
Jim, ingénieur en aéronautique chez ArianeGroup, se consacre depuis des années à un projet secret, suivant le rêve de son grand-père décédé : construire sa propre fusée et effectuer le premier vol spatial habité en amateur. Décidé coûte que coûte à accomplir ce périlleux exploit, Jim va cependant devoir apprendre à partager son rêve s’il veut le réussir et s’entourer d’une équipe. Soutenu par sa grand-mère, par un ami chimiste, par un ancien astronaute et par une jeune mathématicienne, Jim va-t-il accomplir son but ?

On ne cachera pas notre surprise à la lecture de ce pitch qui nous fait débuter le film avec une interrogation majeure : en tant que film français, va-t-il avoir les moyens (et va-t-il se les donner) d’aller jusqu’au bout de son idée et de réellement nous offrir une fusée qui décolle et un voyage dans l’espace ? On taira évidemment la conclusion du récit mais il est vrai que si une telle histoire avait été dans un film américain, nous n’aurions eu aucun doute quant à l’aboutissement du projet de Jim. Ici, la nationalité même du métrage fait planer le doute et l’on sent que Nicolas Giraud (dont c’est ici le deuxième film) l’entretient savamment, préférant avant tout placer son récit dans une forme de réalisme (s’adjoignant les services d’un astronaute en tant que conseiller technique) plutôt que de nous faire miroiter le spectaculaire.
Pourtant L’astronaute surprend et Nicolas Giraud, comme son personnage, s’est donné ici les moyens de ses ambitions. S’il est question d’être réaliste sur la nature même du projet, pas question de faire cheap et le budget est visiblement placé dans tout ce qui touche aux aspects techniques pour assurer la crédibilité du récit. Ce soin apporté aux détails permet à Nicolas Giraud de nous embarquer dans son film, collant au rêve d’un personnage qui a un peu trop la tête dans les étoiles (et qui, au premier abord, a du mal à générer l’empathie) mais dont le désir d’aventure et d’accomplissement nous est facilement identifiable. La galerie de personnages secondaires qui l’entourent (dont Mathieu Kassovitz, au jeu d’acteur s’affinant de plus en plus avec les années, son charisme naturel faisant le reste) viennent donner de l’ancrage au film tandis que la bande-originale composée par Superpoze offre une véritable balade émotionnelle, parvenant à rattraper presque toujours quelques moments de maladresse.

Car si l’ambition du film est à saluer et que le sujet est toujours fort appréciable (d’autant plus dans un film français qui cette fois, n’a pas une volonté de célébrer le collectif dans un effort social), L’astronaute n’est pas toujours convaincant, la faute à quelques facilités d’écriture dans le déroulement du récit et surtout des dialogues d’une lourdeur parfois embarrassante et dont le casting a bien du mal à se sortir. La première partie du film fait ainsi un peu peur mais l’acharnement de Nicolas Giraud à se coller à son héros sans jamais sacrifier le soin apporté à la mise en scène (quelques plans sont vraiment sublimes) et la passion de son personnage qu’il finit par nous transmettre jusqu’à un final réussi (et auquel on était pourtant partis à ne pas croire) achèvent de faire de L’astronaute une curieuse réussite à soutenir, apportant une énième preuve de qualité à l’éclectisme de plus en plus fort du cinéma français qui s’avère maintenant capable de nous faire rêver et de nous coller des étoiles dans les yeux comme Hollywood le faisait à une époque. C’est très fort.
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