Treize vies : Au cœur de l’anxiété

Les catastrophes naturelles ont contribué à alimenter le cinéma de grand spectacle américain par les séismes ou ces tsunamis qui ont dévasté les infrastructures en emportant avec elles leurs concepteurs, car face aux déchaînements des éléments nous ne sommes qu’impuissants face à la nature qui reprend ses droits.

Ron Howard, réalisateur notamment de Da Vinci Code ou du très bon Rush va, après son dernier film Une ode américaine sorti en 2020, mettre en scène un survival qui va contraindre l’humain à ployer devant la nature impitoyable à travers l’adaptation du drame qui s’est produit dans la grotte thaïlandaise de Tham Luang en 2018. Porté par un brillant casting composé principalement de Colin Farrell, Joel Edgerton et Viggo Mortensen, Treize vies est une œuvre dramatique rendant hommage à la bravoure des survivants, à l’héroïsme des sauveteurs ainsi qu’à la solidarité collective de cette opération de sauvetage. Nous n’aurons pas, dans ce métrage, à subir l’écœurante quantité de fonds verts ainsi qu’à l’abondance de divertissement abusif qu’il nous a été régulièrement donné de voir dans les grosses productions américaines, en raison de son aspect réel ainsi que son décor naturel qui va dans le concept se rapprocher de Crawl d’Alexandre Aja en abordant un survival dans un espace exigu luttant contre les inondations.

Dès l’ouverture, nous allons être plongés au cœur de cette jeune équipe de football qui a décidé d’aller dans une grotte après l’entraînement. Mais rapidement l’arrivée de la mousson va condamner les accès de sortie piégeant l’équipe et son entraîneur dans la grotte Tham Luang. C’est alors que leur exposition d’équipe soudée devra se confirmer afin de surmonter le match de leur vie qui est de survivre. Ce drame va rapidement faire le tour du monde, mettant à contribution la solidarité de chacun afin de venir en aide à ces enfants telle une équipe. Le film va retenir notre souffle en nous donnant dans un premier temps aucune information sur l’état des enfants, le scénario maintenant l’incertitude sur leur survie.

De l’autre côté du monde, Rick et John vont se porter volontaires afin d’apporter leur expérience dans la plongée à l’armée thaïlandaise. Viggo Mortensen qui interprète donc Rick va être présenté comme un type solitaire, égoïste, aigri mais avant tout très professionnel et pragmatique. Il va d’ailleurs s’imposer comme leader de cette expédition grâce à son professionnalisme ainsi que son self-control qui va rassurer ses coéquipiers car les plongeurs vont devoir se conduire en héros malgré leurs failles psychologiques nous rappelant qu’ils restent humains malgré leur bravoure.

La situation critique va restreindre considérablement les options de sauvetage. Il y aura donc très peu de choses à quoi s’attacher pour croire au miracle de sauver ces enfants (sauf si l’on connaît déjà la véritable histoire). La foi va donc permettre de combler ce manque d’espoir malgré ses péripéties qui vont inlassablement nous les noyer, car la force du film ne va pas seulement se reposer sur son climat anxiogène constant mais également sur une tension reposant sur une certaine forme de frustration. En effet, Ron Howard dévoile peu à peu ses cartes, n’établissant jamais dès le début les tenants et les aboutissants du sauvetage. Il va donc nous laisser entrevoir de l’espoir puis rapidement faire éclater l’euphorie tout en nous ramenant à la réalité qui va rapidement éclipser nos rares bouffées d’air. Il va même en rajouter une couche en s’acharnant sur le sort d’un des personnages de cette expédition à haut risque alors que tout semblait s’apaiser.

Treize vies est un film catastrophe haletant, intensifié par l’emprunt des codes du cinéma de survie à commencer par les indications graphiques qui vont s’insérer dans l’image comme le nombre de jours indiquant le temps passé dans la grotte par l’équipe de foot. Un autre repère va également nous informer de la situation par la cartographie de la grotte qui va s’afficher à l’écran afin de situer les plongeurs dans la grotte inondée. De plus, le temps de l’expédition qui apparaît va permettre de nous faire prendre conscience du trajet colossal entrepris par les plongeurs afin de rejoindre les enfants. Le survival va évidemment s’illustrer en nous immergeant à travers les différentes cavités exiguës inondées, appuyant sur la peur claustrophobique de cet environnement hostile. Le métrage va également nous conditionner au survival en élargissant son espace par le biais de ces paysages très larges qui vont nous permettre de nous isoler dans la grandeur de la nature qui nous surplombe et nous abrite.

Treize vies va donc nous emporter dans une intrigue saisissante par cette immersion réaliste rendant hommage aux acteurs et actrices de ce sauvetage et de cette dramaturgie qui nous permettent de plonger dans un climat anxiogène maîtrisé, servi par son très bon casting.

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