La Dégustation : Jamais deux sans Troyes…

La bleue, le blanc… et le rouge : venez – si vous le souhaitez – rejoindre dès ce mercredi dans nos salles obscures Bernard Campan et Isabelle Carré dans la franchouillardise passablement standard réalisée par Ivan Calbérac, homme de théâtre et scénariste adaptant pour l’heure sa propre pièce. Comédie tendre et sans prétentions filmée dans la fonctionnalité la plus littérale La Dégustation narre la rencontre timide et romantique d’un caviste avisé (et de fait aviné) et d’une femme entre deux âges d’éducation catholique et entièrement novice en matière d’œnologie… Une rencontre semblant tacitement filmée sous le signe des retrouvailles pour nos deux acteurs principaux, ces derniers ayant déjà joué les tourtereaux dans le joli mais un rien gentillet Se souvenir de belles choses de Zabou Breitman ainsi que dans la pièce éponyme au film dont il est ici question.

Jacques (Bernard Campan, bon et fidèle à lui-même) tient une cave à vins dans le centre-ville de Troyes. Solitaire, véritable « handicapé des sentiments » ce sexagénaire bourru et secret attire un jour l’attention de la pétillante Hortense (Isabelle Carré, fidèle à elle-même et donc sans surprise particulière…), sage-femme à la quarantaine bien sonnée charmée par la réserve naturelle du caviste. Tombant presque immédiatement amoureuse cette femme au grand coeur prétextera des séances de dégustation de vins afin de se rapprocher de Jacques, dont le mystère permanent semble couver une profonde et douloureuse blessure… Entre eux se présenteront le jeune cas social embauché par Jacques et interprété par le sympathique Mounir Amamra (frère de Oulaya, avec qui il partagea l’affiche de Divines en 2016, ndlr), l’ami libraire du caviste aux méthodes de drague aussi subtiles qu’un brontosaure (Éric Viellard, amusant au demeurant…) et la mère de Hortense aux principes conservateurs pour le moins appuyés (Geneviève Mnich, dans un rôle discret mais finalement mémorable).

Commençant pourtant assez (très ?) mal en raison d’une installation des personnages et des situations proprement lourdingue et même parfois vulgaire (de ce point de vue les appels du pied à répétition de la figure de Hortense à l’encontre de Jacques et ses allusions sexuelles voulues involontaires sont d’un mauvais goût proche de l’affliction) La Dégustation semble toutefois se bonifier dès son deuxième acte, l’alchimie naissante entre Bernard Campan et Isabelle Carré n’étant pas sans rappeler celle reliant l’actrice à Benoît Poelvoorde dans le gentil mais dispensable Les émotifs anonymes réalisé par Jean-Pierre Améris en 2010. Malgré son écriture non exempte de facilités et son fil conducteur tout de blanc cousu (nous épargnerons toutefois aux lecteurs la révélation centrale concernant le passé de Jacques) cette réalisation de Ivan Calbérac s’avère néanmoins efficace et plaisante à suivre, parvenant même – et contre toute attente – à nous émouvoir sur la longueur ; il reste malgré tout un petit film très cocorico et sans grande envergure, n’incitant pas nécessairement le déplacement mais pleinement rafraîchissante pour qui désirerait partager cette bluette attendrissante…

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