La fièvre de l’or : Pas de quoi s’enflammer

Après avoir édité Antoine et Cléopâtre, première réalisation de Charlton Heston, voilà que Rimini Editions a profité de ce début d’année 2023 pour sortir La fièvre de l’or, le deuxième et dernier film réalisé par l’acteur, qui fut à une époque l’un des plus charismatiques de tout Hollywood. On appréciera la cohérence de la ligne éditoriale de Rimini dont l’éclectisme n’est plus à présenter et c’est donc depuis le 3 janvier dernier que le film est disponible en combo Blu-ray + DVD.

Malheureusement, si Charlton Heston était un acteur hautement charismatique, il n’était pas un très bon réalisateur et nous avions déjà souligné ses faiblesses lorsque nous parlions de Antoine et Cléopâtre, adaptation shakespearienne qui manquait de souffle. La fièvre de l’or souffre du même problème avec en prime un scénario totalement inégal, écrit par Fraser C. Heston, le fils de Charlton. Un film fait en famille donc mais pour un résultat profondément bancal.

Le pitch est pourtant alléchant. Disparu alors qu’il explorait une forêt au nord de la Colombie-Britannique à la recherche d’un filon d’or, George n’a plus donné de nouvelles à sa femme Andrea ni à son meilleur ami Jean. Ceux-ci se décident alors à partir à sa recherche mais écrasent leur hydravion dans un lac. Ils font alors la rencontre de Silas McGee, vieux prospecteur vivant en ermite dans la région depuis trente ans et qui leur affirme ne pas avoir vu passer George. Mais Jean et Andrea se rendent bien compte que McGee ment et qu’il a quelque chose à cacher…

En lisant le synopsis du film, on imaginait bien un survival avec McGee en boogeyman des bois ou encore un vrai récit d’aventure. La fièvre de l’or n’est pourtant ni l’un ni l’autre, souffrant d’une tiédeur permanente dans l’approche de son récit, incapable de se coller à un genre. L’idée la plus intéressante du film, la réflexion sur la cupidité de l’être humain et des entrailles de la terre dévorant la raison de tous ceux qui s’y aventurent est celle qui bénéficie des meilleurs traitements de mise en scène, comme si Heston avait vraisemblablement compris que le cœur de son récit se jouait ici. Ainsi, toutes les scènes se déroulant à l’intérieur de la mine de McGee se montrent visuellement inspirées et offrent une tension franchement bienvenue.

Le problème est tout ce qui tourne autour, le scénario multipliant les rebondissements jusqu’à l’invraisemblance sans pour autant happer totalement le spectateur, ne choisissant jamais réellement par quel biais approcher le récit. La fable sur l’avidité humaine est donc totalement diluée par des scènes inutiles et étirées en longueurs tandis que Heston a bien du mal à tirer parti de ses acteurs. Nick Mancuso est bien en peine de charisme et Kim Basinger, alors débutante, n’a pas grand-chose à défendre (mais elle n’a jamais été une grande actrice non plus). Le show repose alors essentiellement sur ce bon vieux Charlton Heston, cabotinant comme jamais, accent écossais à l’appui dans un rôle qui aurait vraiment pu être fascinant s’il avait pu être dirigé. Mais l’acteur est ici en roue libre et n’a personne pour le brider, offrant un spectacle assez amusant mais bien loin de tirer le film vers le haut. L’ensemble, bien qu’étant indéniablement intrigant, n’est finalement qu’une œuvre mollassonne qui aurait pu être véritablement réussie en tant que série B s’assumant telle qu’elle est. De quoi être un brin déçus, on ne vous le cache pas.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*