Bilan de l’année 2022 : Top / Flop et Palmarès de la rédaction

On l’a suffisamment dit : 2022 a été une année difficile pour le cinéma. Difficile en termes de fréquentations, le public semblant de plus en plus insensible aux différentes propositions qui lui sont faites, privilégiant encore et toujours les franchises au détriment de propositions plus indépendantes mais beaucoup plus intéressantes. Bien entendu les succès de Terrifier 2, Smile ou encore Everything Everywhere All At Once aux Etats-Unis et les belles entrées effectuées par Novembre ou encore L’innocent chez nous viennent démentir cette affirmation mais ce qui est une singularité ne devrait pas l’être. Se terminant sur un succès au box-office qui n’était pas forcément gagné d’avance (Avatar : la voie de l’eau, suite arrivant 13 ans après le premier opus et qui se devait de cartonner pour être rentable), 2022 laisse augurer une année 2023 bien meilleure, en tout cas en termes d’entrées.

Car 2022 a une nouvelle fois été une année riche pour le cinéma. À l’exception de toujours les mêmes cinéastes de plus en plus exposés à un flop au box-office (Paul Thomas Anderson, Guillermo Del Toro, Robert Eggers, Jordan Peele, James Gray, George Miller et James Cameron évidemment), le cinéma américain se fait de plus en plus morne (Jurassic World : le monde d’après représente le pire de ce qu’Hollywood est capable de faire) même si The Batman, Top Gun : Maverick et Avatar constituent encore la preuve que l’on peut allier blockbuster avec une vraie forme de cinéma.

La nuit du 12

Mais il faut surtout saluer les autres propositions de 2022 qui ont été d’une richesse franchement épatante, qu’on lorgne du côté du cinéma français (La nuit du 12, La vraie famille, Les cinq diables, L’origine du mal, Revoir Paris, Les enfants des autres, Novembre, L’innocent, Chronique d’une liaison passagère, Les Pires) ou d’ailleurs (As Bestas, Decision to Leave, Leila et ses frères, Les nuits de Mashhad, La conspiration du Caire, The Chef, Vesper Chronicles, El Buen Patron, Compétition officielle). La preuve que même si la SVOD continue d’attirer dans son giron de grands cinéastes (Andrew Dominik, Alejandro Gonzalez Inarritu, Noah Baumbach et même Guillermo Del Toro), c’est bien sur grand écran que les choses importantes se passent pour les films et qu’il faut continuer de le lorgner et de s’y plonger.

D’ailleurs en voyant les différents classements effectués par chacun des rédacteurs, vous verrez que l’éclectisme a une fois de plus été de mise cette année même si certains titres ont eu rapidement tendance à nous mettre d’accord, évitant ainsi de justesse l’habituelle empoignade qui suit le dévoilement de nos classements. Voici donc le grand bilan annuel avec plein de bons films en stock, comme d’habitude !

Palmarès Close-Up

Meilleur film de l’année

Avatar : La voie de l’eau

Meilleure réalisation de l’année

James Cameron pour Avatar : La voie de l’eau

Meilleure interprétation féminine de l’année

Marina Foïs pour As Bestas

Meilleure interprétation masculine de l’année

Denis Ménochet pour As Bestas

Meilleur scénario de l’année

Daniel Scheinert et Daniel Kwan pour Everything Everywhere All At Once

Prix Spécial de la rédaction

Armageddon Time

Mathieu Le Berre

Top 5 Films

1- As Bestas : Rodrigo Sorogoyen réalise un thriller prodigieux terriblement suffocant.

2- Nightmare Alley : Guillermo Del Toro ne déçoit jamais, preuve en est avec cette grande toile de maître. Ce film noir fantastique embrasse son nihilisme jusqu’à l’extrême sans la moindre échappatoire.

3- Licorice Pizza : Enivrant et solaire, PTA signe un énième chef d’œuvre. Le voyage amoureux débute d’entrée de film pour un chassé-croisé vertigineux. Magistral.

4- La nuit du 12 : Dominik Moll continue à nous étreindre au cœur d’une enquête judiciaire obsédante. La Nuit du 12 est l’un des films marquants de 2022.

5- The Chef : Un exercice brillant allant au bout de son processus essoufflant, chaque personnage existant par un mouvement de caméra intuitif. Un thriller culinaire oppressant nous intégrant tel un protagoniste actif au cœur de cette soirée décisive dans ce restaurant. À voir urgemment.

Flop 5 Films

1- The Northman : Film d’aventure folk barbare asthmatique qui n’apporte rien à un genre éculé et enivrant. La mise en scène de Robert Eggers est péteuse. Autant se faire plaisir en revoyant encore et toujours Conan le Barbare, Apocalypto, Pathfinder voire 10.000 de Roland Emmerich.

2- Jurassic World : Le monde d’après : La saga devient sa propre caricature. Que c’est triste…

3- Buzz l’éclair : Désespérant. Pourquoi ?

4- Scream : Après Halloween, c’est au tour de la saga Scream de regarder dans le rétroviseur bien malgré elle. Une déception désespérante de vide dont le seul atout est des séquences de meurtres graphiques iconisant Ghostface avec jubilation.

5- Citoyen d’honneur

Top 5 Découvertes de classiques en 2022

1- Chère Louise

2- Un vrai crime d’amour

3- Les crocs du diable

4- Casque d’or

5- Archimède le clochard

Alexandre Coudray

Top 5 Films

1- Decision to leave

2- Licorice Pizza

3- Armageddon Time

4- As Bestas

5- Leila et ses frères

Flop 5 Films

1- Jurassic World : Le monde d’après

2- Thor : Love and Thunder

3- Scream

4- BigBug

5- Avalonia, l’étrange voyage

Top 4 Séries

1- Better Call Saul (Saison 6)

2- House of the Dragon (Saison 1)

3- Euphoria (Saison 2)

4- Andor (Saison 1)

Anthony Verschueren

Top 5 Films

1- Avatar : La voie de l’eau : Difficile de ne pas faire comme 99% des tops que vous auriez l’occasion de lire cette année. C’était couru d’avance que le nouveau film de James Cameron trusterait le haut du classement d’énormément de monde. Film-somme qui convoque l’entièreté du cinéma du cinéaste de Terminator à Titanic, en passant par Abyss voire même True Lies, Avatar 2 nous rappelle en permanence à quel point Cameron est un immense cinéaste. Le réalisateur explore toutes les thématiques qui lui sont chères depuis toujours (l’écologie, la sensibilisation à la cause animale, l’amour) avec une détermination inégalable. Nul besoin de rappeler combien il met à l’amende les dix dernières années de blockbusters tant il surplombe la masse avec une élégance folle. Pendant plus de trois heures, Cameron nous prend par la main et nous rassure sans cesse en nous confiant : « ne t’inquiète pas, tu as payé pour avoir du grand spectacle, tu vas en avoir pour ton argent ». Avatar 2 est une fresque grandiloquente, un sacré morceau qu’on avale avec une boulimie extatique. La notion d’héritage parachève les solides fondations d’un film monstrueusement beau, déroutant et percutant. Nous avons longtemps fantasmé ces longues retrouvailles, nos 13 années d’attente ont été dûment récompensées. Merci James !

2- Top Gun : Maverick : Il n’y a pas que James Cameron qui est venu nous rappeler combien les blockbusters se doivent d’honorer leur public. S’il commence comme un remake déguisé, Top Gun Maverick vire rapidement vers une rétrospective : celle de Tom Cruise qui fait le bilan d’une carrière sacrément remplie. L’un des derniers défenseurs d’un spectacle honnête et sans tricherie ressuscite le film qui a fait de lui une vedette et nous emporte au cœur d’un spectacle tonitruant à nous scotcher sur le siège à vitesse Mach-10. Se permettant de faire un baroud d’honneur à Val Kilmer dans une séquence déchirante d’émotion, Top Gun Maverick est clairement LA surprise qu’on n’espérait pas et qui nous a régalé tout l’été durant.

3- Les vedettes : Clairement la meilleure comédie de l’année. Le Palmashow était attendu au tournant après un premier long métrage qui avait enchanté les fans. Choisissant de ne pas s’enfermer dans leurs acquis, les deux comédiens proposent une chronique des jeux télévisés avec tout le mordant et le piquant qu’on leur connaît. On ne rit pas à s’en déchirer les tripes, non, l’humour se montre bien plus subtil et dosé. Ludig et Marsais parviennent à instaurer un vrai rythme qui ne déchante jamais. On rit de bon cœur à chaque séquence et ce n’est pas chose aisée que de réussir à tenir la barre d’une comédie sans jamais dériver. La réussite est due à une richesse d’écriture qui démontre un amour profond pour ses personnages. Sans compter sur l’avènement d’un personnage devenu instantanément iconique au sein de répertoire du duo : Simplement Dan et sa chanson entêtante qu’on ne se lasse pas d’écouter en boucle. Les Vedettes a été sacrément boudé en salle et mérite sans conteste la troisième place de notre podium tant son potentiel nous étonne toujours autant après plusieurs visionnages.

4- As Bestas : Un thriller tendu qui vous attrape à la gorge dès ses premières minutes et qui vous empêche de respirer pendant plus de deux heures. Si la comparaison avec Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah est inévitable, As Bestas se démarque rapidement de son modèle pour nous emmener au cœur d’un conflit où la violence se veut permanente et à tous les niveaux. Denis Ménochet prouve à nouveau qu’il est un de nos meilleurs acteurs quand Marina Foïs confirme qu’elle est une grande parmi les grandes. As Bestas ne cède jamais aux conclusions faciles ni aux provocations gratuites. Le film triture toute la noirceur de l’âme humaine afin de renvoyer les hommes qu’il décrit à leur simple condition de loups parmi les loups. Assurément un très grand film.

5- Inexorable : Lorsqu’il s’agit d’explorer les profondeurs de l’âme, Fabrice Du Welz est loin d’être né de la dernière pluie. Avec Inexorable, il revisite les fondations de Shining pour s’offrir une chronique insidieuse d’une famille bourgeoise sur laquelle pèse de lourds secrets à deux doigts de voler en éclat. Benoît Poelvoorde et Mélanie Doutey étonnent par leur capacité à alimenter une violence sidérante qui déteint indubitablement sur leur fille (la scène de danse restant l’une des séquences les plus terrifiantes de l’année tant filmer un personnage en état de transe n’a jamais été aussi proche du réel). Mais la révélation du film demeure Alba Gaia Bellugi hallucinante de vérité dans son rôle de manipulatrice torturée. Sans conteste le meilleur film du réalisateur à ce jour.

Flop 5 Films

1- Scream : On ne va pas revenir en détail sur notre plus grosse colère de l’année, nous nous sommes déjà bien étendus à son sujet au cœur de notre chronique. Scream est un film mort-né, une anomalie consanguine contaminée à la source par des fans qui sont incapable de transcender le matériau qu’ils adulent tant. A coup de discours méta qui décortiquent le méta du méta du méta, Scream ne sert qu’une succession de séquences à peine digne, si tant est qu’il sache ce qu’est la dignité. Ne reste qu’une mort brutale d’un personnage iconique de la saga qui a le mérite de le délivrer d’une histoire qui n’a ni queue ni tête. Se faire ôter une fistule anale provoque clairement plus de sensations que l’entièreté de cette bouse infâme.

2- Bruno Reidal : Vouloir retracer les mémoires d’un criminel atypique de notre histoire partait d’un bon sentiment. La première demi-heure laisse présager le meilleur : cadrages judicieux, violence suggérée afin de limiter le voyeurisme facile et acteurs plutôt convaincants. Puis vient le fameux sujet de la masturbation qui ne quittera plus jamais les pulsions de son tueur… A partir de ce moment, Bruno Reidal bascule dans une déferlante gerbante pro-chrétienne cloîtrant toute forme de nuance. Sans compter un épilogue qui annihile la belle ouverture où la violence est montrée vulgairement et frontalement sans raison équivoque. Bruno Reidal ou l’art de se saborder dans les règles. A oublier urgemment.

3- BigBug : Nous vous en avions longuement parlé au sein de notre chronique, BigBug n’est vraiment pas un bon film. Discours pompeux, univers parasité et acteurs aussi charismatiques que des calamars épileptiques… il n’y a vraiment rien à garder de ce film qui, plusieurs mois après l’avoir découvert, ne nous a rien laissé à part un trou noir abyssal dans notre mémoire.

4- The Texas Chainsaw Massacre : Une fois encore, notre longue chronique fait foi concernant notre avis sur ce film qui n’a pas changé d’un iota. C’est aussi moche et incohérent qu’une sex-tape de Marc Dutroux avec une quinquagénaire édentée (à l’image des dents rouillées de la vieille tronçonneuse de Leatherface qui peine à se relancer). Vous n’aimez pas l’image qu’on vient de vous mettre dans le crâne ? Alors imaginez la torture éprouvée devant ce film…

5- Don’t worry darling : Vous avez vu Get Out ? Vous avez vu The Truman Show ? Oui ? Alors, circulez, il n’y a rien à voir. S’il part d’un postulat hyper intéressant, Don’t Worry Darling ne transcende jamais son sujet. Traiter de la masculinité toxique demeure essentiel dans une époque où la déconstruction est plus que nécessaire. Seulement, le film ne dépasse jamais ses intentions et reste éternellement en surface pour notre plus grand désarroi. Ne reste qu’une impressionnante Florence Pugh qui crève l’écran par son charisme, sa simplicité, son naturel et son implication pour tenter d’élever le débat plus haut. Un beau gâchis en somme.

Top 4 Exclus Shadowz

Pour terminer, revenons rapidement sur les 4 meilleures exclusivités Shadowz de l’année. Quand bien même notre film préféré vient de disparaître de la plateforme pour une durée indéterminée (questions de droits de diffusions sans aucun doute, mais Shadowz a promis qu’il reviendrait rapidement dans sa grille des programmes), il était impensable pour nous de ne pas l’évoquer une dernière fois.

1- Deadstream

2- Beyond the infinite two minutes

3- Tiny Cinema

4- Wrinkles the clown

Aymeric Dugénie

Top 5 Films

1- Les mystères de Barcelone

2- The Batman

3- Everything Everywhere All At Once

4- Novembre

5- After Yang

Flop 5 Films

1- Men

2- Scream

3- Morbius

4- Sonic 2

5- Zaï Zaï Zaï Zaï

Top 3 Séries

1- Andor (saison 1)

2- Oussekine

3- Tales of the Jedi

Mention Spéciale : Alice in Borderland (Saison 2)

Flop 3 Séries

1- How I Met Your Father (Saison 1)

2- The Walking Dead (Saison 11)

3- Obi-Wan Kenobi

Thomas Chalamel

Top 5 Films

1- Armageddon Time : En bon fils prodigue du drame familial new-yorkais James Gray retourne aux sources d’une enfance perdue puis miraculeusement retrouvée, signant par la même occasion son plus beau film, ou du moins son plus bouleversant. Un sujet particulièrement personnel prenant comme point névralgique la tangente des âges adolescents sur fond d’ère reaganienne imminente. Plus qu’une identité, Armageddon Time réserve une authentique personnalité de Cinéma avec un grand C, forcément. Cerise sur le gâteau : un Anthony Hopkins au beau soir de sa carrière, magistral et confondant de naturel, comme souvent. Du très, très grand Art.

2- Decision To Leave : Faux-polar d’une rare brillance formelle et scénaristique et vrai mélodrame sur un flic apprêté et obsédé par sa principale suspecte : Park Chan-Wook dynamite sa mise en scène et sa narration et redonne un bon coup de collier au cinéma sud-coréen, moins visible en Occident depuis quelques années. Comme souvent chez Park c’est retors et palpitant tout en étant empreint de fulgurances saugrenues et fascinantes, et encore une fois magnifié par la musique élégiaque de son compositeur attitré Young Yuk-Cho, avec en point d’orgue un final sublime et émotionnellement dévastateur. Magnifique.

3- Vortex : Gaspar es-tu là ? Oui. Envers et contre tous, l’ami Noé se réinvente une fois encore avec ce mélodrame mettant en scène le quotidien de deux septuagénaires en fin de vie dans un dispositif proprement sidérant : 140 minutes de split-screen séparant ses deux interprètes principaux que sont Dario Argento et Françoise Lebrun, tous deux imparables de justesse et d’émotion. Dès l’ouverture accompagnée d’une Françoise Hardy psalmodiant quelque mélancolie lancinante et lacrymale Vortex nous happe le corps et le coeur à des fins ravageuses, témoignant d’un artiste pourvoyeur de sensations fortes et indélébiles. Expérience psycho-sensorielle et émotionnelle assurée. L’un de ses plus beaux films.

4- Avatar : La voie de l’eau : Il aura fallu attendre treize ans pour découvrir la suite de l’un des plus grands succès commerciaux de tous les temps, le désormais incontournable Avatar de James Cameron ayant à l’époque annoncé la mort du 35mm et l’avènement de la 3D… Treize ans d’attente pour un résultat très, très au-dessus de nos espérances. Filmé en HFR et de nouveau en trois dimensions cette suite des aventures de Jake Sully et des na’vi sur la Planète Pandora est un spectacle visuel en tout point flamboyant et littéralement impressionnant, concert d’images toutes plus resplendissantes les unes que les autres… A voir, à revoir et à revoir encore et encore (et impérativement) dans une salle obscure et sur très grand écran, promesse d’une crise cardiaque rétinienne largement tenue par le nabab des SFX. Exceptionnel, rien de moins.

5- Inexorable : On l’aime ce Fabrice Du Welz, et ce depuis son premier Calvaire, coup de coeur du cinéma de genre des années 2000 et gros malaise psychologique et formel digérant admirablement ses multiples – et belles – références. Après un Adoration superbe et proche de la comptine enfantine et admirablement lyrique le cinéaste belge se fraye un chemin dans le home invasion avec cet Inexorable beau jusque dans son titre. Poelvoorde retentissant, Doutey magnétique, Gaïa Bellugi sublimement perverse : gros tour de force pour le cinéaste signant là son film le plus abouti formellement, notamment grâce à la somptueuse photographie de Manuel Dacosse reprenant à rebrousse-poil la logique kubrickienne consistant à générer la peur au travers des lumières aveuglantes de son Shining… Mi-diurne, mi-nocturne Inexorable fait de fait figure de petit chef d’oeuvre pittoresque et atmosphérique. Excellent.

Flop 5 Films

1- Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon Dieu ? : Clavier et Lauby allongent les lieux communs du racisme ordinaire déguisé en un politiquement correct, bête et discipliné carrément crasse et inepte. Les millions de français tels que moi ne ne sont pas trompés en allant voir cette bouse immonde de la Chauveronnie nationale, répondant ainsi à la question inclusivement sous-tendue dans son intitulé en la forme d’une autre interrogation confondante d’affliction : qu’avons donc nous fait pour mériter ça ? Black, blanc, beurk.

2- Selon la police : Téléfilm punitif car extrêmement mal joué, plat comme une planche à pain et relou comme un char à voile… Très, très mal filmée et complètement dispensable cette plongée en apnée dans le quotidien anémique d’un commissariat français ne lésine pas sur les gros sabots doublés d’une théâtralité gentiment insupportable. Pas nul, mais c’était moins une…

3- Irradiés : Documentaire au dispositif clairement douteux, esthétisant à outrance une succession de visions d’horreur tout à fait indigestes. Il semblerait que la dimension empirique du film de Rithy Panh ne serait plus à prouver… Personnellement j’ai trouvé ça creux et fort mal à propos, et en outre furieusement limité dans sa portée. J’ai détesté.

4- Adieu Paris :  Insupportable. La crème de la crème des riverains de gauche et de droite du Tout-Paris cinématographique : Prévost, Arditi, Damiens, Poelvoorde, Baer et son physique de pubard à claquer… Ça pue l’entre-soi métropolitain et l’alibi filmique rédhibitoire, prétexte pour cette galerie de dinosaures lassables à s’offrir quelques libations et autres gueuletons des familles… Bon sinon y’a Depardieu. Étonnant, non ?

5- Pacifiction – Tourment sur les îles : Pensum de plus de deux heures constituées de longues minutes elles-mêmes constituées de longues secondes. Albert Serra convoque Benoît Magimel pour emprunter la peau d’un personnage tout bonnement à gifler de plus en plus fort à mesure que les scènes se suivent… et se ressemblent. C’est juste une inqualifiable perte de temps et de bonne humeur ce truc, trop chiant pour mériter le beau titre d’expérience contemplative et pas assez moche pour être un tantinet sympathique et attachant. Un navet, rien de moins.

Nicolas Levacher

Top 5 Films

1- Everything Everywhere All At Once

2- EO

3- Bruno Reidal

4- The Innocents

5- Leila et ses frères

Mentions spéciales aux pépites de l’animation que sont Icare, Inu-Oh, Ma Famille afghane, Unicorn Wars, La Maison, Junk Head et bien d’autres !

Flop 5 Films

1- BigBug

2- Scream

3- The Privilege

4- L’enfant du mois de Kamiari

5- Carter

Léo Cohen

Top 5 Films

1- Avatar : La voie de l’eau : James Cameron (ou Jésus Christ pour les intimes) nous montre encore une fois qu’il est le plus grand réalisateur de notre époque avec cet idéal de film populaire à gros budget dénué de cynisme. Il ne fait plus aucun doute que cette saga représentera ce qu’était le Seigneur des Anneaux pour les années 2000 ou les premières phases du MCU pour les années 2010. Peu de films m’ont laissé dans un état d’extase plus de dix minutes après la fin de la séance et celui-ci en fait partie.

2- Trois Mille Ans à t’attendre : Les adeptes du cinéma de Georges Miller hors Mad Max, n’ont pas pu passer à côté du synopsis de ce film-somme aux thématiques cosmogoniques limpides, servi par une direction artistique sublime, une magnifique histoire d’amour, un Idris Elba enfin dans un bon rôle et surtout le regard érudit d’un sage sur notre monde en pleine déliquescence. Un film destiné à trouver sa postérité avec le temps malgré son échec en salle. Ici encore, le cynisme n’a pas sa place.

3- Armageddon Time : Suite à la production difficile d’Ad Astra, James Gray revient avec un petit film intimiste narrant la vie d’une famille juive dans les années 80 et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de la sienne. Le point de vue réaliste de son soi enfant, développant à peine ses envies de carrière artistique, nous gratifie d’un regard acide et mélancolique sur cette époque trop souvent fantasmée. Son meilleur film.

4- Everything Everywhere All At Once : Film d’un nouveau genre, les Daniels ont enfin réussi à digérer l’esthétique chaotique d’internet au sein d’un propos lumineux sur notre rapport à la violence et au cynisme (oui encore lui). Des dizaines d’idées de mise en scène à la seconde pour un plaisir sensoriel de tous les instants. Difficile pour les réalisateurs de surpasser le sommet qu’ils ont eux-mêmes construit. Gardons néanmoins espoir pour leurs prochains projets au vu du succès de celui-ci.

5- Pinocchio (version Del Toro) : 2022 aura été une année chargée pour Del Toro entre la sortie de Nightmare Alley, de son Cabinet des Curiosités sur Netflix et de cette nouvelle adaptation de Pinocchio qui porte son nom. En dehors du régal visuel que nous offre à voir le film, c’est bien son propos sur la désobéissance et surtout son final dévastateur émotionnellement qui marqueront la puissance de cette œuvre en tout point De Torienne (oui c’est permis, c’est la fin d’année). À rattraper d’urgence si ce n’est pas déjà fait, au moins pour voir la dépiction savoureuse de Mussolini dans le film.

Mention spéciale : RRR est le film qui m’a sorti de mon ignorance envers le cinéma indien toujours plus riche en découvertes. Si l’on évacue Avatar du calcul, il s’agit du plus grand film d’action de cette année, pourtant pas avare dans le genre. Une puissance de cinéma qui pourrait presque rivaliser avec celle de James Cameron grâce à des scènes dantesques qui restent gravées dans nos esprits des mois après son visionnage. Vous ne trouverez pas de meilleur film à regarder avec des amis légèrement alcoolisés. Naatu forever !

Flop 5 Films

1- Jurassic World : Le monde d’après : L’exemple inverse d’Avatar. Il représente ce qui peut se faire de pire au sein de la production de Blockbusters actuelle. Le film donne l’impression d’avoir été écrit par des algorithmes cherchant à cocher toutes les cases nostalgiques possibles, nous laissant assister à un spectacle mortifère absolument révoltant. De quoi vous donner envie d’arrêter de voir des films pendant six mois.

2- Notre Dame Brûle : Où comment le French Christianic Cinematic Universe n’est pas prêt de voir le jour. Le Jean-Jacques Annaud du Nom de la Rose apparaît comme bien lointain quand on observe la platitude de ce film catastrophe soporifique. Le potentiel nanardesque est néanmoins présent grâce à l’admirable caméo d’Anne Hidalgo ou encore à cette scène lunaire filmée comme du Michael Bay où un camion de pompiers est bloqué par de simples vélos posés sur la route.

3- Eaux Profondes : Le retour de Jonathan Lynne après plus de dix années d’inactivités dans un genre fondateur de sa carrière : le thriller érotique. Avec un couple d’acteurs pour le moins sexy en la personne d’Ana de Armas et Ben Affleck, on pouvait s’attendre à un plaisir sympathique mais il n’en est rien. Accumulant les incohérences et autres aberrations de narration, le film devient rapidement un supplice à regarder avec son final purement débile. Certains plaident pour la comédie volontaire… Mais si au moins c’était drôle…

4- Prey : Le film qui transforme le Predator, créature éminemment discrète et sournoise, en vulgaire tueur de slasher sans autre intelligence que celle de jouer avec ses gadgets. À cela s’ajoute un discours sur l’émancipation féminine si cliché et mal amené qu’on aurait limite préféré voir le Predator l’emporter afin d’abréger notre souffrance. Dommage, l’idée de départ était bonne pourtant.

5- Les crimes du futur : Sont en effet des crimes pour nos pupilles habitués à la magnificence du cinéma des débuts de David Cronenberg. La volonté de raconter une histoire a disparu, Cronenberg se contente de filmer ses idées avec complaisance, sans chercher un seul instant à nous faire entre dans son monde. En soi, les entretiens du réalisateur autour du film sont plus intéressants que le film en lui-même.

Top 5 Séries

1- Primal (Saison 2) : Genndy Tartakovsky nous prouve une nouvelle fois qu’il est un maître incontesté de l’animation moderne. Toujours privé de parole (sauf lors d’une surprenante exception), sa mise en scène continue de se surpasser pour nous faire ressentir les émotions les plus complexes par la seule puissance des images. Le cinéma avec un grand C mais sur petit écran.

2- The Rehearsal : Le nouveau délire de Nathan Fielder à qui l’on doit l’incroyable émission Nathan for You, passé relativement inaperçu en France pour le moment. Une exploration de la psyché d’un homme cherchant désespérément à créer des liens avec les autres malgré son incapacité flagrante à y arriver. Dans un exercice expérimental que seule la télévision peut permettre. Différencier la réalité de la fiction n’aura jamais été aussi dur.

3- Atlanta (Saison 4) : Magnifique conclusion à une série aux multiples faciès, mélangeant les genre avec brio (Jordan Peele peut aller se rhabiller à côté). À ce titre, la saison 3 est un modèle d’expérimentations formelles et narratives que cette saison arrive tout autant à égaler. L’univers et l’humour surréalistes font mouche à chaque fois, approfondissant toujours plus cette Amérique empêtrée dans des rapports de race toujours plus structurants. Donald Glover prouve donc à nouveau qu’il est l’artiste polyvalent le plus talentueux de ces dernières années et arrive presque à nous consoler de l’arrêt de sa carrière musicale. À binger d’urgence si vous n’avez pas encore eu le temps de vous pencher dessus.

4- Pantheon : Pas encore sortie en France, Pantheon s’annonce comme étant la future grande série de science-fiction dans le sillage des nombreuses œuvres du genre sorties cette année. Passé l’animation relativement sommaire, la série déploie des concepts poussés jusqu’au bout tout en comprenant l’impact des futures nouvelles technologies comme peu d’œuvres avant elle.

5- Light and Magic : La série documentaire à rattraper pour tous les amoureux de cinéma. Une plongée dans les entrailles de la création du premier Star Wars ou comment une boîte d’effets spéciaux, peuplé de geeks et autres hippies barbus, a continuellement révolutionné la manière de faire des films pendant plus de deux décennies. Les images d’archive inédites sont tout bonnement phénoménales.

Mention Spéciale à Severance, grosse surprise de 2022, néanmoins schématique de notre système actuel puisque quelques années auparavant, le projet aurait sûrement été un film. L’univers presque surréaliste de cette série au concept incroyable nous plonge dans un savoureux dédale auquel on va chercher à s’extirper de la même manière que les protagonistes coincés dans un travail dont ils sont incapables de comprendre les tenants et aboutissants.

Gabriel Debailly

Top 5 Films

1- Licorice Pizza

2- Armageddon Time

3- Junk Head

4- Coupez !

5- Elvis

Flop 5 films

1- Bones and all

2- The Northman

3- Jurassic World : Le monde d’après

4- Bowling Saturne

5- Loin du périph

Dorian Peyre

Top 5 Films

1- Avatar : La voie de l’eau

2- The Batman

3- Blonde

4- Elvis

5- Treize vies

Flop 5 Films

1- Totem

2- Moonfall

3- Le téléphone de Mr. Harrigan

4- Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City

5- Mort sur le Nil

Top 5 Séries

1- Euphoria (saison 2)

2- House of the Dragon (saison 1)

3- Peaky Blinders (saison 6)

4- Monstre, l’histoire de Jeffrey Dahmer (saison 1)

5- Stranger Things (saison 4)

Elias Zabalia

Top 5 Films

1- Revoir Paris

2- Alerte Rouge

3- The Northman

4- La nuit du 12

5- Le Chat Potté : La dernière quête

Flop 5 Films

1- Doctor Strange in the multiverse of madness

2- Me Time

3- BigBug

4- Le visiteur du futur

5- Top Gun : Maverick

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