Ant-man et la Guèpe : Quantumania – Désastre quantique

C’est officiel, la phase 5 de Marvel est enclenchée avec ce Ant-man et la Guêpe : Quantumania. Ce qui semble également officiel est que le studio se met aussi à la série B. Le tant non-attendu troisième opus de la saga avait pourtant fait de belles vagues avec sa bande-annonce. Dynamique, colorée et intrigante, l’histoire paraissait prometteuse. En réalité, le superhéros des fourmis parvient sans cesse à provoquer cet effet chez les spectateurs avant de les décevoir une nouvelle fois. Après avoir abordé le multivers avec Spider-Man, ils s’attaquent aux fondements de la physique quantique et subquantique avec Ant-man. Un sujet déjà teasé lors du précédent opus et attendu depuis la péripétie du superhéros avec les Avengers. Un univers en plein milieu du monde infiniment petit. À force de présenter nos superhéros préférés sous toutes leurs coutures, Disney n’a pu s’empêcher de foncer tête baissée dans des scénarios de plus en plus sensationnels jusqu’à ce que leur narration leur file totalement entre les doigts. Désormais à charge d’histoires aussi ubuesques qu’impossibles à structurer, le studio ne sait plus rien faire d’autre qu’assassiner à petits feux ses licences les plus prometteuses.

Par où commencer ce carnage ? L’une des forces des studios Marvel depuis quelques mois est clairement celle de donner de plus en plus de fil à retordre aux critiques de ciné qui finiront vite par tomber à court d’inspiration pour exprimer à quel point leurs productions sont des navets. Depuis la 4ème phase, Marvel est clairement tombé dans l’écriture de concepts qui les dépasse. Si jusqu’alors Iron Man et sa Stark Industries étaient des exceptions dont les avancées technologiques et scientifiques restaient éparses et globalement crédibles, depuis quelques opus, un grand pas fut franchi. En effet, entre la jeune étudiante de génie de Black Panther : Wakanda Forever et la fille de Scott, les studios ne cherchent même plus à se casser la tête pour introduire des technologies du futur. Comme au bon vieux temps où les scénaristes n’y connaissaient rien en informatique et appuyaient sur trois touches d’un clavier pour hacker le système intégral d’une base aérospatiale ultra-sécurisée. Meilleur que McGyver, avec un circuit imprimé, un chargeur de téléphone USB-c et une batterie externe, vous avez le nécessaire du petit scientifique pour fabriquer un transpondeur subquantique à courant alterné avec rétroaction linéaire. Vous n’avez rien compris ? Ça tombe bien, c’était le but, car nous non plus. À croire qu’ils ont écrit le scénario avec l’aide d’un générateur de mots compliqués. Même les acteurs ne semblent pas vraiment croire à leurs trouvailles. Ils savent faire des trucs absolument incroyables, mais définitivement personne ne parait réellement capable d’expliquer pourquoi et comment. Et comble de tout, leurs recherches et tentatives n’ont jamais d’impact sur le monde environnant. Ils créent par exemple un petit appareil qui les aspirent dans le monde quantique ainsi que tout ce qui se trouve dans la pièce au point qu’ils sont totalement démunis face à ce minivortex improvisé. Et une fois de retour dans le monde réel, ce fameux petit trou noir n’a fait aucun dégât supplémentaire, mieux encore, il est gentiment allé se coucher dans son panier.

Si le scénario est infesté de raccourcis douteux et de facilités scénaristiques dantesques, il est également gangrené par une gestion chaotique de ses enjeux. Le pouvoir de Ant-man permet énormément de choses et son évolution à la dimension subatomique en décuple les possibilités. Si le superhéros est aujourd’hui aussi mal-aimé, ce n’est pas dû à un éventuel manque de potentiel. Il s’agit bel et bien d’une instabilité narrative qui s’accentue d’opus en opus et accable sans cesse davantage la crédibilité de sa vedette et des histoires qu’il subit. Ant-man et la Guêpe : Quantumania ne fait donc pas exception. La créativité des scénaristes se retrouve vite limitée. On lui invente simplement des univers infiniment petits qui ne sont finalement jamais exploités. Même les capsule corp de Bulma dans Dragon Ball ont plus d’intérêt. En outre, ils créent un portail vers ce nouvel environnement, assumant pleinement qu’il s’agit d’une nouvelle dimension et non uniquement de la version subatomique de notre monde. On y découvre alors tout et n’importe quoi. Le synonyme de créativité chez Disney semble être le terme « gloubiboulga » tant cela manque de véritable impact et de réelle logique. On pourrait se dire que c’est visuellement attractif, avec un paysage et un environnement naturel inédits. Ne soyons pas médisant, il y a un début de quelque chose. Visuellement, l’ambiance se tient, mais les nouveaux protagonistes se retrouvent assez vite être de banals humains, parfois même avec des pouvoirs. Il n’y a pas l’air d’avoir de concept de races en ce minuscule monde et quid de l’aspect bactériologique, atomique et virologique. L’antagoniste principal n’est en fait qu’un méchant quelconque qui sévirait dans une autre dimension comme Asgard avec Thor. Et ce manque de profondeur notable dans la saga Ant-man est symptomatique des nouvelles phases de Marvel. À force de faire des suites et des continuités de suites, tous les scénarios s’amorcent avec le postulat de base que les spectateurs connaissent l’univers sur le bout des doigts. Aucun intérêt de développer l’histoire ou de nouveaux enjeux par la suite. Peu de temps avant sortait Avatar deuxième du nom, à la durée indigeste de 3h12. Cela n’a pas empêché James Cameron de développer son univers une nouvelle fois et d’une manière absolument captivante. D’aucuns diront que c’est normal, car Peyton Reed n’est pas du même acabit que James Cameron, et c’est vrai. Il suffit de se donner les moyens de produire un long-métrage au-delà des attentes du spectateur et de contourner les caprices des producteurs au lieu de se contenter du minimum pour encaisser son petit chèque.

Même si l’ambiance se tient visuellement, elle reste très pauvre et n’est clairement pas digne de ce qu’un film Marvel, introduisant la phase 5 qui plus est, devrait offrir. Les tenues et de nombreux éléments paraissent vraiment cheap ou mal incrustés. Il n’y a pas de demi-mesure permettant d’apprécier à sa juste valeur la création originale. Il ne fait aucun doute que les délais de production y jouent, empêchant de fabriquer des décors et tenues dignes de ce nom. D’où l’effet série B calamiteuse que Ant-man et la Guêpe : Quantumania affichent. Les combats sont mous, les scènes lourdes et la mise en scène est on ne peut plus standard. La caméra se pose peu et apprécie difficilement les rares bonnes trouvailles visuelles. Dans le même temps, s’il s’agit d’un monde totalement nouveau et indépendant en termes de fonctionnement, la narration manque cruellement de moments de jeu avec l’image et de moments de flottements. Une chose bête mais qui fonctionne souvent est le zoom pendant une action d’arrière-plan, un procédé qui ne fait pas toujours l’unanimité, mais qui a le mérite de redynamiser une scène. Tout simplement, ici la caméra n’est qu’un simple outil et non un œil à part entière. Même sur le siège et dans le noir, on s’ennuie tant cela manque de rythme et de fantaisie. On pourrait également s’attarder sur les dialogues qui manquent clairement de spontanéité. Ils sont, pour une bonne partie, des non-informations, à savoir que les personnages sous-entendent des choses, mais ne disent pas quoi, et une autre partie est répétée une à deux fois. Autant dire qu’une fois qu’on a fait le tri, Ant-man et la Guêpe : Quantumania n’a plus rien à envier à The Artist en termes de dialogue. C’est d’ailleurs l’un des points les plus frustrants de cet opus. Peu importe le protagoniste, ils passent leur temps à dissimuler des informations de diverses importances.

Vous l’aurez compris, Ant-man et la Guêpe : Quantumania n’est pas l’opus qui ressuscitera le superhéros ni Marvel. Bien au contraire, l’histoire manque d’impact, de profondeur et d’écriture réfléchie de manière générale. Ils ont la poule aux d’or avec eux et ne sont finalement pas capables de proposer quelque chose d’élaboré. Le superhéros explore des contrées absolument insoupçonnables de notre monde, mais la narration ne s’oriente jamais vers cette piste, ni aucune permettant de définir correctement les nouvelles limites du monde dans lequel ils évoluent. Il y a tout de même une société et des communautés existantes qui permettent de se rattacher à quelque chose. Mais toute cette perte scénaristique frustrante nous empêche d’apprécier la moindre tentative à sa juste valeur. L’antagoniste lui-même manque de véritable intention, comme si l’on souhaitait préserver ses réels desseins pour un film futur. Toute cette mascarade finit de nous achever avec la scène post-générique introduisant Loki. Cela fait littéralement 1h30 que tout le monde sait de quel personnage il s’agit, mais cette fameuse scène nous est balancé à la figure tel un crachat au visage du perdant d’un combat de rue gisant au sol. Plus expéditif et grossier que cela, tu meurs. Elle n’est là que pour nous intimer à regarder la série et nous dire que Kang n’est nul autre que le méchant final. Même le Daily Bugle n’en voudrait pas comme scoop.

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  1. Édito – Semaine 19 -

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