de la population vit dans la pauvreté et l’espoir de survivre un jour de plus. Voici le postulat de base de cet univers somme toute classique, actuellement disponible sur myCanal et en dvd/blu-ray chez Condor Entertainment. À partir de là, nous suivons la jeune Vesper, issue d’une famille pauvre et dont le père, cloué au lit, a réussi à transférer sa conscience dans un petit robot qui les suit partout.

Sur la base du principe écologiste, l’univers se tient. Après la terrible pandémie qui nous a tous frappé, non seulement elle a éveillé quelques consciences et permis une multitude de scénarios dans cette voie, mais surtout, elle a rendu toutes les élucubrations plus crédibles que jamais. Dans le fond, on ne sait pas quels malheurs la nature est capable de nous réserver, ni quel scénario le plus invraisemblable est sur le point de nous tomber sur le coin du nez. On peut donc aisément imaginer tout et son contraire concernant l’avenir de la terre.

Ce qui est intéressant, c’est que Vesper Chronicles possède tout des univers les plus complexes et les plus complets. Tout le background du film, les personnages et le sort qui leur incombe sont des éléments d’intrigue globalement pertinents. Il y a certainement dans Vesper Chronicles tous les éléments les plus essentiels à un scénario absolument dantesque. Les espèces, la faune et la flore, les hiérarchies de classe, le mode de productions et de gestion des ressources sont tant d’éléments réfléchis qui crédibilisent l’univers. L’ordre établis des choses n’est pas orchestré de manière totalement aléatoire et suit une logique précise. De plus, le passé intrinsèque de cette histoire ajoute une dimension narrative cohérente et contemporaine aux problématiques environnementales. Le monde technologique est également très fort, bien qu’exclusivement en toile de fond et jamais explicitement mis en avant.

Malheureusement, on ne parvient jamais à être véritablement embarqué dans cette histoire pourtant fluide. Plusieurs éléments dénaturent trop profondément la force de cette production. L’un d’eux réside dans la justification du monde environnant. Si l’univers de Vesper Chronicles semble crédible et complet, il n’est que très rarement expliqué ou justifié. Tous les éléments sont balancés au fil de la narration de manière, à la fois chaotique au besoin de l’évolution de l’intrigue, et surtout jamais vraiment justifiés ou introduit correctement. Le résultat est que l’on découvre les choses sans réellement avoir le temps de s’y attacher ou de comprendre leur fonctionnement. Globalement, la soudaineté de certains éléments empêche de prendre du recul sur la situation et de mieux l’intégrer dans le scénario plus général.

L’autre élément est le manque de véritables enjeux. Le réel objectif de Vesper est de rendre les graines, qui permettent la production de nourriture, de nouveau fertiles et donc de s’émanciper des riches qui dirigent leurs vies. L’enjeu est finalement assez minime en comparaison de l’environnement dans lequel les héros évoluent. Il pourrait y avoir beaucoup d’événements très différents qui surviennent et modifient les enjeux ou les renouvellent. Il n’y en a finalement que très peu, survenant pour la plupart vers la fin. Laissant un énorme ventre mou en milieu de film où les personnages se tournent un peu autour les uns des autres. De plus, alors que la narration est relativement fluide, l’action, elle, manque d’impact et d’envergure. On peine à ressentir vraiment les conséquences de certains de leurs actes ou la logique de leurs actions.

En réalité, les bases thématiques de Vesper Chronicles sont énormes et nombreuses. L’histoire mériterait amplement un développement sériel à un simple long-métrage. La bio-hackeuse Vesper n’a pour but que de trouver une clef génétique permettant de rendre aux graines et aux plantes leur propriété originelle. Le problème étant qu’il ne peut s’agir là d’un objectif, mais bien d’une étape à franchir pour y parvenir. Avec un univers aussi poussé, on devrait pouvoir s’attendre à une héroïne qui cherche à renverser une hiérarchie des puissances déjà en place, ou littéralement sauver la planète. Il faut voir les choses en grand. Au même titre que l’action globalement mal amenée du dernier acte. L’histoire se contente parfaitement bien d’être une œuvre contemplative ou réflexive avant d’être un divertissement. Sombrer dans ce travers pour une scène mineure sans impact ou répercussion sur la suite nuit définitivement à son aura.

Quelque part, le scénario manque d’ambition. Visuellement, le film est marqué et identifiable. C’est un point important, car cela rend Vesper Chronicles plus impactant. Cependant, il manque de scènes phares, fortes et marquantes, qui permettent au spectateur d’être subjugué. À croire qu’à tous les postes, le film se contente du strict syndical. Le film est loin d’être dépourvu de points positifs, mais il se noie trop facilement dans la masse des films de cet acabit qui n’ont finalement pas grand-chose de plus à proposer que leur concept le plus personnel. C’est un peu triste, car on se retrouve vite à s’ennuyer devant une production qui semble pourtant tout posséder pour nous plaire.

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