Pulse : Vains battements par minute…

Les années 2020 sont et demeureront certainement des années fortement préoccupées par les questions de féminisme et de sociologie du genre, une décade au coeur de laquelle une pléthore de néologismes s’est par ailleurs vue apparaître dans la conscience collective : qu’il s’agisse d’acronymes (LGBTQ), de mots-dièse (hashtag aka #) ou encore d’anglicismes s’apparentant parfois à un curieux novlangue voulu fédérateur et inclusif à tout prix (wokisme, cancel culture, et cetera…) le langage sociétal – et par extension cinématographique – connaît aujourd’hui un véritable bouleversement identitaire, servant très souvent de point de départ pour un bon nombre de jeunes réalisatrices et réalisateurs au fait de leur époque…

Sans ambages, presque subrepticement la société mondiale a moins évolué que littéralement changé : une peur de l’Autre ou simplement de l’Altérité, alimentée par ce que certains extrémistes de tout poil appellent – un peu à raison, du reste – pornocratie ; une société où l’Homme et la Femme sont soumis quotidiennement à une hypersexualisation, elle-même immédiatement condamnée par ce que d’aucunes et d’aucuns nomment le male gaze à des fins souvent bien-pensantes et frustratoires. Une société telle que la nôtre n’est de ce point de vue pas en reste au regard de la haine que les femmes et les hommes se portent régulièrement, l’une se drapant dans un féminisme revanchard lorsque l’autre cultive paresseusement et lâchement une misogynie faite de raccourcis et d’idées réductrices concernant le sexe opposé… A cela s’ajoutent de nouvelles identités (binaires, non-binaires, cisgenre, et cetera…) sur lesquelles nous nous garderons bien de porter une once de jugement, mais révélant néanmoins un climat au coeur duquel le quidam moyen a bien du mal à se retrouver, témoignant d’un citoyen ou d’un simple individu forcément défini par sa tendance et son rapport à la question de genre tant vantée par les unes, par les uns et par les autres…

En même temps, l’un et l’une, l’une et l’un sont le manifeste de la société d’aujourd’hui, et il faudra – qu’on le veuille ou non – faire avec. Un point, c’est tout. A cet égard le premier long métrage de la jeune finlandaise Aino Suni (visible en salles depuis mercredi dernier) tient du véritable paradigme moderne et très « à la mode », racontant à son échelle de petit film indé-tendance l’histoire d’amour passionnelle et destructrice liant la jeune Elina à la belle Sofia sur fond de musique rap, romance adolescente perdue entre les contrées suburbaines finlandaises et la Côte d’Azur hexagonale : un paradigme qui n’a toutefois d’édifiants que sa surface et son emballage formel, sorte de drame teinté d’intimisme glauque prenant comme point névralgique la toxicité de la relation liant Sofia à Elina. En d’autres termes ce Pulse (Heartbeast en version originale, ndlr) coche toutes les cases socio-contextuelles flottant dans l’air du temps : homosexualité, jeunesse et/ou jeunisme trash revendiquant son authenticité, famille peu ou prou dysfonctionnelle, relation toxique allant de paire avec une certaine forme d’emprise et de narcissisme, et cetera, et cetera, et cetera…

Nous ne vous mentirons pas en vous avouant que la rédaction fut pour le moins partagée en ce qui concerne la qualité du premier film de Aino Suni : si certains y ont vu une expérience malaisante laissant presque sur le carreau au sortir de la projection les autres n’y ont vu qu’un simple objet tendance creux comme une coquille de noix et surtout très inabouti, surfant sur les mouvances contemporaines en prétextant une certaine « densité psychologique » balancée à renfort d’amour et de bons châtiments. L’auteur de ces lignes rejoint clairement le rang des contempteurs d’un premier film entièrement banal de son début jusqu’à sa fin, extrêmement mal interprété par un, une Elsi Sloan à l’expression torve et insipide et une Carmen Kassovitz lassante en lolita vulnérable et sans attraits. Pour sa part le film ne raconte rien de véritablement intéressant, se contentant paresseusement de déployer son racolage dramatique tout en se pliant sans courage aux normes d’aujourd’hui, et certainement de demain. Le film a cela pour lui, miroir d’une société où la haine et la défiance d’Autrui semblent avoir pris le dessus sur l’Amour et les bons sentiments avec lesquels – paraîtrait-il – nous ne pourrions accoucher que de mauvais films. Mais passons.

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