Mad Heidi : Acte de naissance de la swissploitation

Chaud devant, préparez-vous à faire une overdose de fondue ! Vendredi 27 janvier, la plateforme de streaming Shadowz a ajouté à son catalogue une nouvelle pépite de genre juteuse, réalisée par Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein : Mad Heidi. Ce film indépendant suisse, entièrement financé par une campagne de crowdfunding (son budget s’élevant à 2 millions de francs), échappant complètement aux circuits conventionnels de l’industrie, a pour ambition d’être le tout premier film de swissploitation de l’Histoire. Objectif atteint avec ce petit bijou de violence absurde !

Mad Heidi se déroule dans une Suisse dystopique dans laquelle Meili (Casper Van Dien), un puissant industriel du fromage, a pris le pouvoir et a transformé ce beau pays frontalier en une dictature sanguinaire. Pour endormir la population et mieux la contrôler, Meili utilise sa recette secrète de fromage laveur de cerveau aidé d’une police militaire implacable menée par le Kommandant Knorr (Max Rüdlinger, sosie Suisse de Joe Pesci). Fort heureusement, une héroïne va naître et combattre l’oppression pour libérer le peuple suisse. Cette guerrière prend l’apparence de la jeune Heidi (Alice Lucy), une fille des montagnes élevée par son grand-père (David Schofield) et embarquée malgré elle sur le sentier de la guerre. Mad Heidi est une relecture tarantinesque du personnage emblématique d’Heidi, figure littéraire et folklorique suisse créée par l’écrivaine Johanna Spyri. Le film reprend beaucoup de personnages des romans et les parodie. Ainsi, Peter le Chevrier ami d’Heidi dans le roman devient alors Goat Peter (Kel Matsena), amant de la jeune fille et surtout dealer de fromage de chèvre illégal tandis que Fräulein Rottenmeier, la gouvernante austère et sévère devient dans le film Fräulein Rottweiler (Katja Kolm), l’instructrice du camp de concentration dans lequel Heidi est retenue prisonnière. Bref, un assortiment de petites références à l’œuvre originale qui rend d’autant plus savoureux cette série B.

Une série B certes, mais une série B qui se respecte. Malgré la manière dont le film a été financé et qui aurait pu présager d’un désastre de fabrication, Mad Heidi réussit à tromper son monde et à faire oublier qu’il a vu le jour grâce à un financement participatif. Alors qu’il devait initialement sortir sur le web, il évite habilement le piège du « film internet » comme certains films ou web-séries ayant été diffusés notamment sur YouTube dans les années 2010. Nous sommes en présence d’un film qui se veut être un film de cinéma et pour le cinéma, rendant par la même occasion ses lettres de noblesse au film d’exploitation. Ses personnages et son intrigue sont à la fois crédibles et bien développés, et même si l’actrice principale manque parfois de substance dans l’incarnation de l’héroïne, elle est portée par des acteurs secondaires excellents, notamment le carré d’as des méchants Meili, Kommandant Knorr, Fraülein Rottweiler et Dr. Schwitzgebel (Pascal Ulli). Ces quatre comédiens communiquent parfaitement au spectateur le plaisir qu’ils ont éprouvé à jouer ces vilains suisses, tenant davantage de la délicieuse caricature parfaitement cohérente avec le ton du film que d’un véritable rôle de composition.

Il en va de même pour sa mise en scène et ses effets spéciaux. Mad Heidi n’a pas du tout l’apparence d’un film sans production ni petit budget, les réalisateurs ayant privilégié le travail très détaillé des costumes et des décors naturels magnifiques de leur pays natal, ainsi que les effets spéciaux artisanaux à l’ancienne, comme le faux sang (qui marche toujours et ne sera jamais démodé). Même si, pour les rares effets spéciaux numériques d’explosion, nous sentons qu’ils n’ont pas le budget d’Avatar, le film garde son sérieux et équilibre sa mise en scène pour camoufler ses défauts et harmoniser le rendu final, une leçon de réalisation que tout apprenti metteur en scène devrait retenir.

Car c’est bel et bien là la réussite de Mad Heidi. Les réalisateurs nous prouvent qu’il est possible de faire un bon film ambitieux et spectaculaire avec une intelligence de mise en scène et de dosage qui masque complètement son budget riquiqui et son indépendance hors des circuits de production (qui, on l’espère, s’en mordent les doigts). C’est une série B plus que bien faite, rendant hommage au folklore Suisse et défendant les couleurs du pays dans le paysage cinématographique international. Après ce film, vous ne mangerez plus jamais une fondue de la même manière.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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