Halloween Ends : Dernière nuit (?) d’horreur à Haddonfield

Initiée en 2018, la nouvelle trilogie Halloween produite par Jason Blum et réalisée par David Gordon Green vient donc trouver sa conclusion avec ce troisième film sobrement intitulé Halloween Ends. Une tâche relativement ardue que d’amener l’affrontement entre Laurie Strode et Michael Myers à une fin satisfaisante, les deux ayant été malmenés au fil de la franchise depuis l’opus séminal (et indépassable) de John Carpenter, Laurie étant carrément sacrifiée dans Resurrection quand ce bon vieux Michael trimballait un masque de plus en plus laid au fil de suites produites n’importe comment. À l’exception d’un troisième opus hors-série, d’un 20 ans après honnête et des remakes de Rob Zombie (qui restent ce qui est arrivé de mieux à la série depuis le premier opus), les errances de Michael Myers ont été nombreuses. L’idée (très à la mode ces dernières années) d’effacer ces suites quasiment dispensables (même si les opus 2 et 4 comportent de bonnes idées, d’ailleurs allègrement reprises par Gordon Green et ses scénaristes) pour repartir sur de bonnes bases était finalement salvatrice. Et après un premier film en forme d’hommage très efficace et une suite, Halloween Kills, tenant du slasher bien énervé avec ce que cela implique de bêtise dans le scénario, Ends devait trouver un juste milieu et un moyen de conclure tout cela de façon satisfaisante. Et s’il est certain qu’il ne plaira pas à tout le monde, le film se montre d’une audace franchement enthousiasmante.

Dès le début, Halloween Ends entend replacer Laurie au cœur de son récit. Quatre ans se sont écoulés depuis les événements de Kills et Laurie, bien qu’ayant perdu sa fille, a décidé de faire la paix avec ce monstre qui la hantait depuis toutes ces années. Vivant avec Allyson, elle fête même Halloween et écrit un livre pour se purger de ses démons. Mais alors que la fameuse fête du 31 octobre approche de nouveau, le mal semble de retour à Haddonfield et Michael Myers s’apprête à ressurgir de l’ombre…

Difficile d’en dire plus sans déflorer l’intrigue (pleine de surprises) du film, il vous suffira de savoir que cet opus prend le contrepied du précédent en réservant majoritairement son lot de violence pour la fin, nous faisant même patienter une bonne cinquantaine de minutes avant que Michael Myers ne sorte de sa tanière. Mais il était indispensable pour la franchise de s’attarder sur Laurie et de la faire aller de l’avant pour mieux préparer son grand final. Et alors que Michael se fait attendre, voilà que David Gordon Green jette son dévolu sur un nouveau personnage nommé Corey Cunningham. Celui-ci, ayant accidentellement tué un enfant le soir d’Halloween un an après les événements de Kills se voit depuis stigmatisé par toute la ville, rejetant sur lui toute sa colère et toutes ses peurs en l’absence de Michael Myers. C’est là l’une des idées brillantes du film, cette espèce de contamination du mal par le mal régnant dans tout Haddonfield, Myers ayant imprimé sa figure de croque-mitaine dans l’imaginaire collectif de ses habitants. Pour combattre un monstre sorti tout droit de leurs cauchemars, les gens préfèrent la peur et la haine à l’apaisement fragilement trouvé par Laurie. De quoi créer des nouveaux monstres pour éviter de se regarder en face.

Portant cette thématique passionnante toute entière sur ses épaules, le personnage de Corey n’est pas aussi réussi à l’écran qu’il aurait dû l’être, parasité par une écriture bancale et maladroite à la psychologie délicate et il en est de même pour Allyson dont les tourments et envies d’émancipation sont relativement écrits à la truelle. Les idées n’en demeurent pas moins passionnantes (plus fines que Kills et sa foule déchaînée) et surtout ont le mérite d’amener la franchise sur un terrain relativement inédit où il s’agit d’appuyer une réflexion sur le mythe désormais agonisant qu’est Michael Myers, son impact sur la psyché collective et sur cette notion du mal qu’il représente, un mal sommeillant finalement un peu en chacun de nous.

Cette déconstruction du mythe se montre passionnante et audacieuse bien que bancale et si Halloween Ends manque de finesse psychologique, David Gordon Green se montre toujours aussi à l’aise dans le registre du slasher, orchestrant des séquences de meurtres toujours aussi énervées lorsque le troisième acte commence. Et une fois de plus sans rien dévoiler, ce troisième acte se montrera amplement satisfaisant lorsqu’il s’agira de confronter une dernière fois Laurie à Michael pour un climax brutal et presque anti-spectaculaire mais d’une belle évidence, venant enfin offrir la paix à l’une des grandes héroïnes du genre que Jamie Lee Curtis incarne avec toujours autant de plaisir, l’âge et l’écriture du personnage permettant à l’actrice de dévoiler de belles nuances de jeu. On pourra donc se ravir que le personnage ait enfin un arc narratif satisfaisant au cours de ces quatre films du début jusqu’à la fin et que David Gordon Green orchestre le tout avec un talent certain et un véritable amour du genre en dépit des maladresses rencontrées en cours de route. Il était important d’offrir à Laurie Strode et à Michael Myers ce dernier baroud d’honneur, du moins jusqu’à ce que l’appât du gain finisse par faire revenir ce bon vieux Michael sur nos écrans d’une manière ou d’une autre…

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