Cérémonie Mortelle : Un aller simple pour la morgue

Rien ne va plus chez Rimini Éditions. L’éditeur continue d’alimenter sa collection de slashers méconnus non sans un certain plaisir. Retour en 1983, à une période où le slasher amorce déjà sa pente descendante à peine après cinq (réelles) petites années d’existence. Il faut dire qu’en 1983, on ne dénote pas moins d’une quinzaine de slashers à sortir sur le sol américain. Le filon du genre en vogue est exploité de toute part et l’on y constate, dès lors, un certain essoufflement. C’est en en ayant parfaitement conscience que Howard Avedis écrit, produit et réalise Cérémonie Mortelle. Tourné en 1981, mais exploité en 1983, c’est dire si le réalisateur voyait déjà venir le déclin du genre alors qu’il était en plein essor. Son film n’est pas qu’un simple slasher. Cérémonie Mortelle entend emmener son spectateur sur différentes embardées afin de mieux le manipuler et maintenir son attention. Toutes les questions n’auront pas forcément de réponses, mais qu’importe tant que le spectacle demeure saisissant. Honnête artisan du cinéma d’exploitation, Howard Avedis est accoutumé du thriller vaguement érotique (The Teacher, The Specialist, Dr. Minx), un genre dans lequel il s’est fait remarquer et qu’il n’a jamais vraiment quitté. Cérémonie Mortelle est une de ses rares exceptions puisqu’il s’essaye à l’horreur tout en tentant d’y apporter ses préférences de mise en scène et son goût pour les femmes dénudées. Tout un programme qui sied évidemment au genre et qui a dû ravir les adolescents de l’époque. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? C’est une question à laquelle tente de répondre Rimini Éditions qui ressort le film dans un master blu-ray flambant neuf.

Christie Parson est hantée par la mort de son père, noyé dans une piscine. Elle est certaine qu’il s’agissait d’un meurtre, contrairement à sa mère qui croit à un simple accident. Bientôt, elle se rend compte que quelqu’un la surveille nuit et jour : un inquiétant rôdeur vêtu de noir, qui semble lié à la morgue locale, théâtre d’étranges cérémonies.

Il y a trois bonnes raisons de vous procurer le film : soit vous êtes nostalgique de l’époque où vous l’avez découvert en vidéo-club, soit vous voulez être complet sur la filmographie de Bill Paxton, soit vous êtes un inconditionnel du slasher et tels des cartes pokémon, il vous faut tous les attraper. Quoiqu’il en soit, Cérémonie Mortelle est l’archétype du slasher qui se noie indifféremment dans la masse. S’il n’y avait pas eu des passionnés comme Rimini afin d’exhumer un tel film, presque personne ne parlerait de lui aujourd’hui. Bien évidemment, la curiosité va de pair avec la présence de Bill Paxton dans l’un de ses premiers rôles. Son nom est aussi vendeur que le capital sympathie que l’acteur a construit le long de sa carrière. Surfer sur sa popularité est réellement vendeur, et soyons honnête : nous avons accepté de décortiquer le film sur le simple nom de Bill Paxton. Ceci nous a permis de découvrir Howard Avedis qui est de cette trempe de réalisateurs pour lesquels nous vouons une tendresse particulière. Ces réalisateurs font partis de ce que nous appelons : les artisans du bis. Ce sont des artistes qui confectionnent des films honnêtes, à l’échelle des budgets qui leur sont alloués et avec une dévotion hors normes. Cérémonie Mortelle ne coupe pas à la règle et tient, quasiment, toutes ses promesses. Si nous sommes restés sur notre faim, c’est parce que le film possède une propension à emprunter trop de chemins de traverses pour rallonger inutilement les propos parfois. On pense surtout aux séquences qui donnent le titre français du film : les scènes de spiritisme. S’il y a une notion d’étrangeté qui s’en dégage, elles pourraient être enlevées de l’histoire que cela ne changerait absolument rien. On sent Avedis peu à l’aise avec ce concept duquel il ne parvient jamais à se défaire, comme s’il devait fournir des mobiles futiles à ses personnages : l’angoisse permanente de Christie, l’attitude douteuse de sa mère ou encore la folie de l’antagoniste. Il y avait mieux à creuser, en dépit du fait que nous saluons l’effort et surtout le jusqu’au boutisme de son auteur.

Cérémonie Mortelle apporte son lot de bonnes choses malgré tout. A commencer par son casting qui s’investit corps et âme au cœur du récit. Howad Avedis s’entoure essentiellement de vedettes du petit écran et parvient à jongler admirablement entre les acteurs justes et ceux qui en font des tonnes. Découvrir le film de nos jours déclenche immédiatement une bienveillance décuplée. Le film possède une patine irrésistible qui l’ancre parfaitement dans son époque. Tous les plans transpirent les années 80, c’est une vraie cure de jouvence qui s’offre à nous avec son lot de naïveté qui rend les situations critiques extrêmement cocasses : on se marre de bon cœur devant le film. De plus, l’arme du tueur possède cette particularité de n’avoir jamais été exploitée (à notre connaissance) dans un slasher. En effet, l’assaillant tue ses victimes à l’aide d’un drain mortuaire censé vider un corps de tout fluide corporel. Ainsi, lorsqu’il plante ses victimes, le spectateur a le plaisir d’assister à des giclées de sang hors du commun et plus que bienvenues. En se montrant relativement timide sur son body count, Cérémonie Mortelle privilégie le qualitatif au quantitatif. On ne dénote que peu de meurtres, mais l’on s’en souvient clairement. D’autant que Howard Avedis s’adjoint les services de Jim Gillepsie aux effets-spéciaux, l’homme qui a participé aux effets de films comme E.T. ou encore Les Aventuriers de l’Arche Perdue : un solide artisan lui aussi. Et comme nous aimons crier notre amour pour le travail bien fait, nous nous garderons tout de même de vous révéler le long et haletant climax du film. Même s’il n’était pas difficile de deviner qui en veut physiquement aux personnages, la révélation de l’identité du tueur conduit le film vers un dernier acte endiablé. Entre la longue course-poursuite dans la maison de Christie et l’ultime séquence à la morgue, il s’écoule de longues minutes prenantes desquelles il sera impossible de décrocher. Howard Avedis développe une mise en scène malicieuse afin d’insuffler un rythme effréné à la conclusion de son histoire. Le film ne coupe pas à la fin ouverte, comme le veut la tradition du genre, mais a cette particularité de nous laisser sur un joli sentiment de satisfaction.

Vous l’aurez compris, Cérémonie Mortelle est définitivement un film de solides artisans, devant comme derrière la caméra. S’il ne révolutionne en rien le genre, il développe suffisamment de bonnes choses pour nous faire passer un moment agréable. Rimini Éditions a eu raison de croire au potentiel de ce film qui ravira les amateurs de slashers. Présenté dans une édition solide et soutenu par le meilleur master possible, Cérémonie Mortelle s’avère être un nouvel achat incontournable du catalogue de Rimini.

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