Édito – Semaine 47

Martin Scorsese a fêté la semaine dernière (le 17 novembre pour être précis) ses 80 ans, l’occasion pour nous de clamer tout notre amour au cinéaste (et de son vivant tiens, ça changera des éditos hommages posthumes !). En effet, quitte à être dans le cliché du cinéphile ayant grandi dans les années 90, Martin Scorsese est, avec Quentin Tarantino et les frères Coen, le cinéaste qui a le plus compté dans notre cinéphilie grandissante alors que nous étions adolescents (on se souvient encore de cette sensation incroyable devant le plan-séquence où Henry Hill emmène Karen au Copacabana dans Les Affranchis, cette sorte d’épiphanie qui amenait notre conception du cinéma vers une nouvelle ampleur). À l’instar de l’immense Bertrand Tavernier qui nous manque cruellement, Scorsese est de ces cinéastes cinéphiles autant avides de réalisation que de transmission, discutant bien volontiers des films des autres, assumant l’influence que le cinéma a eu sur toute sa vie et sa carrière.

Prolixe en entretiens (on espère prochainement une réédition de l’indispensable Scorsese par Scorsese, désormais épuisé), toujours prompt à défendre le cinéma dans sa forme la plus pure, Martin Scorsese a une carrière profondément cohérente qui a connu ses moments de creux mais qui s’est toujours avérée passionnante. En effet, chez lui, même le film de moindre envergure est formidable et traversé par des idées de cinéma telles qu’elles ont été piquées à de nombreuses reprises par d’autres réalisateurs. C’est d’ailleurs l’un des rares cinéaste du Nouvel Hollywood à avoir su maintenir sa carrière une fois les années 2000 révolues, trouvant en Leonardo DiCaprio un nouvel acteur fétiche après Robert De Niro. DiCaprio a d’ailleurs clairement vu son jeu d’acteur s’étoffer au fil de ses collaborations avec Scorsese, confirmant le talent de directeur d’acteurs du cinéaste qui a travaillé avec les plus grands.

Alors que son très attendu Killers of the Flower Moon est prévu pour l’année prochaine, réunissant enfin dans un de ses longs métrages De Niro et DiCaprio, il nous faut souhaiter au réalisateur encore une longue vie afin qu’il puisse concrétiser tous les projets qu’il lui reste à faire. Une difficulté dans cette industrie du cinéma qui n’a plus de place pour des cinéastes comme lui (The Irishman est sorti sur Netflix, Killers of the Flower Moon est produit par Apple) alors que son talent encore intact (rares sont les réalisateurs à aussi bien vieillir derrière une caméra) aurait pourtant beaucoup de choses à apprendre à tous les amateurs d’algorithmes Netflix. Fort heureusement, sa carrière est riche et variée et c’est avec un bonheur certain que l’on s’y replonge régulièrement, comme pour se faire une piqure de rappel salvatrice de la puissance du septième art, surtout entre les mains d’un tel maestro.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*