Wendell and Wild : le grand retour d’Henry Selick

Bienvenue à Halloween ! Les bonbons sont prêts, les derniers détails des costumes ont été réglés, votre maquillage de fausse blessure est parfait ! La fête peut enfin commencer. Ce vendredi 28 octobre, Netflix nous propose le film d’animation Wendell and Wild, marquant le retour du spécialiste qu’est Henry Selick. C’est à lui que l’on doit la réalisation de L’Etrange Noël de Monsieur Jack (même s’il a été longtemps éclipsé par Tim Burton qui est le créateur de l’univers du film) mais aussi le chef-d’œuvre Coraline, qui malgré son statut de film d’animation, nous a quand même tous fichu la frousse. Après treize ans d’absence, Selick revient en grandes pompes, grâce à une nouveauté filmique colorée, fidèle à son univers graphique et teintée de préoccupations actuelles.

Adapté du roman éponyme écrit par Clay McLeod Chapman et Henry Selick lui-même (et qui n’est malheureusement toujours pas publié à ce jour), Wendell and Wild est un film d’animation en stop-motion, technique signature du réalisateur, remaniant les codes de la comédie horrifique. Nous suivons les aventures loufoques de Kat (Lyric Ross), une jeune fille orpheline, délinquante et trimballée d’un foyer à un autre, qui noue un pacte avec deux démons cools et funkys : Wendell (Keegan-Michael Key) et Wild (Jordan Peele, oui oui le réalisateur de Get Out, Us et Nope). En échange d’une invocation des deux diablotins dans le monde des vivants, Kat espèrent qu’ils ressusciteront ses parents décédés. Evidemment, protagoniste adolescent oblige, Kat se sent responsable de la mort tragique de ses parents et n’hésite pas à faire confiance à deux démons arnaqueurs qui souhaitent l’utiliser pour s’émanciper de leur père, le Roi des Démons Buffalo Belzer (Ving Rhames AKA Marcelus Wallace dans Pulp Fiction).

Côté animation, vous en aurez pleins les mirettes. Nous sommes à la fois en présence d’un maître incontesté qui nous rappelle à quel point le stop-motion est une véritable expression artistique à part entière et complémentaire de la prise de vue réelle. Le film nous délecte d’un univers visuel qui nous est de prime abord familier, avec des formes et des décors rappelant les précédentes œuvres de Selick. Mais le réalisateur ne nous laisse pas sur notre faim. Wendell and Wild nous confronte aussi à des nouveautés graphiques, des palettes de couleurs et des choix de mise en scène qui nous ouvrent toujours plus les portes de l’imagination du cinéaste. Que cela passe par l’imaginaire de la fête foraine dans la scène d’ouverture (qui n’est pas sans rappeler celle de L’Etrange Noël de Monsieur Jack) ou par la conception visuelle de la ville fictive de Rust Bank, mélange de ville fantôme macabre, de désert industriel et d’iconographie gothique (notamment avec le foyer catholique du Père Best), Selick multiplie les sources d’inspirations pour nous livrer un film qui lui est visuellement propre.

Néanmoins, il aurait été peut-être plus plaisant de voir cette œuvre adaptée en format de mini-série, comme Netflix sait si bien le faire. En effet, ce film est un entrelacs parfois assez complexe de différentes intrigues narratives avec une ribambelle de personnages dont on voudrait voir d’avantage le développement. Indépendamment les uns des autres, tous les arcs narratifs qui forment le film sont intéressants et auraient mérités d’être d’avantage creusés pour vraiment impliquer le spectateur. Seulement, dans un format de long métrage conventionnel, ces arcs sont parfois un peu survolés, ce qui ne manque pas de prêter à confusion. L’univers fictif du film aurait parfaitement convenu à un étirement plus lent en épisodes, mais certainement qu’avec le dispositif (très) minutieux du stop-motion, un projet de mini-série n’aurait pas vu le jour avant encore une décennie.

Henry Selick ne manque pas non plus d’adapter son discours en réalisant un film tout simplement woke. Même si ce terme est très facilement critiqué ou moqué, il désigne parfaitement l’ambition du cinéaste qui avec son héroïne afro-américaine, ses personnages issus de minorités raciales et de genres (asiatiques, natif-américains, latinos, trans) et sa critique du système carcéral, nous délivre une sucrerie d’Halloween délicieuse à regarder sans oublier ce qui importe aujourd’hui, à savoir faire évoluer les représentations dans le septième art.

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