Icare : Boy of the rising sun

Passé quasiment inaperçu lors de sa sortie en salles en mars dernier (avec seulement 85 000 entrées au compteur), il fallait bien une sortie en DVD chez M6 Vidéo en cette fin de mois d’août pour rattraper ce petit bijou qu’est Icare. Réalisé par Carlo Vogele, ancien animateur chez Pixar (il a notamment travaillé sur Toy Story 3, Rebelle et Monstres Academy), Icare est une coproduction luxembourgeoise, belge et française. Une nouvelle preuve (s’il en fallait encore) que le cinéma d’animation francophone n’a rien à envier aux autres, se montrant d’une inventivité visuelle constante.

C’est en effet avec de grands yeux ébahis que nous plongeons dans le monde d’Icare tant la splendeur visuelle du dessin frappe dès les premiers plans. Pour son premier long métrage Carlo Vogele fait fort, dessinant les contours d’un univers aussi magnifique que cruel. Car il ne faut pas s’y tromper, en revisitant tout aussi bien le mythe d’Icare que celui du Minotaure, de Thésée, du roi Minos, d’Ariane, de Dédale et de Pasiphaé, le réalisateur ne cède pas à la simplification des mythes. Au contraire, pour un film d’animation destiné aux enfants, Icare se montre d’une rare audace, explorant jusqu’au bout les tragédies résidant dans son récit. Il n’y aura donc ici aucune fin heureuse (en même temps, on sait comment l’histoire d’Icare se termine) mais avant tout le portrait vibrant d’un jeune garçon avide de liberté, instrument de sa propre perte. Prenant de grandes libertés avec le mythe, le scénario tisse entre Icare et Astérion le minotaure une relation fort troublante tandis qu’il s’autorise par ailleurs à multiplier scènes de nudité, de symbolisme sexuel et une certaine violence.

Accompagné par une musique embrassant toute la dimension tragique du récit, Icare surprend donc par sa tonalité et sa capacité à tout aborder en peu de temps (le film dure 1h15) une multitude de thématiques au traitement résolument adulte. Tout en glissant dans son film de fabuleuses fulgurances poétiques, Carlo Vogele reste avant tout fidèle à la tragédie qui se dessine, sachant en jouer aussi bien sur le plan humain que sur celui plus symbolique (la fin est connue mais reste surprenante par ses implications), nourrissant en permanence Icare d’idées, qu’elles soient visuelles ou thématiques. On ne peut donc que se régaler de découvrir une telle production, maîtrisant son ambition de bout en bout tout en gardant son récit resserré, ne faisant jamais autant de merveilles que lorsqu’elle se permet des audaces narratives, toujours magnifiquement soulignées par une mise en scène au diapason dans un univers où l’on se plaît à perdre nos rétines, trouvant de la beauté partout où elles se posent. Un long métrage précieux et tout à fait singulier dont on ne peut que vous recommander la découverte tant la mythologie y trouve ici un nouvel angle inattendu et passionnant.  

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*