Pinocchio : Un pantin à brûler

Continuant à exploiter son catalogue sans la moindre originalité, Disney poursuit sa réactualisation en live action de ses grands classiques d’animation, animé par une volonté qui a le mérite d’être constante, celle de faire toujours moins bien que l’original. Pour un Jean-Christophe et Winnie à l’approche intéressante et pour un Dumbo inégal mais parcouru par de vraies idées, nous nous sommes tout de même tapés Le roi lion, La belle et la bête, Mulan ou encore Aladdin, autant de films pensés comme des produits de consommation où le cinéma compte moins que l’argent qu’on peut en tirer. Dans le cas de Pinocchio, nous avions tout de même un espoir puisque Robert Zemeckis, l’autre grand cinéaste magicien des années 80 avec Steven Spielberg, se trouve à la barre de cette nouvelle adaptation, disponible sur Disney+ depuis le 8 septembre dernier.

Malheureusement, et en dépit du potentiel énorme qu’il a sous la main, Zemeckis ne trouve rien d’autre à faire que de noyer son film dans une bouillie numérique informe qui pique la rétine en permanence. Lui qui a su mêler toons et humains dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ou jouer avec les différentes échelles de plans dans Bienvenue à Marwen se montre ici totalement incapable d’insuffler la moindre vie à son pantin de bois, un comble puisqu’il s’agit précisément du cœur du récit. Ici, le personnage semble désincarné et sa nature de pantin n’est pas palpable une seule seconde. De fait, jamais l’univers se déployant sous nos yeux ne se montre crédible et magique tant les incrustations sont régulièrement visibles et tant le film semble prendre un malin plaisir à renoncer à tout morceau de bravoure.

On ne s’étonnera certes pas que Disney édulcore la noirceur du chef-d’œuvre de 1940 (qui a traumatisé plusieurs générations de gamins) mais on ne peut qu’être stupéfaits par la façon dont Zemeckis en bâcle certains moments majeurs : la séquence chez Stromboli se montre ainsi plate et loin d’être terrifiante quand le climax avec Monstro a tout du doigt d’honneur adressé aux amoureux du dessin animé puisqu’il change le design de Monstro, place l’événement en plein jour à la surface de la mer et n’offre absolument aucun frisson. La seule exception notable reste la séquence de L’île enchantée qui se montre généreuse et inventive sur le plan de la direction artistique, apportant de la démesure à un univers bien fade. C’est malheureusement bien trop anecdotique (tout comme les coucous de Gepetto, en forme de clins d’œil à d’autres classiques Disney) pour que ça puisse relever le niveau général.

Il est particulièrement triste de constater que cette adaptation n’a rien de plus à raconter que le film de 1940 dont la portée universelle et le génie restent intemporels. Ce Pinocchio-là n’est bon qu’à brûler, n’en déplaise à un Zemeckis pour qui l’on garde une infinie tendresse et beaucoup de respect même si ses dernières réalisations sont loin d’être à la hauteur. Il signe cependant ici son pire film, son inventivité étant comme drainée par Disney, capable de broyer la moindre once de talent au nom de ses produits. C’est le cas également pour Tom Hanks, choix évident pour incarner le brave Geppetto et en total sous-régime, ne transmettant jamais la moindre émotion au sein d’un récit particulièrement niais, un comble quand le film original est loin de l’être. Il ne nous reste donc plus qu’à attendre la version de Guillermo Del Toro pour Netflix ou de revoir sur Amazon Prime Video l’excellente adaptation de Matteo Garrone, plus proche du conte de Collodi et qui parvient à rendre parfaitement palpable la nature de son jeune héros.

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