Balle Perdue 2 : Crash-Test – Deuxième essai – Échec

Lorsque le premier Balle Perdue sort en 2020, personne n’attend réellement cette nouvelle tentative de film d’action français proposée cette fois-ci par Netflix, à défaut de trouver son chemin dans nos salles obscures. Pas besoin alors d’être un grand critique pour se rendre compte de la pauvreté du scénario et surtout du jeu affreux de la plupart des comédiens, comme ce cher Ramzy qui ne devait pas tourner qu’au café à cette période, comme en témoigne cette pastille promotionnelle. Néanmoins, ce que le film de Guillaume Pierret avait pour lui, c’était une véritable honnêteté dans sa démarche et surtout de vrais belles scènes d’action qui ont réussi à convaincre un public international pourtant habitué à ce qui peut se faire de mieux dans le genre. Le problème, comme souvent de nos jours, c’est que cette bonne surprise ne pouvait pas en rester là, dans la beauté pourtant simple d’un récit bouclé.

L’annonce d’en faire une suite et une franchise apparaît alors étrange pour une œuvre qui se repose sur ce qu’on appelle un High-Concept : “Lino, un mécanicien affilié à la police, doit ramener une balle encastrée dans sa voiture pour s’innocenter dans le meurtre de son supérieur, assassiné par des flics ripoux.” Or, à la fin du premier film, SPOILER ALERT, cette balle perdue est ramenée à ses collègues et l’innocence de Lino prouvée. Que reste-t-il donc à raconter ? La vengeance de Lino pour son frère froidement abattu par le méchant Marco ? Est-ce vraiment nécessaire ? Pourquoi ne pas avoir repris la même équipe et les mêmes acteurs pour raconter une autre histoire, libérée des contraintes imposées par une suite ? La logique de franchisation est telle que le moindre succès doit pouvoir se décliner même si le projet ne s’y prête pas. Le problème, c’est que là où Balle Perdue 2 gagne en spectaculaire, il perd la déjà faible qualité scénaristique de son prédécesseur au profit d’un récit désincarné, sans autre saveur que de voir des Renault se rentrer dedans à 200 kilomètres heure.

Lino, prénom qu’on rattache plus à un enfant de cinq ans qu’à un héros d’action, veut sa vengeance, quitte à vivre comme un clochard dans sa voiture, nous gratifiant au passage d’une scène d’action bien bourrine où il règle son compte à coups de tatanes et de poids de balance à des complices du méchant flic ripoux Areski. Heureusement, son amie Julia, interprétée par une Stéfi Celma bien trop douce pour la guerrière amazone qu’on essaye de nous vendre, est là pour le ramener sur le droit chemin et le faire revenir au sein de la police. La profondeur des personnages s’arrête ici puisqu’ils ne sortiront jamais de ce carcan, vecteurs sans âme d’une histoire incapable de leur donner vie sans tomber dans la caricature. On nous montre Julia secrètement amoureuse de Lino sans que cela change quoi que ce soit, une fois l’action lancée. Entre l’ex-femme d’Areski qui décide de sortir avec Lino après qu’il ait détruit son salon pour maraver les intrus et la chef de la brigade, à côté de la plaque pendant tout le film, on ne peut pas dire que les femmes soient à l’honneur.

La réalité n’a plus prise dans ce Fast & Furious français low-coast. Volonté louable sur le papier qui n’arrive malheureusement pas à tenir l’épreuve de la mise en image, où des décors aux costumes, tout sonne faux et volontairement exagéré. Difficile ne pas en tenir rigueur quand l’opus précédent arrivait bien mieux à maintenir cet équilibre, certes compliqué à trouver pour un public français habitué à des œuvres hexagonales extrêmement terre à terre. Mais s’il y a bien quelque chose de détestable à retenir dans Balle Perdue 2, c’est l’entêtement, même dans le genre français, à refuser la présence d’un co-scénariste pour s’abroger le statut d’auteur malgré l’incapacité flagrante de son réalisateur à structurer correctement une histoire. Comme le rappelle très bien Stephen Moïssakis dans le podcast Capture Mag dédié à l’actualité du mois et donc à ce film : “s’il y a bien quelque chose qui ne coûte rien, c’est l’écriture”. Et deux ou trois versions supplémentaires du scénario n’auraient pas été de refus.

Néanmoins, les amateurs dégénérés d’action pourront trouver leur compte sur quelques scènes plutôt bien filmées. Les Money Shot des bandes-annonces sont là et impressionnent par leur ampleur, mais sont finalement assez anecdotiques dans l’ensemble. On revient vite au syndrome : aussi vite vu, aussi vite oublié. En vérité, si vous êtes un fan inconditionnel du premier film, vous retrouverez tout ce qui a fait son charme dans celui-ci mais si ce n’est pas le cas, mieux vaut ne pas remettre de pièce dans la machine. Aucun miracle n’a eu lieu entre-temps.

5 Commentaires

    • Ce n’est pas parce qu’un film est en tendance qu’il est bon et nous nous réservons le droit de ne pas aimer une œuvre que tout le monde trouve excellente comme celui de défendre un film que personne n’aime, ça fait partie du travail de critique 😉

    • Ce n’est pas parce que le chroniqueur qui s’est chargé d’exposer son avis n’a pas aimé que cela reflète nécessairement l’avis de toute la rédaction pour autant. Et puis, comme vous l’a dit Alexandre, la tendance ne reflète en rien une qualité immuable…je vous rappelle que des atrocités comme 365 Jours étaient en tendance lors de leur sortie et ça n’en faisait pas un bon film pour autant.
      Un algorithme ne devrait jamais vous dicter ce que vous devez aimer ou non, sachez faire preuve de tolérance et acceptez les opinions de chacun(e)s !

  1. Bla bla bla. Bel essai pour ma part. Dommage de lire des Gens cracher sur 7n film Français pourtant sympa même si un peu violent parfois. Et oui des Renault, ja France en puissance ça fait du bien non?

    • Tant mieux si vous avez apprécié, ne laissez surtout pas notre critique vous gâcher votre plaisir. Dommage de lire des gens ayant du mal à comprendre que l’on puisse penser différemment d’eux, un peu d’esprit critique et d’ouverture d’esprit, ça fait pourtant du bien, non ?

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  1. Farang : Castagne en Thaïlande -

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