Carrie au bal du diable : Possédée par la Vengeance

De nombreux films ont été adaptés à partir d’une œuvre littéraire, que ce soit les romans de J. K Rowling pour Harry Potter ou ceux de J. R. R. Tolkien pour Le Seigneur des anneaux. Mais un écrivain, particulièrement influent, a permis à de nombreux réalisateurs de s’exprimer à travers ses récits. Il s’agit bien évidemment de Stephen King, auteur d’innombrables inspirations bénéfiques au cinéma. L’une de ses œuvres les plus connues adaptée pour le grand écran va devenir par la même occasion un incontournable du 7ème art ainsi qu’une référence de l’épouvante. Il s’agit bien évidemment de Shining réalisé par Stanley Kubrick en 1980. Ce film, malgré son statut de chef d’œuvre cultissime, va néanmoins décevoir Stephen King qui a trouvé le film insensible et beaucoup trop orienté sur la réflexion au détriment de l’humain, ne voulant même pas être crédité au générique de l’œuvre infidèle à son roman… En vain. Mike Flanagan aura d’ailleurs la lourde responsabilité de proposer une autre version dans Doctor Sleep en 2019 tout en rendant hommage à l’œuvre de Kubrick. Stephen King va également inspirer en 2017 l’adaptation du célèbre clown démoniaque Ça réalisé par Andy Muschietti, qui a quant à lui connu un immense succès commercial avec un peu plus de 740 000 000 $ de recettes dans le monde, mais l’écrivain a surtout contribué à la naissance de chefs d’œuvre, comme par exemple Les Évadés en 1994 et La Ligne verte en 1999 réalisés tous les deux par le réalisateur Frank Darabont.

Même si Stephen King a écrit maints livres autour de l’épouvante, certaines thématiques récurrentes vont être exposées et assimilée à l’horreur comme l’enfance, thématique que l’on retrouve à travers Danny Torrance en possession du Shining, de la bande d’enfants nourrissant le clown Pennywise de leurs peurs dans Ça, ou dans Carrie au bal du diable qui traite du harcèlement d’une adolescente. L’injustice est également un thème phare raconté par Stephen King que l’on retrouve notamment dans La Ligne verte par le biais du don de John Coffey ainsi que par l’incarcération d’Andy Dufresne dans Les Évadés. Mais l’une de ses œuvres va allier ces deux thématiques : il s’agit de Carrie, son premier roman publié en 1974 avant qu’il ne soit adapté au cinéma deux ans plus tard (la première adaptation cinématographique d’une longue série pour King).

Brian de Palma est un grand nom du cinéma. Il est notamment l’auteur de Scarface en 1983 et du premier Mission Impossible en 1996. Mais avant ces deux films, De Palma n’est pas encore au sommet quand il met en scène une lycéenne qui va avoir une adolescence plus ou moins comme les autres, faisant écho aux épreuves traumatisantes qu’ont subies de nombreuses personnes dans le cadre de leur scolarité, victime du fléau du harcèlement. Carrie White (Sissy Spacek) est une jeune fille qui a grandi dans une éducation obsolète, ce qui sera en partie la cause de ces moqueries. Elle sera ridiculisée par ses camarades de classe se retrouvant seule, mise à l’écart, recroquevillée sur elle-même.

Pour en savoir plus sur les conditions de vie de Carrie, nous allons donc retrouver l’une des principales responsables de son éducation qui est la mère de cette dernière. Margaret White (Piper Laurie) est effrayante, possédée par la démence guidée par la foi (une récurrence chez King) enfermant sa fille dans une prison “divine” loin de la société, l’accusant de commettre un péché à chacun de ses faits et gestes. Une enfance et donc une adolescence qui se construit dans le harcèlement et la maltraitance véhiculée par la mère de Carrie qui prétend agir pour la protection de sa fille… ne se rendant pas compte des conséquences de la toxicité de son éducation.

De plus, la violence dans le couple va retentir également à travers Chris Hargensen (Nancy Allen) et Billy Nolan (John Travolta) qui vont se distribuer des gifles afin de se donner l’illusion d’imposer leur domination à l’autre. Le cadre de la scolarité est donc un environnement qui crédibilise le harcèlement subi par Carrie qui va vivre, par la bonté (la compassion, plutôt) de l’une de ses camarades Sue Snell (Amy Irving) un moment qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. Seulement tout ne va pas se passer comme prévu…

Brian de Palma va certes reprendre les codes du teenage movie américain à travers la source d’intérêt des lycéens qui est le bal traditionnel, mais aussi par la caractérisation des personnages perçus par un groupe influencé par un étudiant populaire, dans le cas de Carrie au bal du diable, c’est Chris (Nancy Allen) qui sera l’antagoniste, décidée à nuire à Carrie en voulant l’humilier.

Malgré l’extrême récurrence de ces codes dans le cinéma américain, un élément original va se glisser dans cet environnement prédéfini grâce à l’utilisation de la professeure Miss Desjardin (Betty Buckley) qui va être intéressante en raison de sa place s’étendant au-delà des limites de sa profession. En effet, elle va nouer un lien maternel avec Carrie en lui faisant prendre conscience de son importance. Miss Desjardin va également prendre soin d’elle en la protégeant tout en se confiant à Carrie comme une mère qui raconterait ses souvenirs à sa fille. Ce personnage va être l’un des seuls à décrocher un sourire à Carrie, le deuxième protagoniste qui va réussir l’exploit de rendre Carrie heureuse étant Tommy Ross (William Katt) qui va accompagner cette dernière au bal.

La vengeance va être au cœur du récit. Tout d’abord Chris ne va pas pouvoir participer au bal, tenant pour responsable sa victime Carrie. Elle va donc vouloir se venger d’elle. Seulement, cette rancœur va provoquer la rage de Carrie White matérialisée sous forme de pouvoir télékinésique (aptitude permettant de déplacer des objets par la pensée). Ce don va appuyer sur la différence de Carrie envers les autres élèves qui est souvent la cause du harcèlement. Elle va cette fois s’informer sur cette force qui va lui permettre de prendre le dessus sur ses agresseurs et qui va surtout faire de sa différence l’arme de sa vengeance qui va s’abattre sur ceux et celles qui l’ont ridiculisé, à nouveau lors de la mythique scène de l’élection du couple de la soirée gâché par la cruauté de Chris qui va déverser du sang de porc sur Carrie. Une humiliation qui va briser son rêve éveillé avant de déclencher sa vengeance nourrie par sa rage.

Son remake Carrie, la Vengeance réalisé par Kimberly Peirce en 2013 ne va rien apporter à l’univers de Stephen King, car il va se calquer sur Carrie au bal du Diable sans atteindre le niveau de l’oeuvre de Brian De Palma, qui signe un métrage culte du cinéma s’inscrivant dans les grandes oeuvres de l’épouvante en mettant en scène ce récit construit sur la dramaturgie du harcèlement. Ce thème nous permet de s’identifier facilement au personnage de Carrie, nous permettant d’être défenseur de son injustice malgré le chaos qu’elle a semé, ce qui va permettre d’apporter la réflexion suivante issue du dénouement du métrage qui est : “Le massacre sert-il de leçon à la violence ?…

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