Peu importe lequel, un film de Kinji Fukasaku est toujours et irrémédiablement un évènement. Une des plus belles perles de l’homme qui a certainement changé la face du cinéma moderne sans même le savoir nous arrive en colis express dans une édition limitée collector impressionnante chez Carlotta. Les évadés de l’espace, véritable successeur japonais au très célèbre Star Wars, est magnifiquement mis à l’honneur. Sorti juste après le premier volet de la saga initiée par Georges Lucas, le film a su rivaliser avec ce dernier. Le préquel de la série San Ku Kai fait peau neuve dans une version restaurée qui rendrait même Tarantino jaloux. L’histoire se déroule dans un futur plus ou moins lointain, un peuple a totalement asservi une planète au point d’en détériorer l’aspect et la végétation. Les représentants du peuple natif de cette planète, Jillucia, décident alors d’envoyer à travers l’espace, huit noix de Liabé. Celles-ci se chargeront de trouver les héros libérateurs telles des boules de cristal expédiées aux quatre coins de la galaxie.
Au-delà de l’aspect science-fictionnel, Les Évadés de l’Espace est une bonne excuse pour passer un très bon moment entre amis. Le côté cheap des décors et costumes n’enlève rien à son aspect dantesque, ce qui le rend d’autant plus captivant. L’histoire est en réalité bien pensée, mais à la fois un peu ridicule, à l’image de nombreux anciens films de séries B devenus cultes. Le schéma narratif n’a rien de véritablement innovant, au contraire, on reprend le fil conducteur le plus classique qui soit en l’incorporant dans le contexte fictionnel désiré. La petite touche qui change se révèle être la manière assumée de faire intervenir les personnages et les rebondissements du scénario. La réunification des personnages, les noix de Liabé qui tombent du ciel, les retournements de situation, les quelques deux ex machina les plus perceptibles, et cetera. On ne peut pas dire que l’écriture scénaristique fasse dans la dentelle de ce point de vue. Besoin d’un nouveau personnage ou d’une nouvelle aptitude ? On le rajoute à la scène d’après et tout le monde n’y verra que du feu. C’est factuellement faux, mais ce n’est pas aussi stupide que ça en a l’air. Lorsqu’on sait à quel point des scénaristes peinent parfois à intégrer de nouveaux éléments dans leur histoire, on se dit qu’il suffirait simplement de la rajouter, à l’image des Évadés de l’Espace, tant cela semble efficace sans gêner la narration. Après coup, on se souvient du déroulé et on l’accepte tel qu’il était, même si ça ne faisait pas totalement sens lors du visionnage. Une manière quelque part de faire un pied de nez aux scénarios par moment trop sérieux, usant de détours hasardeux pour mettre en scène leurs idées.
On peut par ailleurs y déceler certaines des prémices du genre super-sentai, d’autant que la série est originellement créée par Shōtarō Ishinomori, le père du genre. Acrobaties, jeu d’acteur approximatif et scénario secondaire font de ce type de production le choix parfait pour occuper un dimanche après-midi pluvieux, ou vous remonter le moral après une mauvaise nouvelle. Lorsqu’on connait la genèse de la création de ce style de production, autant vous dire qu’on a le droit d’en rire librement sans avoir honte. C’est même à demi-mot le but, on n’est pas si loin du cinéma bollywoodien. En seulement 1h30, vous aurez le privilège de redécouvrir les codes les plus éculés du genre en plus d’un mélange audacieux des genres et des cultures. Par cette simple association d’idées, Les Évadés de l’Espace est un film tout à fait remarquable et absurde de la cinématographie.
Ce coffret en édition limitée est plutôt bien fourni. Tout d’abord, la boîte est belle avec une superbe illustration de l’affiche du film, qui vendrait d’ailleurs particulièrement bien le film. À l’intérieur, un superbe livret du film qui explique certainement un tas de choses concernant le film et sa genèse, à condition que vous sachiez lire le japonais. Vous pouvez tenter de tout copier dans un outil de traduction, mais c’est écrit assez petit et ça semble assez fourni en information. Tant pis, on se contentera des images. Il y a également un poster qui ravira tous les fans de cinéma appréciant afficher leur culture cinématographique au mur. Enfin, il y a six cartes postales. Il s’agit d’un contenu dont l’utilité fait toujours un peu débat puisque peu de gens utilisent encore des cartes postales et celles d’un coffret deviennent forcément un objet de collection par la force des choses. En réalité, cela reste malgré tout un magnifique coffret pour une œuvre aussi singulière et inattendue que Les Évadés de l’Espace.
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