The Witcher – L’héritage du sang : Fuyez pauvres fous !

Netflix ayant acquis les droits de l’univers de The Witcher créé par Andrzej Sapkowski, la plate-forme entend évidemment faire fructifier cet achat en produisant à la pelle du contenu autour de cet univers, quitte à frôler l’indigestion et à commettre l’irréparable. Et tandis que l’on garde une certaine tendresse envers la série The Witcher malgré ses nombreux défauts et que l’on s’inquiète à l’idée d’avoir Liam Hemsworth remplacer Henry Cavill pour la saison 4, Netflix a décidé de rajouter de l’huile sur le feu en produisant L’héritage du sang, mini-série de quatre épisodes dans laquelle absolument rien ne va, véritable nanar qui s’ignore et dont on se demande encore comment elle a pu être produite.

Se présentant comme une préquelle, L’héritage du sang a la volonté de raconter la Conjonction des Sphères, événement fondateur dans l’univers imaginé par Sapkowski, cataclysme ayant permis l’apparition de monstres issus d’autres réalités dans le monde du Sorceleur. Tout un programme à base d’apocalypse monstrueuse, moment clé d’un univers rongé par la noirceur et loin de tout manichéisme. Le problème c’est que personne dans l’équipe créative n’a vraisemblablement pris la peine de prendre le projet au sérieux et que les quatre épisodes constituant la mini-série sont un véritable exemple de ce qu’il ne faut pas faire aussi bien sur le plan de la narration que de l’interprétation et de la réalisation.

Si l’on passe outre les prises de libertés avec l’œuvre originale qui mettrait tout fan de Sapkowski en PLS, L’héritage du sang n’est en effet qu’un festival de débilité permanente où des acteurs au jeu approximatif tentent de se donner une contenance alors qu’ils avancent au sein d’une intrigue privilégiant les grossièretés et les blagues de cul bien fines plutôt qu’une réelle écriture avec des personnages et des enjeux travaillés. Cette espèce de version des Sept Mercenaires contre la méchante reine des Elfes s’avère bien rapidement impossible à prendre au sérieux et L’héritage du sang doit absolument être vu en permanence au second degré pour profiter au minimum d’une expérience autrement beaucoup trop douloureuse.

Ainsi, si l’on excepte le bel effort de l’actrice Mirren Mack dans la peau de la reine Merwyn (et l’effort du département costumes et coiffures qui s’est lâché sur le personnage), les acteurs de la série évoluent dans deux catégories différentes. D’un côté ceux qui ont compris qu’ils jouaient dans une production affreuse et qui font tout pour s’effacer en gardant un semblant de dignité (ce qui est visiblement le cas de Michelle Yeoh qui n’a rien à défendre) et de l’autre ceux qui ignorent (ou font semblant d’ignorer) que le résultat sera catastrophique mais qui tiennent trop à se faire une carrière pour relâcher maintenant et qui livrent une interprétation pleine de motivation mais mauvaise sans pour autant que l’on sache vraiment si c’est dû à l’écriture, à la direction d’acteurs ou aux acteurs eux-mêmes (probablement une habile combinaisons des trois).

On aimerait franchement trouver quelque chose à défendre dans ces quatre épisodes mais on reconnaîtra avec tristesse que L’héritage du sang se moque aussi bien de son public (qui ne s’y est pas trompé d’ailleurs, la série s’étant mangée une bardée de sales commentaires sur les réseaux sociaux, pour une fois la vindicte populaire a eu raison) que de l’art en général puisque les règles élémentaires de l’écriture scénaristique ou de la mise en scène semblent ici avoir été oubliées et on donnerait cher pour avoir un aperçu des coulisses de la série et du moment où les producteurs ont donné le feu vert à une telle indigence. Nous n’aurions pas été contre une bonne série B furieuse avec des monstres à défaut d’avoir un récit tragique à la trame parfaitement écrite mais nous n’aurons rien de tout ça ici et il faudra se contenter d’une blague récurrente sur les parties génitales d’un personnage en forme d’apogée imaginatif de la part des scénaristes… C’est donc avec une certaine colère que l’on vous conseille de passer votre chemin face à une telle monstruosité piétinant sans vergogne ce que Sapkowski a pu écrire tout en ayant de la gratitude que cet Héritage du sang ne dure pas plus longtemps, nous ne l’aurions certainement pas supporté.

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