Le téléphone de M. Harrigan : L’oppression de la technologie

Stephen King n’a pas fini d’alimenter le 7ème par ses écrits. En effet, l’auteur qui a permis de donner naissance à des œuvres comme Les Evadés ou La Ligne Verte, va permettre à John Lee Hancock de proposer son adaptation du Téléphone de M. Harrigan, court roman publié en 2020 dans le recueil Si ça saigne.

Le cinéaste va mettre en scène le thriller horrifique de Stephen King de sorte à rester fidèle au style littéraire issu de son support d’origine. Nous aurons l’occasion de découvrir cela dès la citation de l’écrivain Oscar Wilde qui va contribuer à l’introduction du métrage, suivie de la voix-off narrative du personnage principal Craig interprété par Jaeden Martell. De plus, le récit va véhiculer la passion des histoires, de la lecture qui sera le déclencheur du lien entre Craig et M. Harrigan (Donald Sutherland). En effet, le milliardaire va solliciter Craig afin qu’il lui fasse la lecture. Un partage autour du roman permettant de façonner leur amitié.

Cette première partie va donc mettre en place le lien entre les deux personnages principaux afin de crédibiliser le funeste sort du vieil homme. Ce qui va être intéressant, sera l’écriture des personnages de Craig et M. Harrigan. Un artiste a tendance à s’identifier volontairement ou inconsciemment à travers ses créations. Le maître de la littérature horrifique ne fera pas exception. Craig est l’image de Stephen King dans son enfance, de par son amour pour la lecture, voulant écrire des récits. Il sera cependant contrasté par le personnage de M. Harrigan, qui est le renvoi du Stephen King vivant à notre époque. Il a un âge avancé porteur de critiques à l’égard des scénaristes et de l’industrie du cinéma, ce qui fait écho à sa déception envers l’adaptation de l’une des plus grandes œuvres du cinéma qui n’est d’autres que Shining réalisé par Stanley Kubrick.

Malgré son désintérêt de l’ère numérique, M. Harrigan va découvrir la technologie, avant d’en être victime, se faisant engloutir par la vitesse du flux des informations issues des capacités de l’Iphone offert par Craig. Stephen King illustre donc sa critique du numérique qui écrase le support papier par le biais de l’objet connecté réduisant la passion de la lecture au profit de l’obsession technologique. Il va également traiter la thématique de l’harcèlement scolaire, à nouveau exposé auparavant dans Carrie, au bal du diable et Ça, confirmant la récurrence de ce thème chez l’auteur.

Après une première partie à l’ambiance étrange autour de ce vieil homme mystérieux, nous aurons l’arrivée du thriller horrifique qui va se mettre en place lors du prochain acte. L’horreur va être très soft en termes de présence et d’intensité, se concentrant autour de ce téléphone portable qui sera la jonction entre Craig et M. Harrigan. Des messages déroutants venant de l’objet connecté du défunt, prenant la dimension d’une arme, capable de rendre “justice” de manière morbide provoquée par Craig, ce qui pourrait nous faire penser au concept du death note, à savoir donner la mort grâce à un objet. Néanmoins, cette métaphore n’est pas anodine, car provoquer le décès par le biais de la technologie renvoie à sa dangerosité et aux harcèlements issus des réseaux sociaux causés  par ses utilisateurs.

Le téléphone de M. Harrigan est un métrage qui reste assez mauvais dans son ensemble avec certes un concept intéressant, mais sous-exploité. Par conséquent le potentiel horrifique est étouffé, réduit à un thriller horrifique sans grande ambition malgré cette thématique engagée sur l’oppression technologique causant le détachement à la réalité.

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