Édito – Semaine 10

Après Quentin Tarantino (Once Upon a Time… in Hollywood), Damien Chazelle (Babylon) et Steven Spielberg (The Fabelmans), c’est au tour d’un autre réalisateur de clamer son amour pour le cinéma cette semaine puisque Sam Mendes, dans son Empire of Light sorti mercredi dernier, se concentre sur la vie de deux employés d’un cinéma dans l’Angleterre des années 80 et oppose à la violence de ces années-là la puissance du cinéma capable de guérir les âmes blessées et de s’évader de notre monde. Il est étonnant de constater que ces films sont presque devenus une mode pour les grands cinéastes actuellement (ça et revisiter leur enfance), comme si avec la crise traversée par les salles de cinéma durant le Covid, il était important de réaffirmer la puissance de ce lieu magique où les films qui y sont découverts ou redécouverts prennent une nouvelle dimension.

Il faut dire que plus que jamais, avec les actualités de plus en plus morbides et inquiétantes, le besoin de s’évader et de trouver dans une autre réalité un certain confort est primordial. Le cinéma permet de voyager, de traverser une autre dimension, de ressentir de fortes émotions et de mieux appréhender la vie. On sort toujours grandi d’une histoire que l’on nous a raconté parce que celles-ci contiennent toujours une part de vérité touchant à l’universel et à laquelle on peut se rattacher. Célébrer la puissance du cinéma apparaît dès lors comme nécessaire et salvateur face à la multiplication des plates-formes de SVOD attirant à elles de grands cinéastes désormais incapables de faire financer leurs films dans un Hollywood de plus en plus moribond.

Quentin Tarantino déclarait récemment que le cinéma hollywoodien traversait sa pire période et on peut difficilement lui donner tort tant Hollywood ne nous aura jamais semblé aussi morne, aussi aseptisé et aussi peu inventif, bannissant à jamais de ses productions le mot originalité pour lui préférer les mots franchise, reboot, univers étendu, requel, revival et spin-off. De quoi s’inquiéter c’est évident, on l’a déjà fait maintes fois dans nos colonnes (et les grands cinéastes américains ayant émergé dans les années 2010 se comptent sur les doigts de la main) et l’on comprend donc le besoin impérieux de faire redécouvrir aux gens que le cinéma est merveilleux à travers de fabuleuses déclarations d’amour. Et si Empire of Light est un film maladroit et écrit avec certaines grosses ficelles, il n’est jamais mauvais de se le faire dire encore une fois et de profiter de ce que le septième art a à nous offrir de plus beau.

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