Le Petit Piaf : Drôles d’Oiseaux

Gérard Jugnot avait quelque peu délaissé la mise en scène suite à l’insuccès de Rose & Noir en 2009. Récit ambitieux, un brin culotté et loufoque qui ne convainquit pas grand monde, Gérard Jugnot retrouva la motivation avec un scénario original pour C’est Beau la Vie Quand On y Pense, l’histoire simple d’un père qui part à la recherche du cœur de son fils décédé après un accident de voiture. Une rencontre surprenante pour une histoire classique qu’embraye Jugnot avec tact.
Quatre ans après ce retour, le réalisateur, ancien membre du Splendid, signe un nouveau long-métrage, Le Petit Piaf avec Marc Lavoine en vedette et Soan Arhimann en coqueluche qui fera fondre les cœurs les plus sensibles.

Le Petit Piaf raconte l’histoire de Nelson âgé de 10 ans qui rêve d’être chanteur et s’est inscrit à̀ Star Kids. Son amie Mia, se met alors en tête de lui trouver un coach afin de l’aider à̀ se préparer au concours. Son choix se porte sur Pierre Leroy. Mais le courant ne passe pas entre Pierre et Nelson. Leur seul point commun, l’amour du chant !
Gérard Jugnot récupère un scénario se déroulant en Afrique. Il décide de le délocaliser sur l’île de La Réunion, lieu qui procure d’emblée une évasion bénéfique au film. Le cadre est idéal à ce conte moderne autour d’un enfant talentueux et beau souhaitant s’exprimer avec sa voix. Le défaut de Nelson est de souffrir d’un trac l’empêchant de se produire face à la foule. Même une poésie apprise par cœur sur le chemin de l’école lui vaudra les réprimandes de son professeur faute à cette impuissance maladive. Alors sa meilleure amie lui cherche un professeur, et cela tombe bien, l’ex-star Pierre Leroy se produit dans l’hôtel où travaille la mère de Nelson. Ce chanteur est incarné par Marc Lavoine, valeur sûre qui instille à son rôle fort et simple pour lui son flegme habituel devenant un coach, une tâche qu’il connaît bien depuis son passage dans l’émission de TF1 The Voice. Si Jugnot joue au malin en employant son ami Marc Lavoine pour un rôle miroir de l’artiste/star, le réalisateur fait germer dans le personnage un apprentissage au contact de l’enfant.

Pierre Leroy est un chanteur sur le déclin devant faire des galas dans des hôtels luxueux pour obtenir des cachets. Oublié de la profession, il se noie dans l’alcool et la mélancolie se coupant des autres sous ses airs hautains. Rôle incombant d’ordinaire à Gérard Jugnot lui-même, l’acteur/réalisateur se met cette fois de côté pour observer son récit bienveillant se mettre en place. On retrouve alors dans ce personnage de Pierre Leroy des liens évidents avec le père coiffeur dans Meilleur Espoir Féminin ou plus flagrant avec Edmond Batignole, boucher au cœur tendre qui va s’occuper du petit Simon et le sauver des nazis. Pierre Leroy est du même acabit, malgré la légèreté régnant volontiers sur le film. Il va prendre sous son aile ce petit piaf qui se révèle être une voix d’or qui répète inlassablement sa jolie mélodie pour faire fondre les plus émotifs. Là est la réussite de ce petit film simple à la mise en scène discrète d’un Jugnot sans esbroufe. On y retrouve l’efficacité de son précédent film, l’ambition restant à jamais la grande réussite publique et critique qu’est Monsieur Batignole.

Réussite qui repose donc sur les épaules du jeune Nelson incarné avec innocence par Soan Arhimann. Révélation du film, ce bonhomme épris de musique et de liberté est l’élément fort d’un long-métrage trouvant vite ses limites. Alors toute la force de ce divertissement repose sur ses frêles épaules et son sourire solaire dont le public de La Baule a été réceptif en attribuant son prix au film lors de la 7e édition du festival qui s’est déroulé début juin 2021. Le jeune garçon a été le déclic à émouvoir l’audience et sans nul doute que la magie opérera de nouveau et à jamais. Un jeune garçon merveilleux à qui on souhaite une belle carrière, Gérard Jugnot étant le parrain idéal quand on voit les carrières de Bérénice Béjo ou Jules Sitruk. Surtout qu’il est entouré de deux amis indécrottables, la gentille et mignonne Mia qui soutiendra vaille que vaille son amoureux et le petit frère de celle-ci, Zizou, chapardeur malicieux et vendeur de beignets épicés attachant. 

Certes Gérard Jugnot ne met pas en scène le film de l’année. Peut-être sera-t-il un succès public, surtout qu’il ravage les cœurs lors de ses premières présentations publiques. Un bon film qui n’est assurément pas destiné à la critique, mais trouvera dans le public un réceptacle bien plus parlant et évocateur des qualités intrinsèques de cette comédie solaire et exotique au charme vocal enchanteur du petit piaf. Il vous fera indéniablement fondre.

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