À des millions de kilomètres de la Terre : c’est pas si loin

Réalisateur : Nathan Juran / Casting : Joan Taylor ; William Hopper/ Genre : science-ficion ; film de monstre / Compositeur : Misha Bakaleinikoff / Date de sortie : 1957 / Durée : 79 minutes / Pays : Etats-Unis

Synopsis : Un vaisseau spatial, envoyé sur Vénus pour explorer les plus proches planètes, s’abîme en mer lors de son retour sur Terre. A son bord, les membres d’équipage dont un seul survivra au crash, et le fœtus d’une créature vénusienne. Celle-ci, libérée grâce à l’innocente curiosité d’un enfant, profite de notre généreuse atmosphère pour se développer à chacune de ses respirations et devient une créature gigantesque à même de détruire une ville, voire plus si elle n’est pas arrêtée à temps.

Critique : Réalisé en 1957 par Nathan Juran (Le septième voyage de Sinbad), À des millions de kilomètres de la Terre fait partie de ces films qui vieillissent bien. S’il ne brille pas par la justesse du jeu des acteurs, malgré un très bon scénario, il se distingue par sa qualité technique. Une fois encore, le travail de Ray Harryhausen (Le monstre vient de la mer et Les soucoupes volantes attaquent) fait des merveilles. Qu’il s’agisse de l’éclosion de la créature, d’une lutte contre un éléphant ou de la destruction de structures colossales tout s’anime parfaitement. Mais le plus intéressant dans cette débauche d’effets spéciaux, c’est le traitement plastique et scénaristique de la créature. Nous la voyons naître, grandir et mourir, et forcement nous nous attachons à cette créature, victime innocente de la curiosité de l’homme et de notre atmosphère qui la fait croître de façon gigantesque. L’animation détaillée de sa physionomie, accompagnée de bruitages convaincants renforcent son incarnation et notre attachement.

Loin d’égaler le charisme du monstre et d’interpréter le rôle de leur carrière, les acteurs tiennent le film et permettent au récit de se dérouler. Nous retrouvons Joan Taylor, vue dans Les soucoupes volantes attaquent, William Hopper, John Zaremba et Frank Puglia. Au-delà du casting, ce qui est regrettable pour ce film, et pour tous ceux appartenant au même genre, c’est que les acteurs sont trop souvent négligés et livrent une performance qui ne fait pas honneur à l’histoire. Cela crée un décalage gênant entre le sérieux mis dans les effets spéciaux et la légèreté de leur jeu. Soixante ans plus tard, disons seulement que les codes étaient différents à cette époque.

Tout de même, le scénario de Christoper Knopf et Robert Creighton, bien qu’on puisse lui reprocher de trop grosses ressemblances avec le King Kong de 1933, réussit à nous captiver. Sa première partie, sorte de chassé-croisé dans lequel tout le monde à un temps de retard, a presque quelque chose de burlesque. Une seconde de plus ou de moins est la catastrophe aurait pu être évitée. Cette seconde n’existe pas et le scénario déroule inexorablement l’histoire tragique de cette pauvre créature mi-homme mi-reptile.

À des millions de kilomètres de la Terre est une pièce de collection du film de monstre qui mérite d’être découvert par tous les curieux du genre et par tous ceux avides de voir le travail d’artistes qui ont fait la magie du cinéma.

Bonus DVD

– En plus de la version originale en noir et blanc, Sydonis Calysta propose dans cette nouvelle édition, la version colorisée du film. Le travail réalisé est bluffant et au-delà de la simple prouesse technique, la couleur apporte un vrai plus à l’histoire. Certaines séquences gagnent en intensité et la créature est rendue encore plus attachante.

– A cela s’ajoute un petit documentaire sur le processus de colorisation utilisé et développé par la société Legend Film, pionner de la restauration et de la colorisation des films en noir et blanc. A l’aube de l’an 2000, le CEO de l’époque raconte comment l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies, encore balbutiantes, servent à la préservation du cinéma. Si Ray Harryhausen n’entend pas très bien comment fonctionne cette technologie, il en apprécie, comme nous, la qualité et le rendu.

– Impossible d’imaginer un film de monstre sans musique, c’est pourquoi nous pouvons découvrir un portrait de Misha Bakaleinikoff, compositeur considéré comme un « héros méconnu de la musique des films de monstres ». Nous découvrons son travail et ses partitions étonnements « simples, composées de quatre notes et déclinées en plusieurs versions. « Pas besoin d’être sophistiqué, mais efficace », entend-on dire parmi les interviews enrichissantes.

– Et enfin, comme dans Les soucoupes volantes attaquent, nous retrouvons Ray Harryhaussen qui nous raconte son travail sur la création de la créature, témoignant une fois encore de sa passion pour le cinéma et les effets spéciaux. Passion si forte qu’elle inspira des générations de techniciens et de réalisateurs, dont quelques-uns évoquent l’influence qu’a eu Ray Harryhaussen dans leur carrière.

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