Édito – Semaine 9

Il y a quelques semaines nous râlions sur les nominations des Césars, déplorant l’absence de très grands films français de l’année 2022 comme Les cinq diables, Les enfants des autres et L’origine du mal. Et nous nous étions préparés, comme chaque année, à regarder la cérémonie et à râler devant tant les choix effectués par l’Académie et ses votants ont parfois tendance à ne pas refléter totalement une certaine objectivité artistique. Cette année, c’est avec surprise et beaucoup de joie que nous sommes entièrement d’accord avec le palmarès qui a su récompenser les films importants de l’année précédente dans les catégories les plus judicieuses.

Véritable réussite artistique mais aussi film majeur sur les violences faites aux femmes, La Nuit du 12 repart logiquement avec toutes les récompenses qui lui étaient dues, à savoir Meilleur Espoir Masculin pour Bastien Bouillon, Meilleur Second Rôle Masculin pour Bouli Lanners, Meilleure Adaptation, Meilleure Réalisation et Meilleur Film. L’innocent, véritable divertissement populaire qui avait créé la surprise en fin d’année a été récompensé du Meilleur Scénario Original et de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle pour une Noémie Merlant ici réinventée et qui révélait sa fibre comique. On ne se plaindra pas non plus de voir Virginie Efira enfin repartir avec le César de la Meilleure Actrice tant cela fait des années que la récompense lui passe sous le nez et qu’elle aurait déjà dû l’avoir depuis longtemps. Efira a d’ailleurs eu un joli discours où elle remerciait au passage les réalisatrices qui l’ont faite tourner, saluant une Rebecca Zlotowski dont on se demande encore pourquoi elle était absente des nominations. Benoît Magimel rentre quant à lui dans l’histoire du cinéma français en devenant le premier à recevoir deux années de suite le César du Meilleur Acteur, un très beau parcours pour l’acteur qui est revenu en grâce avec un charisme sans cesse renouvelé ces dernières années.

Mais si le palmarès est largement satisfaisant, la cérémonie ne s’est une fois de plus pas montrée à la hauteur, prouvant la difficulté des français à orchestrer ce genre d’événements là où cela semble naturel chez les américains. La présence de plusieurs maîtres de cérémonie n’a pas changé grand-chose au côté soporifique de l’ensemble et il aura fallu attendre l’arrivée surprise de Brad Pitt pour remettre le César d’honneur à David Fincher et les blagues d’un Jérôme Commandeur toujours aussi à l’aise pour nous réveiller un peu. Ils avaient promis cette année que ce ne serait pas interminable mais l’on déplore tout de même que les discours de remerciements soient limités à une durée d’une minute, laissant à peine aux lauréats le temps de rassembler leurs pensées et de nous livrer un discours émouvant. Ce temps limité en aura déconcerté plus d’un et s’avère être une très mauvaise idée, les organisateurs ayant confondu vitesse et précipitation. Pourquoi laisser Jamel Debbouze nous tenir la jambe près d’un quart d’heure dans un discours d’ouverture pénible si ce n’est pas pour laisser la parole à ceux qui comptent dans cette cérémonie, à savoir les lauréats ? On notera aussi la promptitude du groupe Canal à couper l’intervention d’une militante écologiste sans la laisser délivrer son message, le groupe appartenant à Vincent Bolloré n’étant pas aussi réactif dès qu’il s’agit de laisser Cyril Hanouna débiter ses âneries sur C8. Un palmarès de qualité pour une cérémonie toujours aussi laborieuse donc mais notons le progrès et espérons que les Césars reviendront l’année prochaine en ayant tiré des leçons de ses défauts passés.

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