Citoyen d’Honneur : Pour film bonnet d’âne

Collaborateur de longue date de Jamel Debbouze et de Malik Benthala, Mohamed Hamidi s’est révélé en 2016 avec le film La Vache, un road trip comique et bienveillant entre un paysan algérien et sa vache souhaitant rejoindre le Salon de l’Agriculture depuis l’Algérie à la marche. Un deuxième long métrage réussi que l’on vous intime de découvrir pour une délicieuse séance en compagnie de la révélation du film Fatsah Bouyahmed, acteur que l’on retrouve dans son adaptation de Citoyen d’Honneur aux côtés de Kad Merad en salles le 14 septembre 2022. Mohamed Hamidi retrouve également ce dernier après La Belle Équipe, comédie anecdotique avec un beau casting composé notamment de Laure Calamy et Céline Sallette autour d’une équipe féminine de Football. Kad Merad incarne dans Citoyen d’Honneur Samir Amin, un écrivain célèbre venant de recevoir le Prix Nobel de Littérature invité par son village natal afin d’être fait « Citoyen d’Honneur ».

Remake du film éponyme réalisé en 2016 par Mariano Cohn et Gastón Duprat – comédie aux faux semblants dérivant rapidement vers le drame – Mohamed Hamidi ne garde que l’aspect comique en expatriant son intrigue en Algérie. Le réalisateur tient là un sujet en or avec diverses possibilités pour traiter l’histoire d’un pays et ses multiples bouleversements depuis une trentaine d’années. Le film promet de creuser les maux entre la France et l’Algérie, les maux actuels de la société algérienne, mais surtout les maux d’un personnage expatrié qui n’avait pas réussi à changer les choses dans sa jeunesse révolutionnaire. Alors son retour sonne le glas d’une animosité avec son pays d’origine, le moment de revenir en paix et de retrouver, enfin, ses racines. 

Il y a toutes ses promesses dans ce film enlevé, mais fainéant. Enlevé par son aspect buddy movie entre Samir accompagné lors de son voyage à Sidi Mimoun par Miloud, employé à la mairie incarné par Fatsah Bouyahmed récitant son numéro avec entrain. Le duo fonctionne certes, mais cale rapidement tant le film hésite continuellement. Il embraye des pistes comme la famille mafieuse, la jeunesse de Samir ou même sa rencontre avec la jeunesse algérienne d’aujourd’hui incarnée par la pétillante Oulaya Amamra. La jeunesse est toujours en révolte contre le gouvernement revendiquant son besoin d’émancipation. Samir se joint à eux pour une manifestation et – un peu à l’image du film – rentre lâchement à l’hôtel avant la confrontation avec les forces de l’ordre. Cette jeunesse lui rappelle ses revendications d’antan, lui qui s’est battu pour son pays et sa liberté en compagnie d’amis et d’un amour passé. Un amour qu’il retrouve lors d’une belle séquence. Mais elle n’ira pas plus loin, juste écrite de nouveau pour effleurer un personnage central, éventuelle porte ouverte à tant de possibilités fortes.

Citoyen d’Honneur a perpétuellement peur d’affronter son sujet, prenant ses jambes à son cou tout en reculant face aux exigences d’un sujet en or. Le long métrage crée alors une frustration énorme en se concluant sur un crash. On pense alors au dynamitage d’un film ne pouvant reculer face à ses responsabilités. Mais ce n’est trop d’espoir placer dans un épilogue sans ressort. Tout finit sur un nouveau livre écrit par Samir ayant retrouvé l’inspiration, au contraire d’une comédie sans la moindre volonté de traiter son véritable sujet quitte à virer au drame et mettre un pays face à ses vérités. On parle bien de l’Algérie, sujet fort d’un petit film qui s’en sert seulement de décor pour une escapade exotique et cocasse propice à satisfaire tout le monde, en premier lieu les spectateurs français qui ne seront point brusqués ni même surpris par une conclusion banale et inintéressante. Une énorme déception.

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