Édito – Semaine 6

On parle souvent dans nos éditos des baisses de fréquentation que le cinéma subit : ces derniers temps, bonne nouvelle, les entrées dans les salles françaises sont au beau fixe. Le nouvel opus d’Avatar avait déjà donné la tendance (12,6 millions de spectateurs) mais Le Chat Potté – La dernière Quête (2,5 millions d’entrées) et Babylon (856 000 entrées, le film fonctionnant beaucoup mieux en France qu’aux Etats-Unis) ont également pris une bonne part du marché, faisant de nouveau espérer des jours heureux aux exploitants. Et ce n’est pas l’excellent démarrage de Astérix et Obélix – L’empire du milieu qui viendra inverser la tendance puisque le film de Guillaume Canet, malgré une promo maladroite de la part du cinéaste, a réalisé le meilleur démarrage depuis dix ans pour un film français avec plus de 463 000 entrées effectuées sur son premier jour d’exploitation en comptant également les avant-premières.

Si le film a ses virulents détracteurs, il n’empêche qu’il est parti pour rencontrer un immense succès public. Évidemment, cela en fera râler plus d’un et il est vrai que cela va conforter Guillaume Canet dans la position qu’il s’est octroyé de potentiel sauveur du cinéma français mais il faudrait également se réjouir d’être capable d’obtenir encore de tels succès à l’heure où le cinéma français affiche une nouvelle ambition dans le cinéma à grand spectacle (on attend la nouvelle adaptation des Trois Mousquetaires de pied ferme). D’ailleurs au sein de la rédaction, sans totalement en chanter les louanges, reconnaissant volontiers les limites de ce nouvel Astérix (notamment au niveau de l’humour), le spectacle a plutôt été apprécié pour ce qu’il est et nous sommes loin de cracher dessus comme beaucoup d’autres l’ont fait. Il ne fait aucun doute que la personnalité de Guillaume Canet joue contre le film, l’acteur et cinéaste étant parfois capable de se montrer hautain et agaçant tout en ayant néanmoins une certaine ambition de cinéma (même Lui, egotrip de sa part, nous a semblé vraiment intéressant jusque dans ses maladresses) et une envie de raconter des choses.

La propension du français à vite cracher sur les gens qui réussissent et sur ses propres productions à gros budget (là où ça ne le dérange pas de bouffer de la merde hollywoodienne à tour de bras) ne doit certes pas empêcher d’être lucide sur l’œuvre artistique imparfaite que représente cet Astérix mais l’on devrait se réjouir de voir le cinéma français revenir sur le terrain du cinéma de divertissement à plus grande échelle plutôt que de filer tous ses gros budgets aux comédies avec Dany Boon et Christian Clavier. Quitte à se planter, autant se planter en essayant quelque chose de différent, du moins dans le paysage actuel. Une chose est sûre, aussi clivant que puisse être cet Astérix, il aura au moins mis tout le monde d’accord sur un point : la version de Chabat reste indétrônable (mais à quand une édition blu-ray digne de ce nom pour un des plus gros succès du cinéma français ?).

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