Petaouchnok : Restons Groupés

Rien qu’avec le titre de ce film et son affiche avec ses énergumènes agités, on perçoit le schmilblick. Le film aurait d’ailleurs pu se titrer « Schmilblick », car quelles sont les raisons d’un tel film, d’une telle histoire ? On ne sait pas trop finalement. On n’arrive pas à déceler le schmilblick de cette affaire qui va sûrement tourner au vinaigre au box-office à sa sortie. Et sincèrement on ne vous encourage pas à perdre votre temps et surtout votre argent pour cautionner de telles productions honteuses. C’est de notre devoir de journaliste cinéma, mais surtout en tant que cinéphile de vous déconseiller ce film, et voici pourquoi.

L’histoire suit deux gars paumés sans boulot, dont Ludo (Pio Marmaï) qui essaye à tout prix de récupérer femme et enfant partis chez l’autre type, plus posé : Richard (Philippe Rebbot) affichant un côté glandouille avec ses tours de magie et fuyant la directrice de l’EHPAD impayé où est placée sa mère. Pour essayer de se sauver et trouver une solution à leurs galères, ils fondent avec le soutien de Pôle Emploi Trappeurs3000, L’Aventure grandeur nature. Arrive donc le grand jour avec leurs premiers clients tous campés par des valeurs sûres de la comédie. On sent une volonté de se rapprocher de la référence forte qu’est Les Bronzés. On songe plus rapidement à Restons Groupés, cette comédie oubliée de la fin des années 1990 avec Samuel Le Bihan et Bernard Le Coq.

Petaouchnok entraîne dans les montagnes des Pyrénées un groupe venu pour se ressourcer, se retrouver et s’évader. Mais chaque personnalité est une caricature qui n’évoluera que très peu tout au long du métrage. Olivia Côte incarne une assistante sociale au bord de la rupture. L’actrice campe une énième fois une dépressive, à croire qu’elle n’est douée seulement que pour un rôle. À côté d’elle, Moussa Mansaly est inexistant dans le rôle de son mari. Tout autant que les adolescents du voyage – hormis au travers de leurs flirts – leurs fonctions ne sont jamais réellement définies, à l’image du Comte de Bouderbala incarnant un chauffeur de bus venu ressouder les liens avec son fils. C’est ce qui se réalisera à cause d’un malheureux accident, mais il en aura fallu des kilomètres à dos de bourrins pour trouver l’illumination. Chaque personnage du film a une fonction mécanique pour faire avancer les péripéties d’un film inutile. On évitera de parler de Camille Chamoux tant son rôle et son interprétation sont une insulte envers le spectateur. Se farcir un tel personnage pendant 1h30 est un supplice. Jamais réellement prenant, on ne se prend jamais d’affection pour le moindre membre du groupe. L’empathie ne se crée jamais, pire on a rapidement envie que l’aventure s’arrête. Outre une rencontre du troisième type avec un ours sauvage, il ne se passe jamais rien d’affolant. Toutes les misères endurées lors du périple sont du ressassé, le réalisateur Edouard Deluc pense même produire un climax de haut vol de nourritures dans une auberge avec un échange OFF de coup de fusil. Pauvre de nous. Petaouchnok est un film affligeant de simplicité et de facilité ne débouchant que sur un dénouement prédicatif.

Reprenant dans les grandes lignes son précédent film Temps de Chien exclusif à OCS avec son acteur fétiche Philippe Rebbot, Edouard Deluc peine à convaincre avec ce road trip se souhaitant comique, déluré et ressourçant. Malheureusement pour Petaouchnok, le film est un calvaire à supporter à l’image du personnage interprété par Pablo Pauly – également dans Temps de Chien – et d’habitude excellent qui, dans ce nouveau film en salles le 9 novembre, nous fait beaucoup de peine en mari raide et jaloux avec sa jeune femme, autre membre d’un groupe insignifiant s’évanouissant de la pensée des spectateurs dès la sortie de la salle, à l’image du film qui se volatilisera dans les limbes d’un cinéma français qui n’avait décidément pas besoin d’un tel calvaire pour souffrir de sa condition actuelle. Et pourtant le Festival du Cinéma et Musique de La baule lui aura décerné son grand prix de la 8e édition à notre grande stupéfaction et notre sincère incompréhension démontrant toute la politique d’un entre-soi pour mieux sauver les meubles du fournisseur officiel de métrage d’un festival nombriliste. Atterrant.

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