
Qu’elle semble loin cette époque où les fêtes de fin d’année rimaient avec la curiosité d’aller découvrir le dernier film d’animation Disney en salle. Après l’échec commercial d’Encanto, la privation de salle d’Alerte Rouge et la dégringolade de Buzz l’Éclair, la firme poursuit sur sa lancée de choix incompréhensibles en décidant de reléguer son dernier film, Avalonia, directement via sa plateforme de SVOD suite à ses résultats catastrophiques dans les salles américaines lors du dernier week-end de Thanksgiving. Réalisé par Don Hall (co-réalisateur de Vaiana, Les Nouveaux Héros ou encore Raya et le Dernier Dragon), Avalonia entend montrer de quel bois se chauffe Hall. Avalonia est-il un échec au box-office US totalement justifié ou encore un énième sacrifié à la gloire des décisions mercantiles d’une firme qui ne sait décidément plus comment cacher ses nombreux tares derrière son si grand sourire ?
Les Clade, une famille d’explorateurs légendaires, partent explorer la terre d’Avalonia, peuplée de créatures fantastiques. Les différends entre les membres de la famille pourraient, hélas, faire échouer cette mission, la plus importante de leur vie.

Parmi les reproches faits à Disney ces dernières années, il y a notamment la perpétuelle question de l’identité sexuelle des héros qui revient sur le tapis. Si les studios Pixar ont, depuis des lustres, fait le choix d’une pluralité sexuelle en mettant en avant, avant tout, des personnages intéressants bien avant de les ranger dans des cases, Disney peine encore et toujours à se démarquer de l’image hétéro-normée qui lui colle à la peau. Avec Avalonia, les studios déclenchent une sacrée avalanche de bouse de dessous laquelle il ne parviendront pas à s’extraire sans tenter de fournir quelques explications gênantes qui enfoncent le clou encore plus bas. En l’espace d’un premier tiers présentant l’ensemble des personnages du film, Avalonia joue les forceurs d’opinion en introduisant des personnages racisés, dont l’un est gay, en voulant à tout prix nous faire les aimer, parce que, vous comprenez bien, il faut montrer qu’on les aime aussi ces « gens-là ». Avalonia passe du rêve au désenchantement en l’espace de quelques plans et n’ira jamais en s’arrangeant. N’atteignant pas un quart d’une parcelle d’un petit orteil du génie oratoire de chez Pixar, Avalonia n’essaie même pas de définir ses personnages via des quêtes bien précises (celles qui devraient nous embarquer dans l’aventure avec eux en définitive). Le film ne fait que leur attribuer une fonction : le grand-père borné et vieux-jeu, le père qui tient à tout prix à se faire passer pour cool auprès des amis gays de son fils, le fils qui aime son père d’un amour sans faille parce qu’il accepte qu’il soit métisse et homosexuel. Et il faudrait faire tenir la baraque sur un long métrage de plus de 90 minutes avec si peu d’éléments constructifs ? Désolé mesdames et messieurs les grands pontes de chez Disney, mais nous, parents trentenaires, ne nous laissons plus berner par votre vision des relations si primitives et avilissantes…et prenez note que nous nous assurons que nos enfants non plus ! Vous pensiez avoir compris le problème ? Vous ne faites qu’en créer encore et encore…

Si la catastrophe ne s’en tenait qu’au mauvais traitement scénaristique des personnages, Avalonia aurait le mérite du petit Disney de Noël que l’on prend plaisir à regarder entre la dinde et le trou normand. Mais les problèmes ne s’arrêtent pas à ce simple niveau. Disney ne se cache même plus lorsqu’il s’agit de recycler les maquettes de ses projets antérieurs afin de nous berner à moindre frais. Gageons que l’esthétique demeure qualitative, certes, mais le character design qui reprend allégrement plusieurs des personnages d’Encanto et l’univers visuel du monde d’Avalonia qui ressemble à un brouillon de Pandora (le monde créé par James Cameron dans Avatar) mixé aux ébauches des plus grands écrits de Jules Verne ne peuvent pas nous berner. En plus d’être d’une pauvreté visuelle conséquente, Avalonia loupe le coche de ce qui rend la lecture d’un Jules Verne si palpitant ou encore l’immersion si authentique chez Cameron : la contemplation ! Cette dernière est la grande absente du récit qui préfère aligner des scènes d’action aussi dynamique qu’un tétraplégique sous anti-dépresseurs. C’est d’une inconséquence regrettable, Don Hall ne sait pas rendre distrayant l’action, c’est d’un ennui inqualifiable. De plus, le film ne sait jamais prendre parti sur quelle direction scénaristique prendre. Aucun des arcs narratifs ne trouve de conclusion satisfaisante, tout est tronqué avec l’élégance d’une tronçonneuse qui découpe une bûche de Noël : Disney nous vomit dans la bouche en espérant qu’on en redemande, comme (presque) à chaque fois.

Avalonia métamorphose parfaitement tout ce qui ne va plus chez Disney depuis des années. Si nous avions laissé la magie opérer sur les quelques derniers rejetons de la firme qui n’étaient pas dénués de qualités certaines (Raya et le Dernier Dragon, Encanto), Avalonia ne fait plus aucun effort pour tenter de nous séduire a minima. Le premier film en solo de Don Hall prouve que le talent créatif des projets sur lesquels il a participé auparavant ne venait clairement pas de lui. Aussitôt subi, aussitôt oublié… préférez retourner sur Atlantide ou La Planète au Trésor qui, eux, avaient le mérite d’offrir une vraie histoire d’aventures aux souffles épiques et aux personnages travaillés en dépit de défauts bien présents, mais qui n’entachaient jamais la magie escomptée.
Soyez le premier à commenter