Hallelujah, les mots de Leonard Cohen : Le pouvoir d’une chanson

« Il y a un Alléluia religieux, mais il y en a beaucoup d’autres. Quand on regarde le monde, il n’y a qu’une seule chose à dire, et c’est Alléluia. Il en est ainsi. »
Leonard Cohen

Hallelujah… Voilà une chanson connue de tous, popularisée par Jeff Buckley, devenue mondialement célèbre grâce à son utilisation dans le film Shrek, utilisée aussi bien aux mariages qu’aux enterrements, hymne universel célébrant la vie, l’amour avec une part mystique qui doit tout à celui qui l’a écrite et chantée en premier et que l’on avait eu parfois tendance à oublier au profit de Jeff Buckley : Leonard Cohen. Soit l’un des plus grands poètes modernes, homme troubadour à l’œuvre résolument riche et passionnante et au parcours atypique, Juif de Montréal dont la carrière a décollé après trente ans, ayant passé plusieurs années dans un monastère zen et remonté sur scène sur le tard pour reconstituer sa fortune personnelle dépouillée par sa manageuse. Il est donc bien plus que l’auteur de la simple chanson Hallelujah mais c’est par ce prisme que Daniel Geller et Dayna Goldfine se penchent sur lui avec Hallejujah, les mots de Leonard Cohen.

Au début, il s’agissait pour les deux documentaristes de traiter simplement de la chanson et de retracer son parcours au sein de la culture musicale mondiale. De fait, bien aidé par des témoignages éclairants et de précieuses archives, aussi bien filmées que simplement audios, le film parvient à nous raconter comment Leonard Cohen l’a écrite, comment il est venu à en exister plusieurs versions avec plusieurs couplets différents et comment cette chanson s’est vue appropriée par d’autres artistes pour au final revenir dans le giron de Cohen. Un parcours somme toute passionnant que de voir combien une simple chanson peut voyager et avoir un tel impact dans l’inconscient collectif.

Mais pour cela il fallait bien rendre hommage au génie de Cohen, artiste total qui a toujours attaché un soin particulier à l’écriture de ses textes, des textes qu’on peut aussi bien s’amuser à décrypter qu’à en laisser le mystère entier et qui savent toucher en plein cœur. On ne compte plus les chansons de l’artiste qui nous bouleversent et qui tutoient les sommets et quiconque a eu la chance de le voir en concert (comme ce fut humblement mon cas en 2013) sait à quel point les trois heures qu’il s’appliquait à passer sur scène malgré son grand âge tendait à faire de ses shows une véritable communion avec le public, comme un moment hors de l’espace et du temps où notre âme se mettait à nu dans un respect quasiment religieux. La part mystique de l’artiste, mélange de foi et de lucidité sur notre monde et notre besoin d’amour et de compréhension en ont fait quelqu’un de rare et de précieux.

Partant ainsi de la chanson Hallelujah (qu’on entend d’ailleurs tout de même un peu trop et sous toutes ses coutures au fil du film, ça en devient presque agaçant), Les mots de Leonard Cohen vient également retracer le parcours d’un poète unique en son genre. S’il est richement documenté, le film n’apprendra réellement rien de nouveau à quiconque s’est déjà intéressé de près à la carrière de Cohen et reste assez classique dans son approche. Rien de bien dramatique puisqu’il permet une approche classique de l’artiste et de sa chanson phare, ouvrant ainsi la porte vers son travail (on ne manquera pas de tout réécouter dès la sortie de la projection) même si l’on aurait aimé que le sujet soit encore plus pointu, comme s’il nous fallait encore en savoir plus sur la carrière admirable de Leonard Cohen. En attendant de pouvoir décrypter un jour tous ses mystères (et encore, en a-t-on réellement envie ?), Les mots de Leonard Cohen remplit amplement sa fonction et nous offre un merveilleux voyage à travers une chanson, une vie et une œuvre.

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